SAGUENAY – Pénurie de main-d’œuvre, manque de pièces et de composants, retards de livraison de nouveaux camions : les entreprises de transport routier doivent actuellement composer avec différentes situations qui compliquent grandement leur gestion quotidienne.
La pénurie de main-d’œuvre dans tous les domaines, jumelée à la pandémie, met à rude épreuve les chaînes d’approvisionnement dont les entreprises de transport sont un maillon essentiel. Bien que le recrutement demeure un enjeu, il n’est pas le seul à avoir un impact sur leur gestion et sur les délais de livraison. En effet, c’est aussi le manque de personnel dans les entreprises qu’elles servent qui leur cause bien des maux de tête.
Au sein du Groupe Avantage, qui dessert principalement le marché alimentaire, cette situation est d’autant plus complexe que les aliments doivent être livrés dans un certain délai. « Nos camions partent avec des productions locales, comme les bleuets, patates, les légumes des Serres Toundra et les livrent dans les centres de distribution des clients à Québec ou Montréal, puis ils repartent avec des produits pour les épiceries. Les aliments quittent Montréal et doivent être livrés le lendemain dans les commerces régionaux », explique Alexandra Morin-Deraps, directrice tarif et conformité au sein du Groupe, qui dessert notamment Métro et Sobey’s (IGA, Marchés Bonichoix) pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord et Chibougamau.
Des retards
Une problématique survient lorsqu’il y a des retards en ce qui a trait au chargement des produits dans les camions. En raison du manque de main-d’œuvre, c’est une situation qui survient fréquemment. « Les délais sont très serrés. C’est une roue qui tourne tout le temps. Si mon chauffeur attend trois, quatre, cinq heures, ça cause un retard sur la chaîne totale », souligne Mme Morin-Deraps.
Par ailleurs, la loi permet aux camionneurs un certain nombre d’heures au maximum dans une journée et, quand elles sont atteintes, ils doivent s’arrêter pour une période de repos. « S’il y a de l’attente au chargement, cela peut faire en sorte qu’ils soient obligés de s’arrêter et que nous devions trouver quelqu’un d’autre pour aller chercher le chargement et assurer la livraison. Pour les épiceries, on ne peut pas se permettre de retard », résume Mme Morin-Deraps.
Du côté du déménagement, autre créneau exploité par Groupe Avantage, la situation est moins problématique en raison des fenêtres de livraison plus longues, mais le manque de main-d’œuvre se fait tout de même sentir.
Augmentation des coûts
Ces retards et ces casse-têtes logistiques entraînent invariablement une augmentation des coûts d’exploitation pour les entreprises de transport. À cela s’ajoute la hausse fulgurante des prix du carburant. « On a une surcharge de carburant qu’on ajoute à notre tarification selon le prix du diesel. Mais en janvier et février, elle ne couvrait pas entièrement les coûts de carburants que nous payons. Pourtant, en 14 ans, je n’avais jamais vu une surcharge aussi haute. Normalement, pour un chargement complet, c’est 50 % du prix, mais nous nous sommes rendus jusqu’à 86 %. Ça a un impact sur nous et sur nos clients », indique Alexandra Morin-Deraps.
Les entreprises de transport doivent également composer avec une pénurie de pièces de rechange et une augmentation du prix des véhicules. « Juste à l’acquisition des équipements, on a une hausse de 20 à 30 % environ. » Le coût des assurances est aussi en hausse.
Cette situation constitue un enjeu pour les entreprises de transport qui voient leurs frais d’exploitation augmenter, alors que certains de leurs revenus sont fixés pour une période précise. « Nos gros contrats sont établis pour quatre ou cinq ans, donc nous ne pouvons pas toucher à leur tarification. Nos coûts augmentent, mais les revenus demeurent égaux à travers le temps », affirme Mme Morin-Deraps.
Croissance limitée
Même si leur survie n’est pas nécessairement en péril, le développement des entreprises de transport est freiné par la situation actuelle. Au Groupe Avantage, on a dû laisser partir certains clients ou refuser de nouveaux contrats. « Si nous avions toutes les ressources nécessaires, nous serions en croissance. Nous devons refuser des contrats très intéressants parce que nous ne serions pas en mesure de satisfaire entièrement les clients », conclut la gestionnaire, qui salue la résilience et la collaboration de son équipe qui compte 180 personnes, dont 70 chauffeurs, dans la gestion des différentes problématiques.