SAGUENAY – La minière First Phosphate vient de compléter son estimation initiale des ressources minérales pour son projet de Bégin-Lamarche. Celle-ci a confirmé une ressource minérale importante à des teneurs intéressantes. 

Réalisée selon la Norme 43-101, cette estimation a comptabilisé des ressources présumées1 en fosse de 214 millions de tonnes (Mt) à une teneur de 6,01 % de P2O5 (phosphate). Les ressources indiquées sont de 41 Mt à 6,49 % de P2O5.

« Ce que ça signifie, c’est qu’il y a une très forte possibilité d’avoir un gisement de phosphate économique à Bégin-Lamarche. C’est une excellente nouvelle. Nous sommes très satisfaits. Ça dépasse même mes espérances », indique Gilles Laverdière, géologue en chef pour First Phosphate. Ce dernier précise que ces ressources permettraient d’obtenir 35 Mt de concentré d’apatite, pour une durée de vie de la mine de 100 ans. 

Pour la Zone Montagne, une masse de phosphate unique du gisement, ces chiffres se portent à 6,8 Mt à 8,57 % de P2O5 pour les ressources présumées et 9,3 Mt à 8,19 % de P2Opour les ressources indiquées. 

« La teneur est plus élevée. Habituellement, quand on veut lancer une nouvelle mine, on va chercher le plus riche pour pouvoir payer les investissements en capitaux le plus vite possible. C’est très intéressant pour nous. C’est possiblement les plus hautes teneurs en phosphate qu’on a en région », ajoute M. Laverdière.

Variables favorables

Les essais métallurgiques, réalisés par SGS, ont confirmé qu’un concentré d’apatite titrant 40 % de P2O5 peut être obtenu, avec une récupération de 91 %. « On a un concentré pur, mais en plus on peut récupérer plus de 90 % de l’apatite du gisement. Ce sont deux variables très favorables au gisement au niveau économique », souligne le géologue en chef. 

Des résultats supplémentaires indiquent que le gisement de Bégin-Lamarche a le potentiel de produire deux autres concentrés potentiellement commercialisables, soit celui d’oxyde de fer (magnétite) et celui d’oxyde de titane (ilménite). Les tests se poursuivent de ce côté. 

Les dirigeants de First Phosphate rappellent que le gisement de Bégin-Lamarche, qui provient de roches ignées, contient de très faibles niveaux d’éléments potentiellement délétères. Cette pureté lui permet de se démarquer comparativement aux gisements de roches sédimentaires ailleurs dans le monde, qui contiennent souvent des métaux lourds ou radioactifs. « C’est un gros avantage, surtout au niveau des résidus. Nous sommes en train de trouver des façons de réutiliser les déchets de traitement », assure Gilles Laverdière. 

Prochaines étapes

Aux dires de M. Laverdière, l’Évaluation économique préliminaire (ÉÉP) est en cours de réalisation. Selon les résultats, First Phosphate a pour objectif de passer à l’étude de faisabilité au début 2025. Des forages supplémentaires seront réalisés afin de définir encore plus précisément la ressource. Les études environnementales se poursuivront au printemps. 

« Souvent, les travaux, études et permis sont réalisés l’un à la suite de l’autre. Nous, nous les faisons en parallèle afin d’arriver plus vite à la mine », explique le géologue en chef. 

Mentionnons que les travaux de géologie et de forage ont été planifiés, exécutés et supervisés par la firme régionale Laurentia Exploration. L’estimation initiale des ressources minérales a pour sa part été effectuée par Antoine Yassa de P&E Mining Consultants. 

Chiffres prometteurs

Selon l’ingénieur chargé de projet pour la Table régionale de concertation minière (TRCM), Rémi Clairet, il s’agit de premiers chiffres prometteurs pour First Phosphate. « La ressource est bonne en termes de teneurs. Ça se compare à des gisements qui sont connus mondialement », précise-t-il. 

À titre d’exemple, le gisement du Lac-à-Paul d’Arianne Phosphate, également situé dans la région, présente des teneurs oscillant autour de 7 % de P2O5. Le gisement de Catalao II au Brésil, également de roches ignées, présente des teneurs plus élevées (11,2 %), mais aussi des niveaux de contaminations d’éléments délétères plus grands. Même chose en ce qui a trait aux gisements de roches sédimentaires, au Maroc et en Chine, avec une moyenne de 21,3 % selon une étude datant de juillet 2024. Ces gisements sont aussi plus complexes au niveau de l’étape de concentration du phosphate. 

En termes de tonnage, M. Clairet apporte un bémol aux comparatifs. Si les chiffres sont semblables à ceux d’Arianne Phosphate, ceux dévoilés par First Phosphate sont principalement des ressources présumées, donc d’un niveau de confiance moins élevé que les réserves indiquées (253.48 Mt à 7.02 % P2O5) et mesurées (336.76 Mt à 7.22 % P2O5) d’Arianne Phosphate. Précisons que, contrairement aux ressources, les réserves tiennent compte de paramètres économiques et qu’on les considère donc comme économiquement viables à l’extraction.

Des travaux de forages subséquents seront nécessaires pour faire passer le 214 Mt de ressources présumées de Bégin-Lamarche en ressources indiquées, voire mesurées. « Ce sont de bons premiers chiffres. Ça invite à faire de plus amples travaux de forages », analyse Rémi Clairet.

 

Les paramètres des ressources présumées, indiquées et mesurées sont définis par l’Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole. « C’est le degré de confiance qu’on a. Ce n’est pas subjectif, mais vraiment selon les paramètres établis par l’Institut », explique Gilles Laverdière. 

Les ressources présumées présentent un niveau de certitude géologique plus faible que les ressources indiquées. Il s’agit des ressources dont on peut estimer la quantité et la teneur ou qualité sur la base de preuves géologiques et d'un échantillonnage restreint. 

Les ressources indiquées possèdent un degré de confiance supérieur aux ressources présumées. Selon le document Normes de définition de l'ICM pour les ressources minérales et les réserves minérales de l’Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole, elles incluent « la partie de la ressource minérale dont on peut estimer la quantité, la teneur (ou qualité), la densité, la forme et les caractéristiques physiques avec un niveau de confiance suffisant pour permettre l'application de facteurs modificateurs en vue de justifier la planification minière et l'évaluation de la viabilité économique du gîte ».