N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Agriculture et agroalimentaire : cultiver la nordicité » publié dans notre édition du mois de juillet.
SAGUENAY — L’achat de terres agricoles par des sociétés d’investissement s’est multiplié depuis plusieurs années. Cette situation inquiète particulièrement les producteurs, qui craignent pour la pérennité de l’agriculture québécoise.
Les propriétés agricoles sont en effet désormais considérées comme des valeurs refuges pour de gros joueurs boursiers. « Au cours des dernières années, 52 % des terres vendues ont été acquises par des entreprises de gestion. Ce ne sont pas des producteurs qui sont détenteurs de ces parcelles. C’est inquiétant », juge Martin Caron, président de l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA).
Le prix des terres a par ailleurs augmenté de 10 % dans l’ensemble de la province en 2021, une tendance à la hausse qui perdure depuis de nombreuses années. « En 2009, le coût moyen d’une propriété agricole au Centre-du-Québec était de 7 500 $ l’hectare. En 2019, il était de 25 000 $ l’hectare. Et ça continue à augmenter », affirme M. Caron.
Selon lui, cela peut rendre difficile l’achat de lots par de jeunes producteurs, qui se retrouvent en compétition avec les groupes de gestion. Il craint que l’accaparement des terres ne nuise ainsi à la poursuite d’activités agricoles et à la relève dans le domaine. « Ces sociétés d’investissement ont des moyens beaucoup plus grands que ceux des jeunes qui voudraient reprendre une entreprise ou se lancer en agriculture. Et l’on ne sait rien de leurs visées », souligne-t-il, rappelant qu’on ne connaît pas toujours la provenance exacte des fonds de ces entreprises privées.
Maintenir le contrôle
Martin Caron estime que si le Québec veut maintenir le contrôle de ses terres agricoles et assurer la protection de son garde-manger, le gouvernement doit mettre en place une obligation de cultiver les lots dont on est propriétaire. « Actuellement, quelqu’un peut acheter une terre et ne pas la cultiver. Il est essentiel de s’assurer que les zones agraires servent à l’agriculture », affirme-t-il, rappelant que d’autres provinces et pays ont instauré cette règle.
Mentionnons que Québec Solidaire a déposé, fin mai, un projet de loi qui propose d’interdire l’acquisition de terrains agricoles par les sociétés d’investissement. Le parti d’opposition souhaite ainsi freiner l’explosion des prix et protéger l’accès à ces parcelles pour la relève.