SAGUENAY – Le ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne, était à Saguenay aujourd’hui [29-06-2018 NDLR] pour annoncer que le Canada mettait en place une série de mesures totalisant deux milliards de dollars pour soutenir les secteurs de l’acier et de l’aluminium, touchés par les tarifs douaniers imposés par le gouvernement américain.

Il s’agit de la deuxième portion de la réplique canadienne aux droits supplémentaires de 25 % sur l’acier et 10 % sur l’aluminium imposés par Washington. Le gouvernement canadien avait en effet annoncé fin mai, en réaction directe à ces mesures, l’imposition de surtaxes réciproques sur l’acier, l’aluminium et divers produits américains à la hauteur de 16,6 G$, soit la valeur totale des exportations canadiennes, en 2017, touchées par les droits de douane de la Maison-Blanche. Cette décision a été réafirmée aujourd’hui par le ministre Champagne, qui a assuré qu’il s’agit « d’une réponse mesurée, bien travaillée, intelligente » et que le gouvernement continuerait à prôner une diplomatie « constructive, positive, mais ferme » dans ce dossier.

Faciliter les exportations

« Il y a un programme de 2 G$ pour les entreprises, c’est-à-dire 1,7 G$ qui vient d’Exportation développement Canada (EDC)pour faciliter les exportations au niveau des liquidités et du financement. On a aussi la Banque de développement du Canada (BDC) qui va participer dans ce programme-là, parce qu’on sait que les travailleurs ont besoin d’entreprises qui prospèrent, qui innovent et qui conquièrent de nouveaux marchés, donc on veut les aider là-dedans », a dévoilé le ministre.

La BDC offrira donc 800 M$ sur deux ans aux PME du secteur de l’acier et de l’aluminium qui ont des stratégies commerciales viables pour les aider à prendre de l’expansion sur de nouveaux marchés, accroître leur efficacité opérationnelle et environnementale ou acheter de nouvelles technologies ou équipements. Le programme de 900 M$ d’EDC offrira du financement commercial ou des assurances aux entreprises qui ont besoin d’un soutien pour concrétiser les plans d’affaires établis, libérer des fonds de roulement ou pour effectuer des paiements.

Le gouvernement offrira également jusqu’à 250 millions de dollars par l’intermédiaire du fonds stratégique pour l’innovation afin d’accroître la compétitivité des fabricants canadiens et mieux intégrer la chaîne d’approvisionnement canadienne d’acier et d’aluminium. Ces fonds appuieront des entreprises qui veulent investir dans l’innovation et les dépenses en immobilisations, incluant de nouveaux équipements et technologies de production et de traitement, ainsi que la formation et le perfectionnement de la main-d’œuvre en lien avec ces nouvelles technologies et processus.

Quelque 50 M$ sont aussi réservés aux PME du pays pour les aider à diversifier leurs exportations afin qu’elles puissent tirer parti des nouveaux accords commerciaux comme l’AECG (Union européenne) et le PTPGP (Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam). « Parce qu’on parle souvent ici de deuxième et troisième transformations, pour s’assurer que nos PME à travers la province, à travers le pays, puissent trouver de nouveaux marchés. On veut les accompagner là-dedans parce qu’on sait qu’aujourd’hui on a besoin […] de diversification », a affirmé M. Champagne.

Mesures pour les travailleurs

Finalement, 25 M$ seront dédiés sur quatre ans au programme de Travail partagé, qui permet de fournir un soutien de revenu aux employés admissibles aux prestations d'assurance-emploi qui réduisent temporairement leur semaine de travail pendant la période de redressement de l'entreprise. Cette mesure permet de garder les gens au travail et d’éviter les mises à pied. La durée des accords sera prolongée de 38 semaines.

Quelque 50 M$ seront aussi dédiés, sur deux ans, pour soutenir la formation et l’emploi des travailleurs au moyen de transferts liés au marché du travail.

Réactions positives

Présents à l’occasion de l’annonce, les députés de Jonquière au provincial et au fédéral, Sylvain Gaudreault et Karine Trudel, ont réagi positivement. « Je salue la décision du gouvernement canadien. […] J’interpelle le gouvernement du Québec. Il faut qu’il soit encore au rendez-vous pour accoter les mesures fédérales dans ses propres programmes », a déclaré M. Gaudreault, qui se demande si les sommes seront assez importantes pour que les travailleurs de la région puissent y avoir accès.

Même son de cloche chez Karine Trudel, dont le parti réclamait depuis l’annonce des tarifs américains des mesures pour aider les entreprises et les travailleurs. « À première vue, on voit ça d’un bon œil, mais le diable est dans les détails. De quelle façon ça va être accessible pour nos PME? Comment ça va aider à conserver les emplois […] On va analyser les mesures et, s’il y a des réajustements à faire, on va être là pour le rappeler au gouvernement fédéral », a-t-elle assuré.