SAGUENAY – Le Québec pourrait renforcer sa position au sein des chaînes d’approvisionnement mondial, alors que le contexte actuel d’insécurité pousse les marchés et les gouvernements à tenter de rapprocher les fournisseurs.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie, notamment, a fait ressortir le besoin de sécuriser certains approvisionnements, alors que ces deux pays sont de grands producteurs de plusieurs matériaux critiques. « Il y a une volonté de régionaliser, en termes continentaux, les chaînes d’approvisionnement. Le gouvernement québécois souhaite lui aussi renforcer l’autonomie de ces chaînes dans la province. […] Il faut développer de nouvelles localisations ou alternatives pour ces matériaux. Ça crée des opportunités », souligne Stéphane Drouin, vice-président Achats québécois et développement chez Investissement Québec.
Selon lui, le Québec possède de nombreux atouts pour se positionner stratégiquement dans différents marchés en lien avec cette sécurisation. « Le Canada a des accords de libre-échange avec plusieurs pays, nous offrons une énergie verte et abordable, nous avons une situation géopolitique stable et nous ne sommes pas trop loin de l’Europe. Ce sont plusieurs éléments favorables. Le Québec a des possibilités intéressantes pour sortir de la crise avantageusement. Je pense que nous pourrions avoir une position plus forte dans les chaînes d’approvisionnement au niveau des exportations », estime M. Drouin.
Chantiers sectoriels
Investissement Québec a d’ailleurs mis sur pied des chantiers sectoriels pour tous les secteurs stratégiques afin de développer la résilience des chaînes d’approvisionnement. Ceux-ci permettront entre autres de faire ressortir les intrants critiques pour chacun de ces secteurs, de même que les différents enjeux. « Nous pourrons voir s’il y a des points communs que nous pourrions travailler entre les secteurs, des maillons plus faibles que nous devrions renforcer. Cela nous permettra de vérifier comment on peut travailler à développer des solutions locales s’il y a des chaînons manquants en lien avec l’approvisionnement », précise le vice-président.
Dans le secteur de l’aluminium, différents projets ont été ressortis pour être réévalués à la lumière du nouveau contexte mondial. Un laminoir, l’augmentation de la capacité d’extrusion, l’attraction d’entreprises de fabrication de canettes sont notamment discutés. « Nous avons un fort secteur d’aluminium primaire. Les besoins sont beaucoup au niveau de la deuxième transformation. Il faut profiter de cette fenêtre d’opportunité que crée la crise pour voir comment nous pouvons augmenter la résilience de nos industries. »
Les équipes de la société d’État sont donc à pied d’œuvre afin d’agir comme catalyseur pour les projets stratégiques et de soutenir les entreprises. Dans ce domaine, l’un des grands défis est l’inflation, qui fait augmenter les coûts d’emprunt. « Cette situation peut faire en sorte que des entreprises veuillent retarder des projets. Nous sommes là pour éviter que cela se passe ainsi. Les besoins d’approvisionnement sont là et nous accompagnons les entreprises pour optimiser la structure financière de leurs projets afin d’accroître la rentabilité. La plupart voient toutefois les opportunités et veulent être proactives », affirme Stéphane Drouin.
Substituer des importations
Investissement Québec possède aussi une équipe dédiée à l’accompagnement d’entreprises qui souhaitent substituer un produit québécois à un de leurs intrants importés. « Nous effectuons une prise en charge complète à partir de leurs besoins. Nous tentons de trouver des fournisseurs au Québec. Lorsque ce n’est pas disponible, nous travaillons avec des entreprises de la province pour développer ces nouveaux produits. »
Quelque 200 entreprises ont bénéficié du service l’an passé, et une centaine sont accompagnées actuellement. Depuis septembre, l’équipe constate également une hausse des demandes. « Nous œuvrons à augmenter nos ressources afin d’aider encore plus d’organisations », conclut M. Drouin.