SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN – Même si on a dû limiter le nombre de visiteurs sur les sites et que les lieux d’hébergement urbains ont été désertés en raison de la COVID-19, la région s’en est tout de même bien tirée lors de la saison touristique estivale, selon la présidente de Tourisme Saguenay–Lac-Saint-Jean (TSLSJ), Lily Gilot.
« La plupart des gens nous ont dit que ç’a mieux été qu’ils pensaient. C’est vrai qu’on s’attendait au pire, genre zéro client. Même si tout le monde a connu une perte de chiffre d’affaires, à l’exception des parcs nationaux et des campings, les gens ont perçu la saison quand même positivement. D’un autre côté, les hôtels en milieu urbain y ont goûté. Selon l’Association des hôteliers, le taux d’occupation affichait de 30 à 40 % en juin et autour de 60 à 70 % en juillet et août. Il faut dire que les hôtels qui ont le plus de chambres comme le Montagnais, La Saguenéenne et le Delta, eux, étaient presque complètement vides, contrairement à ceux plus modestes et situés en milieu de villégiature qui ont connu plus de succès », raconte Mme Gilot.
Remboursement des adhésions
La présidente avoue quand même que le bilan de la dernière année s’avère négatif, bien entendu. Elle reconnaît qu’il y a eu moins d’achalandage touristique, surtout avec l’absence de la clientèle internationale. « Même si les Québécois ont été plus nombreux, nous n’avons pas connu les retombées économiques et les revenus des dernières années. J’ajoute aussi que dès qu’il y a eu le confinement, au printemps, nous avons décidé de rembourser les frais d’adhésion de tous nos membres (plus de 400), ce qui représente une centaine de milliers de dollars. C’est une portion de revenus qu’on a décidé d’investir directement chez nos entrepreneurs. On voulait qu’ils sachent aussi qu’on était là pour eux et que l’on conservait nos services, ajoutant même le programme Orience Expess, en plus d’une conférence hebdomadaire avec l’industrie et un bulletin d’information chaque semaine qui comprend une panoplie de renseignements.
« De notre côté, on a fait des choix au niveau budgétaire pour pallier cette perte de revenus. Notamment, nous avons coupé dans notre campagne promotionnelle avec Philippe Laprise qu’on devait diffuser à l’échelle provinciale et on a joué avec nos petites enveloppes à l’intérieur de l’organisation. »
La PCU, un frein
Lily Gilot, qui avoue que la PCU a été un frein dans l’emploi dans le domaine touristique avec le désistement de beaucoup d’étudiants, trouve extraordinaire la créativité des gens de l’industrie touristique. Elle souligne que se différencier des autres demeure la meilleure façon pour être populaire. « On l’a vraiment vu. Je pense notamment au Festival Regard qui a été le premier à tomber au mois de mars, alors que tout était en marche. Ils se sont réinventés au courant de l’été avec des projections en plein air et privées à la maison. Quand tu vois à quel point les gens veulent survivre et vont survivre, c’est inspirant. Je veux me battre pour eux et je n’hésite pas à aller au ministère du Tourisme pour brasser la cage des fonctionnaires pour trouver des solutions. »
Clientèle internationale ?
À la deuxième année de son premier mandat à la présidence de TSLS, Mme Gilot se rappelle qu’à ses débuts elle parlait de continuer à surfer sur les succès antérieurs et elle ne s’attendait surtout pas à vivre un tel crash. « La reprise du tourisme international ne sera pas en 2021. Ça serait utopique de penser retrouver des achalandages dans des attractions majeures où on a de 25 à 30 % d’achalandage qui est européen et de retrouver 90 000 passagers en croisière internationale. Ça va être une reprise graduelle, comme pour l’ensemble de l’écosystème économique. »
De grands espaces attirants et sécuritaires
La présidente pense que l’avenir augure mieux que l’année qu’on vient de passer. Elle ne se fait pas trop d’espoir pour 2021, toutefois, mais elle vise 2022. « Pour certains pans d’économie, certains parlent de 2025. C’est toute l’économie canadienne et québécoise, pas seulement l’industrie touristique, qui est touchée. Si les gens perdent leur emploi, ils ne voyagent plus, ils ne font plus de tourisme, ne consomment plus de produits régionaux et locaux. Je crois quand même que la région, avec ses grands espaces qui ont été clairement identifiés comme attirants, va réussir à tirer son épingle du jeu. On va démontrer aux citoyens des autres régions qui peuvent nous visiter parce que l’on offre une destination sécuritaire. Les entrepreneurs ont vraiment travaillé fort pour mettre en place toutes les mesures sanitaires. Le Saguenay–Lac-Saint-Jean, c’est géant ! Ça parle vraiment au monde. Les parcs nationaux aussi. Nous avons un beau terrain de jeu et une offre qui est très attrayante. Reste à savoir maintenant quand le plus gros de la population québécoise sortira de la zone rouge, car ce sont eux qui sont nos touristes principaux. »