SAGUENAY - Établi depuis bientôt 25 ans au Saguenay, Groupe Transcol a bien évolué et est maintenant un des leaders du transport dans l’est du Québec, selon Claude Hubert, le président de l’entreprise située dans le parc industriel de Jonquière. Un des éléments du succès de l’organisation : le virage numérique entrepris au cours des dernières années.

 

« Aujourd’hui, on se compare avantageusement aux gros joueurs du domaine du transport au Québec », assure l’homme d’affaires en parlant de la révolution technologique qui a pris beaucoup de place dans le développement de l’entreprise. Claude Hubert explique qu’au cours des dernières années, plus de 150 000$ ont été investis dans le parc informatique et les systèmes de contrôle et de communication de Groupe Transcol. Si bien que l’utilisation des documents papiers a été presque éliminée à 100%.

 

De plus, toutes les confirmations de livraison et les transactions sont maintenant numériques et confirmées instantanément par courriels. Les risques d’erreurs sont donc infimes et le temps consacré à la paperasse, réduit au strict minimum. Même les demandes de ramassage de colis de la part de la clientèle sont dorénavant gérées par une application informatique rapide, fiable et performante, selon Claude Hubert.

 

Bien entendu, les informations relatives aux performances des conducteurs et de leurs équipements sont aussi à l’ordre du jour. Même les vérifications avant départ (VAD), l’entretien préventif et les inévitables réparations sont pris en charge par l’intelligence artificielle. « Au départ, nous avions des craintes que certains de nos employés plus âgés aient des réticences à utiliser certaines technologies, mais nos ressources humaines se sont toutes bien adaptées », assure le président, en parlant du processus d’implantation des systèmes contrôles.

 

Spécialistes des régions nordiques

 

Une autre des conditions qui ont assuré le succès et la pérennité de Groupe Transcol au cours des dernières décennies tient à la stratégie de pénétration des régions nordiques par l’équipe de Claude Hubert, qui s’est avérée un succès. Au cours des années, l’entreprise a d’ailleurs installé des terminaux dans trois autres villes au Québec, soit Baie-Comeau, Chibougamau et Sept-Îles. Pour desservir ce vaste territoire, Groupe Transcol gère un parc de véhicules d’une valeur de 7 M$, qui comprend quelque 45 tracteurs, 35 camions de 26 pieds et 80 remorques. Le président Hubert explique que l’objectif a toujours été de se rapprocher des projets liés aux ressources naturelles. « On a été visionnaires d’établir des terminaux dans des régions où certaines compagnies ne voulaient pas aller, parce que c’était trop loin. [...] Pour nous, ça devient un avantage. Il faut dire que dans les périodes économiques plus difficiles, on a ramassé les routes que certains transporteurs ne pouvaient plus desservir ».

 

Une femme de tête à la direction générale

 

Le transport routier est définitivement un milieu très masculin. Toutefois, Caroline Girard, la nouvelle directrice générale de Groupe Transcol, est tout à fait à l’aise dans son rôle de gestionnaire. Il faut dire que celle qui a occupé pendant plusieurs années le poste de directrice du personnel de l’entreprise connaît bien les rouages de l’organisation. Elle parle d’ailleurs abondamment et avec fierté de la qualité des ressources humaines de Groupe Transcol et assure que les conditions de travail et le bien-être des quelque 150 employés constituent une de ses préoccupations quotidiennes. « On s’assure que nos gens aient tout ce qu’il faut et soient heureux », lance-t-elle.

 

Caroline Girard souligne cependant que le recrutement et la rétention des employés est devenu un véritable tour de force. « Même si nous offrons d’excellentes conditions, des équipements et des espaces de grande qualité, c’est très difficile de recruter, c’est notre plus difficile année à ce chapitre […] Malgré la pénurie de ressources humaines qualifiées, on doit tout de même être très sélectif pour assurer une performance intéressante et un service à la clientèle à la hauteur de notre réputation », explique-t-elle. La DG souligne par ailleurs que Groupe Transcol affiche un des plus bas taux de roulement de personnel de l’industrie (Transcol 12% versus 34% en moyenne dans ce marché).

 

Pourquoi pas une école chez-nous?

 

Un autre des grands défis de l’industrie est la formation adéquate des conducteurs de camions. Le président de Groupe Transcol souligne que les finissants des écoles spécialisées sont généralement bien entraînés pour la conduite proprement dite. Par contre, ils sont souvent démunis au niveau des compétences complémentaires, notamment le service à la clientèle. « Les écoles leur apprennent à conduire, mais ne leur apprennent pas à livrer », affirme Claude Hubert, qui avance qu’une des solutions à cette problématique serait de créer une formation régionale, qui toucherait l’ensemble des habilités et comportements recherchés par les transporteurs. Celle-ci se ferait en étroite collaboration avec une entreprise, qui pourrait éventuellement offrir des stages rémunérés aux futurs employés.

 

Des tarifs qui vont bientôt monter?

 

Pour Claude Hubert, l’arrivée des livres de bord électroniques (log book) sur le territoire américain en janvier dernier a constitué un changement majeur dans le marché du transport routier en provoquant l’élimination des tricheurs et des transporteurs à rabais qui prennent souvent des détours relatifs à la sécurité de leurs conducteurs. Il estime que cette technologie sera implantée au Canada d’ici 2021 et que son effet sera aussi radical que chez nos voisins du sud, soit une augmentation des tarifs de quelque 30 %. Au plus grand bonheur des entrepreneurs qui travaillent professionnellement, estime l’homme d’affaires.

« La plupart des pedlers sont sortis du marché avec cette technologie. Ils ne peuvent plus tricher sur les heures de conduite et les conditions de travail de leurs chauffeurs […] Ça va épurer le marché chez-nous aussi », lance M. Hubert.