DOLBEAU-MISTASSINI – En poste depuis quelque 16 mois, Luc Simard, le nouveau préfet de la MRC de Maria Chapdelaine, se considère déjà bien en selle pour aborder les prochaines années, qui s’annoncent chargées pour le jeune élu. En entrevue avec Informe Affaires, celui-ci dit apprécier grandement ce début de mandat et se dit agréablement surpris du volume de projets de développement potentiels et de défis stimulants qui sont à l’agenda de l’organisme. Il trace ici quelques lignes sur le potentiel et les défis qui attendent son équipe.
D’entrée de jeu, un des aspects de son mandat qui le réjouit particulièrement est de constater la qualité des relations qui se sont mises en place entre les autres préfets et les maires de la région. Même si sa première préoccupation touche les dossiers de la MRC, il assure que les élus se sont déjà entendus sur plusieurs enjeux qui touchent le Saguenay–Lac-Saint-Jean, notamment sur les préoccupations économiques.
« À la table des élus, on a déjà identifié de nombreux enjeux régionaux qui nous touchent tous, notamment l’approvisionnement en gaz naturel, le caribou forestier et le transport ferroviaire. C’est très important pour l’avancement du développement économique d’avoir de bons liens, particulièrement avec Saguenay, la plus grande ville du territoire, » explique-t-il.
Parcs industriels stratégiques
Luc Simard revient rapidement sur les défis de la MRC et identifie, comme une des priorités, le développement du parc industriel agroalimentaire, dont les travaux vont débuter dès ce printemps à Normandin et en partenariat avec cette municipalité. Réalisée au coût de plus de 2,5 M$ et offrant plus de 140 000 mètres carrés dédiés à l’installation d’entreprises, cette zone très prometteuse profitera d’un avantage stratégique. Il s’agit de l’usine de traitement des eaux de Normandin, qui possède une très grande capacité. Cette installation avait été construite pour l’usine Lactel, qui a cessé sa production en 2000. Selon le préfet, certaines entreprises agro-alimentaires ont déjà manifesté leur intérêt pour le site en devenir.
Par ailleurs, d’ici trois à cinq ans, Luc Simard identifie le projet qui sera aussi une des pierres angulaires de la croissance économique du territoire : le Parc industriel régional. Celui-ci sera situé sur le chemin Bowater, dans le secteur Mistassini, et le transport intermodal, avec accès au nord, y sera à l’ordre du jour. Pour appuyer son argumentaire, le préfet rappelle l’annonce, fin 2018, de la construction du pont ferroviaire sur la rivière Mistassini par les deux paliers de gouvernement. Cet équipement au fort potentiel serait installé près des deux usines de Produits forestiers Résolu (PFR), de part et d’autre du cours d’eau.
« En combinaison avec le transport hors norme vers le nord, le pont ferroviaire va rendre nos entreprises beaucoup plus compétitives pour alimenter les grands projets », assure le préfet.
Le gaz naturel incontournable
Luc Simard est formel. Sans l’accès au gaz naturel, le développement de projets industriels d’envergure à la MRC de Maria-Chapdelaine a du plomb dans l’aile. Il explique que son territoire est le seul de la région à ne pas être raccordé à une conduite du précieux carburant. Le préfet confirme qu’au début des années 2000, un projet d’extension du réseau avait été présenté au gouvernement du Québec et à Gaz Métropolitain (aujourd’hui Énergir), sans connaître de dénouement. Le dossier a été réactualisé au fil du temps et, à la fin de 2018, Québec a accepté de financer une étude de faisabilité ad-hoc qui devrait être déposée ce printemps. « C’est une question d’équité pour que nos entreprises puissent profiter de conditions concurrentielles […] Et ça va passer par Énergir, » lance-t-il.
Supporter le tourisme, en passant par les centrales
Luc Simard souligne que le support au secteur touristique sera accentué au cours des prochaines années par la MRC. « Nous voulons que ça devienne une industrie de premier plan pour nous. Nous allons réviser et bonifier les fonds du volet touristique, notamment pour le tourisme gourmand et d’aventure, qui sont de plus en plus populaire auprès des visiteurs », explique-t-il, en précisant que les nouveaux revenus provenant de la minicentrale sur la rivière Mistassini vont certainement contribuer à réaliser cet objectif.
« On a actuellement deux minicentrales dans la région et on en a au moins une autre dans les cartons. […] On a développé une belle expertise dans le domaine, qu’il faut conserver », assure-t-il, sans en dire davantage sur l’autre site potentiel à l’étude.
