Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

ALMA – Merci la mie n’est pas une boulangerie comme les autres. La petite coopérative de solidarité de la rue Collard à Alma est le fruit d’une initiative citoyenne. Fabricant du pain de façon artisanale, l’entreprise d’économie sociale prône une alimentation responsable et chérit le projet de certifier ses produits biologiques au cours de l’année.

L’histoire commence, il y a un peu plus d’un an, lorsque la boulangerie Le petit pétrin décide de mettre fin à ses activités. Ayant acquis une certaine réputation auprès des Almatois, notamment pour son travail artisanal, plusieurs consommateurs s’attristent de voir disparaitre le petit commerce. Un groupe de citoyens, dont fait partie Vicky Potvin l’actuelle présidente, décident alors de reprendre l’entreprise « Nous avons tous investi de notre argent personnel et la CIDAL nous a également donné un bon coup de main avec l’octroi d’une subvention de 10 000 $. Notre objectif avec la boulangerie n’est pas d’engranger les profits à tout prix, mais d’offrir à la population des produits de niches faits main comme des miches campagnardes, des baguettes rustiques ou encore du pain aux noix. Se constituer en coopérative était donc conséquent avec la nature du projet », fait savoir Vicky Potvin.

Une entreprise humaine

L’une des principales difficultés qu’a rencontrées l’équipe a été d’embaucher un boulanger. Ne trouvant pas de travailleur qualifié au Saguenay–Lac-Saint-Jean, la coopérative s’est tournée vers l’international pour recruter. Toutefois, la COVID est venue refroidir les desseins de l’entreprise en clouant au sol tout travailleur étranger voulant s’établir au Québec. « Nous avons poursuivi nos recherches et finalement nous sommes tombés sur un jeune boulanger désirant se lancer en affaire ». En plus de lui fournir un emploi, la coopérative lui offre une expérience de gestion et de démarrage d’entreprise. « C’est ça l’avantage avec le modèle coopératif, c’est qu’il est plus flexible pour répondre aux besoins des travailleurs ». Cette flexibilité se traduit également par le choix qu’a fait le commerce de sortir ses pains plus tard dans la journée afin d’éviter les quarts de nuit.

En route vers l’hyper local

À court et moyen terme, la coopérative à l’intention de favoriser la synergie entre les entreprises de la région qui ont des considérations biologiques. D’ailleurs, les ingrédients pour la majorité locaux pourraient également venir de la ferme biologique Merci la terre située à Métabetchouan–Lac-à-la-Croix. Réjean Côté, propriétaire de la ferme bio, est aussi un membre fondateur de la boulangerie. Le nom Merci la mie se veut être un clin d’œil au succès que connait son projet de culture.

Vicky Potvin ainsi que les membres de la boulangerie ont à cœur de favoriser les circuits courts. C’est-à-dire de la terre à la table le plus rapidement possible. « L’idée est d’éviter les détours, les grandes livraisons et se concentrer sur les marchands locaux. Nos pains sont livrés exclusivement dans les environs comme aux Jardins Mistouk à Saint-Cœur-de-Marie ou encore au petit marché de Saint-Nazaire. C’est une façon de faire qu’on affectionne et qui s’inscrit dans la logique du créneau boréal. »

Pourquoi le bio et comment ?

La boulangerie Merci la mie poursuit présentement des démarches auprès de l’organisme accréditrice Québec vrai afin d’obtenir la certification biologique pour ses produits. Une décision fondée sur les valeurs de la coopérative et sur des considérations environnementales. Pour Réjean Côté, producteur maraicher à la ferme Merci la terre et membre fondateur de la boulangerie Merci la vie, il n’y a pas de doute que c’est la bonne chose à faire. « Produire bio c’est garantir à son client que la matière première pour produire son pain n’a pas été arrosée de pesticides chimiques et qu’elle provient du Québec. »

Ne devient pas bio qui veut. La réglementation est assez stricte. La boulangerie doit prouver, par des registres et des reçus de commandes, que tous ses entrants pour fabriquer ses produits proviennent d’entreprises certifiées biologiques au Québec. De plus, la méthode de fabrication et d’entreposage diffère. Devenir bio signifie donc faire des choix. « 95 % des matières qui composent ton produit doivent être bio pour être certifié. C’est donc difficile par conséquent d’offrir une vaste gamme de produits. Pour l’instant, nous nous concentrons sur le pain et nous restons dans cette niche. » Merci la mie est toujours en attente de sa certification bio, les retards sont principalement causés par la pandémie de COVID-19.

Commentaires