À écouter parler Alain Gagnon, président du Syndicat National des Employés(es) de l’Aluminium d’Arvida (SNEAA), on a l'impression de parler à un développeur plutôt qu'à un syndicaliste. Cependant, ne vous y trompez pas! L'homme qui s'exprime devant moi défend bec et ongles les membres du SNEAA et assure avec passion la direction de son organisation avec positivisme et pragmatisme.
Son propos est très loin du discours provocateur et revanchard de plusieurs de ses prédécesseurs des décennies passées. Or, c'était une autre époque... et un autre combat! Alain Gagnon ne juge pas, mais assume sa position. «Il y a quelques années encore, on travaillait 95% de notre temps pour 5% des gens qui ne voulaient pas avancer. Aujourd'hui on travaille à 100% pour ceux qui veulent conserver nos usines en opération et performantes», lance-t-il. Alain Gagnon parle aujourd'hui un autre langage avec des mots comme mondialisation, compétitivité, performance au travail et bourse des métaux.
«Nos membres sont derrière nous»
Le président du SNEAA maintient que toute son équipe et ses membres sont derrière lui. Pour sa part, il est constamment en mode solution. «Il faut à tout prix maintenir nos usines ouvertes et nous sommes un syndicat de solutions», assure-t-il. Alain Gagnon explique que depuis 2009, les efforts et les sacrifices de ses membres ont permis de prolonger la vie des salles de cuves précuites et d’obtenir la première phase de l'usine AP-60. «Maintenant, nous voulons les phases 2 et 3 d'AP-60», précise-t-il. Cependant, l'homme est conscient qu'on est encore loin de la coupe aux lèvres, alors que le prix du métal est au plancher.
Le «dumping» des Chinois force à innover
Autre réalité incontournable : le «dumping» du métal à bas prix, notamment par les producteurs chinois, auprès des clients de Rio Tinto. Selon le syndicaliste, Il faut constamment que la compagnie soit à l'affût, se réinvente et innove du côté des alliages et des produits de niche pour conserver des parts de marchés. Alain Gagnon avance que les membres du SNEAA, partout sur le plancher des usines, collaborent activement à développer des recettes et à améliorer des procédés de fabrication pour garder les produits «sur la coche». Pour le président du SNEAA, le cas de l'usine Vaudreuil, qui ne cesse de battre des records d'efficience, est un parfait exemple de cette approche. «Nous avons une incroyable coopération de nos travailleurs dans les usines parce que nous ne leur cachons rien de la situation réelle de nos usines», confirme Alain Gagnon.
«Nous prenons aussi soin de nos PME»
Le président du SNEAA avance que son équipe a comme priorité d'assurer des emplois de qualité à ses syndiqués, mais que ses officiers ont aussi une préoccupation pour les employés des nombreuses PME qui gravitent autour de Rio Tinto. Alain Gagnon explique que le SNEAA est affilié à Unifor et que plus de 700 travailleurs de PME régionales sont aussi membres de ce syndicat. Dans ce contexte, le développement des fournisseurs et des équipementiers régionaux sont incontournables pour le SNEAA. «Nous prenons aussi soin de nos PME», lance-t-il en guise de conclusion.