MASHTEUIATSH – La culture et le patrimoine occupent une place importante au sein de la communauté Ilnu de Mashteuiatsh. Celle-ci compte d’ailleurs sur deux produits d’appel touristique majeurs pour attirer les visiteurs et faire connaître ses valeurs et ses symboles : le Grand rassemblement des Premières Nations (GRPN) et le Musée amérindien.
Tenu chaque année la deuxième fin de semaine de juillet, le GRPN est réalisé afin de « perpétuer la tradition millénaire que représente cette fête estivale sur le territoire de notre communauté, lequel a toujours été reconnu comme un carrefour important en cette période précédant la montée en territoire », peut-on lire sur le site Web de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan. « Il y a un aspect très symbolique. Mashteuiatsh est un carrefour de rencontre historique où plusieurs gens arrivaient en été pour camper », mentionne la directrice Patrimoine et Culture et responsable du GRPN, Sandy Raphaël.
Cette période de festivités se veut un moment d’échanges et de partage entre les membres de la communauté et avec les autres Premières Nations et les visiteurs. « La culture, c’est l’âme de nos peuples. […] Cela nous permet de promouvoir la culture autochtone et particulièrement celle des Pekuakamiulnuatsh. Il s’agit d’un évènement porté par le Conseil de bande, qui accueille habituellement plus de 10 000 personnes », souligne la directrice Patrimoine et Culture et responsable du GRPN.
Promouvoir les artisans
Mme Raphaël explique que le GRPN regroupe plusieurs activités, dont le pow-wow traditionnel, qui se veut une occasion de fraterniser, célébrer la vie et montrer la fierté autochtone, présentant ainsi un aspect plus spirituel. Les artisans des Premières Nations sont aussi au rendez-vous, exposant leurs œuvres dans des kiosques, alors qu’une aire de restauration offre la possibilité de déguster des mets traditionnels et du gibier.
« Les artisans peuvent faire la promotion de leur art. C’est une façon de faire vivre leur art et de leur assurer un soutien financier. […] Il y a beaucoup d’achalandage, les gens viennent voir leurs créations et leurs pièces. Il s’agit d’un apport économique important pour eux », précise la responsable. Elle souligne que de belles retombées économiques sont aussi générées pour la communauté et même jusqu’à Roberval, notamment en termes d’hébergement, grâce à cet afflux de visiteurs.
Le Musée amérindien, un important vecteur économique
Le Musée amérindien, créé en 1977 et géré par la Société d’histoire et d’archéologie de Mashteuiatsh, constitue un important vecteur touristique pour la communauté. Il attire plus de 15 000 visiteurs par an, avec des années de pointe à 20 000 personnes, avec son exposition permanente, remise à niveau en 2020, et ses trois à six expositions temporaires. L’exposition permanente, Tshilanu Ilnuatsh (Nous, les Ilnuatsh), a adopté dans cette refonte une vision plus contemporaine qui entraîne le visiteur dans une expérience immersive du passé vers le présent, au fil des saisons, et qui permet de découvrir la façon dont cette culture s’est adaptée au contexte social et à la vie contemporaine.
« Notre principale clientèle avant la COVID-19 venait de l’international, puis du Québec et des gens des Premières Nations. Nous sommes un vecteur économique intéressant pour Mashteuiatsh, avec les entrées d’argent dans le musée, mais aussi par notre présence dans la communauté », affirme Isabelle Genest, directrice générale de la Société d’histoire et d’archéologie de Mashteuiatsh (SHAM). L’organisme représente en fait le plus important employeur touristique de la communauté, avec de 12 à 18 ressources selon les années. « Nos employés sont à 100 % membres des Premières Nations, ce qui favorise une certaine richesse collective. Ce sont des emplois de qualité dans les domaines culturel, éducatif, de la muséologie et de la recherche », souligne Mme Genest.
Des opportunités de formation
Outre la gestion du musée, la SHAM, fondée en 1977, a également pour mission de sauvegarder le patrimoine culturel des Pekuakamiulnuatsh, d’en favoriser le développement, la promotion et la transmission aux générations futures par le biais de ses activités et de ses institutions. Elle est notamment mandatée pour réaliser les fouilles archéologiques débutées en 2017 sur le site autrefois occupé par la Compagnie de la Baie d’Hudson. Il s’agit d’une formidable occasion «
de se réapproprier une partie de notre histoire pour contribuer au savoir commun », croit Isabelle Genest, mais également, pour l’organisation, de se développer et de former la relève au sein de la communauté.
