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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Le gouvernement Couillard a multiplié les dépenses dans son budget de 2018, atteignant 3,7 milliards de dollars, un niveau d’investissement qu’on avait pas vu depuis 2014 dans les budgets provinciaux. Retour sur cet exercice et les principales réactions régionales.

Selon la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord (CCISF), les mesures annoncées par le ministre des finances, Carlos Leitão, sera bénéfique pour les entreprises, leur permettant de demeurer compétitives tout en les appuyant face aux défis de main-d’œuvre.

« Plusieurs mesures, notamment la diminution du taux d’imposition des PME de 8 % à 4 % et la réduction des contributions au Fonds des services de santé, permettront aux entreprises de respirer un peu mieux », a souligné par voie de communiqué Sandra Rossignol, directrice générale de la CCISF. « Ces mesures permettront de diminuer l’impact de la hausse du salaire minimum, de la bonification du Régime des rentes du Québec, de la modification des normes du travail et de la bonification du Régime québécois d’assurance parentale. »

Mentionnons que parmi les mesures budgétaires visant les PME, on retrouve également une diminution de la taxe sur la masse salariale. Le gouvernement investit également plus de 270 M$ pour accélérer les investissements des entreprises, notamment par le biais de la bonification et prolongation de la déduction additionnelle pour appuyer l’acquisition de technologies de pointe et de l’élargissement du congé fiscal pour grands projets d’investissement au développement de plateformes numériques.

Actions pour la main-d’oeuvre

L’emploi est également au cœur du budget, avec un investissement de 810 M$ additionnels pour « assurer une main-d’œuvre compétente et suffisante » pour répondre aux besoins du marché du travail. Des mesures concernent directement les immigrants, dont la bonification des programmes de subvention salariale pour les personnes immigrantes et des moyens pour favoriser la prospection et le recrutement de travailleurs et étudiants étrangers. Les travailleurs d’expérience et l’intégration et le maintien en emploi d’un plus grand nombre de travailleurs seront aussi touchés.

Le gouvernement prévoit aussi dans son budget 2018 la mise en place d’un nouveau crédit d’impôt pour favoriser la formation qualifiante des travailleurs en emploi dans les PME et la bonification du crédit d’impôt pour stage en milieu de travail. Des mesures concernent aussi l’adaptation de l’offre de formation aux besoins du marché du travail.

La CCISF salue ces annonces. « La croissance économique sera soutenue entre autres par la capacité du Québec à s’adapter aux défis de main-d’oeuvre », affirme Mme Rossignol. Elle accueille également avec satisfaction la bonification du programme Un emploi en sol québécois, un projet-pilote lancé en 2017 par la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) en vue de favoriser l’intégration en emploi des personnes immigrantes dans les régions du Québec. « La Chambre participe au projet en approchant des entreprises qui pourront ensuite rencontrer des candidats potentiels, ainsi que des partenaires locaux afin d’assurer une intégration optimale des nouveaux arrivants dans la région », a précisé la directrice générale.

Dynamisme régional

Le gouvernement veut également promouvoir la diversification économique des régions. Des investissements sont notamment prévus dans la Stratégie maritime du Québec et pour le développement du Nord québécois. Par ailleurs, des mesures concernant certains secteurs important de l’économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean ont aussi été annoncées, notamment dans les domaines forestier, minier et de l’aluminium. On remarque entre autres une hausse de 10 000 $ à 65 000 $ du seuil d’exemption de la taxe sur les opérations forestières et une simplification des mesures d’aide à l’exploration minière. Quelque 33 M$ seront investis sur trois ans dans la Stratégie québécoise de développement de l’aluminium.

« De plus, le budget reconnaît le besoin d’appuyer le dynamisme du secteur agroalimentaire, et ce, grâce à des investissements de plus quelque 350 millions $ qui assureront que nos entreprises de production et de transformation alimentaire pourront accroître leur innovation et compétitivité », peut-on lire dans le communiqué de la CCISF.

Mentionnons que la CCISF voit d’un bon œil la volonté du gouvernement de taxer l’économie du numérique et d’obliger les géants qui n’ont pas de présence physique ici, tel Netflix, à percevoir la taxe de vente. « Seulement 19 % des entreprises québécoises font du commerce en ligne, tandis que 57 % des Québécois effectuent des achats sur le web. Savoir que les règles seront les mêmes pour tout le monde devrait stimuler les entreprises québécoises à accélérer leur virage vers le commerce électronique », soutient la directrice générale.

173 M$ pour le transport aérien

Le ministre Leitão a annoncé 173,2 millions de dollars sur cinq ans pour différentes mesures permettant de soutenir le développement du transport aérien régional, soit 100 M$ dans les infrastructures aéroportuaires régionales, 40 M$ pour la bonification du Programme de réduction des tarifs aérien (élargi à de nouvelles régions, dont le Saguenay–Lac-Saint-Jean pour un remboursement maximum de 500 $ annuellement), 22,5 M$ pour la création du programme d’aide pour les dessertes aériennes régionales (soutien aux initiatives visant la mise en place de nouveaux services aériens, le maintien de liaisons régionales essentielles et activités de mise en marché et de promotion) et 10 M$ pour la mise sur pied de l’initiative Découvrons notre Québec.

Le maire d’Alma, Marc Asselin, s’est dit satisfait de ce soutien apporté au transport aérien régional, qui fait écho à plusieurs demandes de l’Union des municipalités du Québec (UMQ). M. Asselin, qui siège sur le Comité sur le transport aérien de l’UMQ, considère qu’il s’agit d’un pas additionnel pour permettre aux aéroports régionaux de jouer pleinement leur rôle de moteurs économiques locaux et régionaux.

« Le leadership et les représentations énergiques de l’UMQ et de l’ensemble du milieu municipal sur l’enjeu prioritaire du transport aérien régional au cours des dernières années ont porté leurs fruits. Par les mesures annoncées aujourd’hui, le gouvernement passe de la parole aux actes et respecte les engagements qu’il a prix en février dernier lors du Sommet sur le transport aérien régional », a déclaré Monsieur Asselin. Rappelons que, dans le domaine du transport aérien, une étude est en cours en vue de l’établissement d’un service régulier au Lac-Saint-Jean.

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