SAGUENAY – Réfraco, un équipementier industriel reçoit une aide non remboursable de 350 000 $ du gouvernement du Québec. Ce montant s’inscrit dans de la Stratégie québécoise de développement de l’aluminium (SQDA) 2021-2024 et permettra à la firme saguenéenne de tester une cellule robotisée développée pour l’entretien et la reconstruction des fours de cuisson d’anodes.
« C’est un processus qui aura pris cinq ans à mettre en œuvre et aujourd’hui nous présentons une technologie innovante qui s’emploiera à entretenir et fabriquer de manière automatiser les murs en brique réfractaire des fours d’anodes dans les alumineries. Le RBR pour robot briqueteur Réfraco est une première mondiale qui a été possible grâce à notre équipe dévouée, mais aussi par des partenaires financiers comme Rio Tinto, Investissement Québec, le Conseil national de recherches Canada (CNRC) », explique Jean-Benoit Pineault, directeur général de Réfraco.
Lors de la conférence de presse tenue plus tôt aujourd'hui, on spécifie qu’à terme le robot pourrait être une solution clé en ce qui concerne la pénurie de main-d’œuvre et qu'en plus, il pourrait réduire les risques de blessure lors de tâche dangereuse, comme le briquetage d’un four d’anode. « En robotique, il faut apprendre à marcher avant de courir. Le RBR est présentement conçu pour les environnements industriels et les travaux en usine. Cependant, la technologie va continuer à évoluer et l’on pourrait un jour espérer voir de telles machines sur les chantiers de construction. C’est un peu comme les cellulaires des années 90 avec ceux d’aujourd’hui. »
Un changement de cap
Avec cette dernière annonce, Réfraco dévoile un changement au niveau de son modèle d’affaires et la création d’une nouvelle société. « Nous migrons d’une entreprise industrielle œuvrant dans les réfractaires vers une firme technologique spécialisée dans les réfractaires. Robexco pour Robotique expert corporation nait donc de cette volonté de développer des solutions automatisées pour notre industrie et nous avons des visées internationales avec notre produit. »
Un partenariat avec un joueur allemand
Le RBR est rendu possible, entre autres, par un manufacturier allemand KUKA qui est présent au Canada depuis un moment et qui compte s’installer au Québec dans les prochaines semaines. « Nous avons fait la rencontre avec Réfraco parce que nous avons répondu à leur appel. La technologie qu’il recherchait coïncidait avec ce que nous sommes capables de faire. Nous fabriquons donc les équipements et par la suite Réfraco les adapte à la demande de leur client. Notamment en programmant le logiciel qui pilote le robot », souligne Patrick Beaumier, directeur de compte pour le Québec et les Maritimes chez Kuka Robotics.
Stratégie québécoise de développement de l’aluminium
La SQDA 2021-2024 a été dévoilée en novembre 2021. En tout, jusqu’à 475 millions de dollars seront investis afin de mettre en œuvre les sept mesures de cette stratégie qui sont de stimuler la recherche et l’innovation, de soutenir la réalisation de projets structurants et de susciter des investissements à travers tous les maillons de la chaîne de valeur de l’aluminium. « Le Groupe Réfraco a bien saisi l’importance de l’automatisation pour assurer sa croissance. L’acquisition d’équipement robotisé est une solution efficace pour améliorer la sécurité des employés et minimiser les effets de la rareté de main-d’œuvre. Nous sommes convaincus que le meilleur moyen de consolider l’industrie de l’aluminium québécoise est d’appuyer sa modernisation », commente Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation et ministre responsable du Développement économique régional.
« L’industrie de l’aluminium est déterminante pour la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. L’expertise et le savoir-faire développés ici, la faible empreinte carbone de notre aluminium et les partenariats entre les acteurs de la filière constituent ses forces principales. Je suis fière des entreprises innovantes et compétitives, comme le Groupe Réfraco, qui contribuent à faire progresser cette industrie stratégique », ajoute Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, ministre responsable de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean et députée de Chicoutimi.
Le RBR
Monté sur une glissière, le RBR est en fait deux bras articulés pouvant se déplacer de gauche à droite. L’un des bras, toujours en instance de brevet, applique le mortier tandis que l’autre pose les briques qu’il récupère d’un convoyeur élévateur situé à proximité. « Construire un mur comme celui que notre robot vient de fabriquer exige de cinq à dix personnes. Pour l’instant, il n’y a pas d’économie de coût d’utiliser notre technologie. Toutefois avec la pénurie de main-d’œuvre, le RBR propose un gain net sur la productivité », conclut M. Pineault.