Pour poursuivre le projet de recherche lié aux fouilles, une des salles du Musée amérindien a été transformée en laboratoire en collaboration avec le Laboratoire d’archéologie de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), par le biais duquel la Société a aussi accès à des archéologues qualifiés et à leur expertise. Récemment, la SHAM a aussi ajouté à son équipe une historienne et une anthropologue. « Notre objectif, c’est de former la relève en archéologie et en recherche. On veut profiter des fouilles archéologiques pour le faire », note Mme Genest. La SHAM travaille d’ailleurs sur la mise en place d’un projet de formation avec l’UQAC et attend actuellement des confirmations pour les contributions financières nécessaires.
Déployer son expertise
Les fouilles archéologiques permettent aussi à la Société de développer son expertise dans ce domaine, celui de la recherche et également celui de la conservation et de la mise en valeur des artefacts découverts par le biais du musée. Elle s’est d’ailleurs dotée d’une planification stratégique pour développer ses services d’expert-conseil. « Le projet de recherche nous permet de travailler à structurer nos services pour disposer de tous les outils nécessaires pour prendre en charge complètement de nouveaux mandats dans le domaine archéologique et historique », mentionne la directrice générale de la SHAM.
Isabelle Genest souhaite offrir ces services non seulement à la communauté, mais aussi à l’échelle régionale, tout en poursuivant les recherches entamées à Mashteuiatsh et les étendre à la région. « C’est un secteur très prometteur. On a déjà une certaine reconnaissance de nos services et de notre expertise dans le domaine archéologique et historique, principalement reliée à la présence des Pekuakamiulnuatsh. […] On veut déployer nos services professionnels, les faire connaître davantage et répondre aux besoins du milieu aussi », indique-t-elle, évoquant notamment son centre de documentation.
La SHAM travaille également sur un projet de recherche précurseur, une base de données géoréférencées regroupant tous les sites archéologiques de la MRC du Domaine-du-Roy. « Ça nous a permis de nous doter de plus d’informations, mais aussi de les partager avec nos partenaires, Pekuakamiulnuatsh Takuhikan et la MRC. On souhaite bonifier cette base de données avec le reste du Lac-Saint-Jean et du Saguenay », souligne Mme Genest. Tous ces efforts devraient mener à la consolidation et à la création d’emplois de qualité, en plus d’une croissance de l’organisation et, possiblement, de projets d’infrastructures majeurs à moyen terme.
Développer des partenariats
Les partenariats sont d’une grande importance pour la SHAM, qui travaille aussi à en consolider à l’échelle régionale dans les différents domaines où elle œuvre. Outre celui avec l’UQAC, elle a contribué à la création de l’Alliance Patrimoine Lac-Saint-Jean. Cette Alliance a permis la mise en place du Circuit des Amusées, qui regroupe sur un site Web 10 musées régionaux et permet aux visiteurs d’y acheter des billets d’admission pour plusieurs de ces attractions simultanément. Le Musée amérindien a également pris part aux passeports Attraits de son secteur. « On veut développer des partenariats avec l’industrie touristique qui nous permettent de nous faire connaître davantage et qui augmentent les retombées. »
Mentionnons également la refonte du site Web, qui a vu la création des sites museeilnu.com pour le musée, avec une plateforme de réservation en ligne et, dans une deuxième phase, une boutique en ligne de produits de métiers d’arts et de livres, et cultureilnu.ca, qui comprendra notamment une collection numérique d’une partie de ses archives et des vidéos thématiques pour la SHAM. Ces sites seront opérationnels en 2021.
La Société d’histoire et d’archéologie de Mashteuiatsh
Création : 1977
Mission
Sauvegarder le patrimoine culturel des Pekuakamiulnuatsh, en favoriser le développement, la promotion et la transmission aux générations futures, par le biais de ses
activités et de ses institutions. La SHAM contribue au développement culturel et touristique de son milieu grâce à l’établissement de partenariats et de collaborations durables.
Trois entités
Musée amérindien de Mashteuiatsh : a pour mandat d’assurer la gestion et la mise en valeur du patrimoine culturel
Centre de documentation et d’archives : a pour mandat d’acquérir, conserver et mettre en valeur les collections d’artefacts, de documents d’archives, de livres et d’iconographies, qui touchent l’histoire des Pekuakamiulnuatsh et des Premières Nations
Fondation de l’héritage culturel autochtone : a pour mandat de réaliser des activités de collecte de fonds et de mettre en place des moyens pour solliciter, recueillir
et administrer des donations, contributions, souscriptions ou autres formes de
subventions au bénéfice des projets et des activités de la SHAM.