SAGUENAY – L’industrie québécoise de l’aluminium est résiliente et en bonne position pour affronter les perturbations économiques actuelles et à venir, selon le président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada (AAC), Jean Simard.
Selon lui, les producteurs québécois sont très près de leurs marchés et c’est une force qui leur permet de s’ajuster rapidement. « Il ne faut pas oublier qu’on a traversé 10 dures années jusqu’en 2019-2020. Les prix étaient très bas, à cause de la Chine à l’époque, et nos alumineries ont réussi à se maintenir alors que ça fermait partout ailleurs dans le monde. C’est une industrie qui a une bonne performance », rappelle-t-il.
En effet, entre 2007 et 2020, plus d’une quarantaine d’usines d’aluminium ont cessé leurs opérations un peu partout sur la planète, selon les données compilées par l’AAC. « Entre 2014 et 2020, c’est un immense cimetière d’usines. Toutes ces fermetures sont liées à un prix bas de l’aluminium et à un coût élevé de l’énergie », révèle M. Simard.
Coûts énergétiques
Le coût de l’énergie et sa prévisibilité sont donc des facteurs déterminants pour la pérennité de l’industrie. En effet, ce coût représente de 30 % à 40 % des frais totaux des alumineries.
« Au Québec et partout où il y a de l’hydroélectricité, on a un gros avantage, parce que ce sont des contrats à long terme signés avec les entreprises. Il faut absolument préserver ça. Il ne faut pas se mettre à augmenter les coûts de l’énergie et à charger beaucoup plus cher parce que c’est une grande industrie. Si on fait ça, on va faire artificiellement ce qui s’est passé ailleurs dans le monde et on va avoir les mêmes conséquences : on va perdre de la capacité », souligne le président de l’AAC.
C’est pour cette raison qu’il est peu probable de voir des augmentations de capacité aux États-Unis. Les coûts liés à l’énergie y sont très élevés et fluctuants. « Pour faire un ajout de capacité, il faut que tu aies une prévisibilité sur 25 ans. Il faut que tu calcules tous tes coûts à l’avance et tu ne peux pas faire ça aux États-Unis. »
Production responsable
Outre le coût de l’énergie, on voit de plus en plus émerger de nouveaux critères pour la réalisation de projets d’augmentation de capacité ou de nouvelles usines. L’empreinte carbone est régulièrement mise de l’avant. À cette notion se greffe maintenant celle de production responsable, qui inclut les droits de l’homme, du travail, etc. Deux critères pour lesquels le Québec se démarque, notamment grâce à son hydroélectricité et les conditions de travail qui y sont offertes.
« Ce seront des facteurs de plus en plus déterminants. Les régions du monde qui vont être capable de démontrer qu’elles produisent à faible empreinte carbone et, encore plus, de façon responsable, vont se mériter un accueil du marché plus intéressant. Elles vont aller chercher une prime, mais surtout, elles vont avoir accès à des marchés qui vont fermer la porte à des produits qui ne rencontrent pas ces critères », explique Jean Simard.
Celui-ci ajoute que des pays comme la Russie ou la Chine ne peuvent pas affirmer qu’elles font de la production responsable, contrairement au Québec. Cela devrait lui permettre de se distinguer comme territoire d’intérêt pour de futurs investissements, d’autant plus que sa situation géopolitique est beaucoup plus stable que celle de ces pays.