Pour le préfet, la présence de deux économusées sur le territoire, dont celui des Délices du Lac-Saint-Jean, sont des outils particulièrement intéressants pour attirer les vacanciers. Bien entendu, le tourisme d’aventure nordique est aussi en développement actuellement pour mettre en valeur les sentiers de quad et de motoneige, notamment autour de la création du Parc régional des Grandes-Rivières. M. Simard précise d’ailleurs que cet apport d’argent frais des minicentrales va aussi servir à développer des
partenariats avec des municipalités de la MRC qui ont des projets spécifiques de développement touristique ou industriel sur leur territoire.
Grappe industrielle de grande valeur
« J’ai été agréablement surpris de voir le nombre d’entreprises de 50 employés et plus qui opèrent chez nous, mais qui sont aussi très présentes dans le nord. On a définitivement tout ce qu’il faut pour vendre des produits et services à la grandeur du Québec », lance Luc Simard quand il parle de ses premiers mois à titre de préfet. Il souligne notamment que, même si elle est en cours de diversification, la grappe industrielle d’équipementiers et de fournisseurs qui s’est créée autour de la forêt est particulièrement impressionnante, avec la présence de trois scieries, d’une papeterie et de deux pépinières, qui agissent comme masse critique pour soutenir le développement de ce secteur. Il se dit aussi très impressionné par le savoir-faire dans le domaine du transport du bois développé par les entrepreneurs locaux.
En conclusion de l’entrevue, Luc Simard tient à souligner l’excellent travail et l’attitude positive du personnel de la MRC, notamment au sein de l’équipe du développement économique, qui est actuellement en manque de ressources. Il précise toutefois qu’avec tous les dossiers qui sont en développement, la direction devra embaucher très rapidement au moins un(e) autre professionnel(le) affecté(e) au soutien à l’entreprise, pour supporter les collègues en devoir.
Présentation sommaire de la MRC de Maria-Chapdelaine
Le territoire de la MRC de Maria-Chapdelaine est situé au nord-ouest du Lac-Saint-Jean et couvre une superficie presque aussi grande que celle de la Suisse (40 000 km2), ce qui la situe au cinquième rang en importance au Québec. Du point de vue biophysique, la MRC se caractérise par de grands espaces forestiers, des plaines agricoles et un réseau hydrographique imposant, composé notamment des grandes rivières du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de plus de 8 000 lacs.
La population de la MRC, d’environ 25 500 habitants, se concentre au sud du territoire dans les deux villes et les dix municipalités rurales qui forment le milieu municipalisé. La MRC couvre aussi un immense territoire forestier, communément appelé Territoires non-organisés (TNO). Ce second ensemble appartient au domaine public. Il s’agit du plus important parterre forestier du Québec.
Une hydrographie stratégique
L’une des principales caractéristiques biophysiques du territoire de la MRC de Maria-Chapdelaine est, outre la forêt, son réseau hydrographique. Ce dernier se compose, en tout ou en partie, des bassins versants des rivières Péribonka, Petite Péribonka, Mistassini, Ticouapé et Ashuapmushuan qui, du nord vers le sud, convergent vers le lac Saint-Jean. D’une superficie de plus de 1 000 km2 et troisième plus grand plan d’eau au Québec, le lac Saint-Jean avait été appelé Piékouagami par les Amérindiens, ce qui signifie « lac plat », avant que le Père DeQuen le nomme lac Saint-Jean en 1647. Hormis la forêt, l’agriculture, l’exploitation et la mise en valeur des plans d’eau ont été et sont toujours un moteur de développement économique, touristique, récréatif et social.
L’importance de la foresterie
En ce qui concerne l’emploi et l’économie, les plus récentes données disponibles montrent que la population active de la MRC est de près de 12 000 habitants. Bien que le secteur tertiaire occupe le plus grand nombre de travailleurs, il faut noter que l’exploitation des ressources naturelles, principalement la foresterie, constitue la base de l’économie de la MRC de Maria-Chapdelaine, qui accueille trois scieries, une usine de planage, une papeterie, ainsi que plusieurs équipementiers qui se sont développés autour de l’industrie du bois. Les classes de travailleurs vont des corporations locales aux entrepreneurs forestiers en passant par les débroussailleurs, les reboiseurs ainsi que les ouvriers de l’entretien et de la réparation de la machinerie forestière. Plusieurs municipalités de la MRC, comme par exemple Girardville et Saint-Thomas-Didyme, voient leur économie tourner essentiellement autour de l’exploitation de la ressource forestière.
Une terre généreuse
L’histoire agraire de la MRC de Maria-Chapdelaine perdure encore dans l’exploitation et la mise en valeur de ce territoire. Ses caractéristiques biophysiques et l’artificialisation des milieux ont dessiné de grands ensembles formant les secteurs agricoles homogènes qui se concentrent au sud et autour des municipalités telles Albanel, Normandin et Saint-Edmond-les-Plaines. Mentionnons que la MRC dispose, depuis plus de 80 ans, d’un outil de recherche de premier plan en agriculture : la Ferme expérimentale de Normandin.
La production céréalière et laitière occupe une place importante dans le secteur agroalimentaire. Toutefois, la production de pommes de terre de semence constitue également une importante activité, particulièrement dans le secteur de Péribonka. Par ailleurs, la MRC est avantageusement connue pour la production du bleuet, qui constitue pour le territoire la culture de prédilection. Elle possède notamment deux usines de congélation du petit fruit. Mentionnons également que la production de canneberge est en développement au sein de la MRC.
Activités récréatives et villégiature
La caractéristique propre et l’immensité de son territoire font de la MRC de Maria-Chapdelaine une destination adaptée aux activités récréatives et à la villégiature. En effet, son milieu forestier connaît une fréquentation croissante de la part des chasseurs, des pêcheurs, des randonneurs et des villégiateurs. Au fil des ans, ces activités ont donné lieu à la construction de chalets et de structures d’accueil. Ainsi, on compte entre autres dans le milieu forestier public plus de 3500 chalets et de nombreuses pourvoiries.
Mentionnons aussi que les randonnées de motoneige et de quad sont de plus en plus présentes sur le territoire de la MRC, particulièrement dans le cadre de la création du Parc régional des Grandes-Rivières, en 2013, et du le circuit de quad et de motoneige de la Passerelle du 49e. Le secteur possède un véritable circuit touristique. Enfin, bien qu’en territoire municipalisé, la piste cyclable « Véloroute des Bleuets », qui ceinture le lac Saint-Jean, constitue également un attrait touristique important pour la MRC.
Un réseau routier très étendu
Le territoire de la MRC comprend 30 000 km de chemins multiusages et hors normes, qui donnent notamment accès aux parterres forestiers et aux ressources minières du Nord, mais également aux activités récréatives qui génèrent d’importantes retombées économiques pour le territoire. Ce réseau doit être entretenu et étendu, puisqu’il recèle un potentiel unique pour le développement et l’approvisionnement du Plan Nord du gouvernement du Québec. La MRC défend notamment le développement du Réseau Transboréal (route 206 au nord de Girardville). Sur le territoire du Plan Nord, cette route forestière vise à rejoindre la route 167 Témiscamie à partir du réseau des routes forestières existantes.
Un pont ferroviaire au fort potentiel
Le réseau ferroviaire du territoire, propriété du Canadien National, couvre quelque 40 km et est relié au réseau nord-américain. Bien que le lien Dolbeau-Normandin ait été récemment rénové et remis en service, le réseau pourrait encore être amélioré. L’annonce, par les gouvernements supérieurs en août 2018, du financement de 40 M$ pour la construction d’un pont ferroviaire sur la rivière Mistassini pourrait doper considérablement le potentiel de développement de la MRC. En effet, lorsque l’ouvrage sera construit, il facilitera l’accès au Nord-du-Québec aux entreprises qui projettent de construire et d’approvisionner les projets miniers qui y sont en développement.
Un aéroport en gestion partagée
L’aéroport Dolbeau Saint-Félicien, appelé aussi « Aéroport Bleuet » vient de voir sa piste de 5 000 pieds complètement rénovée. Il possède également un fort potentiel comme desserte nordique et pour le transport des travailleurs vers les chantiers du Nord-du-Québec. Propriété d’une Régie intermunicipale (Dolbeau-Mistassini, Normandin et Saint-Félicien), cette infrastructure assure son développement par les revenus récurrents de l’immense bleuetière qui ceinture ses installations et qui est aussi propriété de la Régie.
Depuis décembre 2017, la mini-centrale hydroélectrique de la 11e Chute est en opération sur la rivière Mistassini. Construite au coût de 75 M $ et exploitée par Énergie Hydroélectrique Mistassini (EHM), une société en commandite dont les partenaires sont le conseil de bande de Mashteuiatsh, les MRC du Domaine-du-Roy et de Maria-Chapdelaine et les municipalités de Girardville et de Notre-Dame-de-Lorette. Cet équipement stratégique permet à la MRC de Maria-Chapdelaine de tirer des revenus substantiels pour supporter les projets de développement du territoire.
Autres textes du cahier MRC de Maria-Chapdelaine :
-Normandin | 2,5 M$ pour aménager le parc industriel (en ligne le 30 mars)
-Foire commerciale | Plus de 7000 visiteurs attendus à la 20e édition (en ligne le 30 mars)
-Dolbeau-Mistassini | Le développement économique à l’ordre du jour (en ligne le 6 avril)
-Tourisme | Un potentiel rassembleur en croissance (en ligne 6 avril)
-La bourse Henri-Paul-Brassard fait déjà des petits (en ligne le 7 avril)