Dominique Savard
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Dominique Savard

SAGUENAY – La Maison-Blanche a annoncé mardi qu’elle renonçait à ses nouveaux tarifs douaniers sur l’aluminium canadien moyennant une limitation des exportations. En effet, Washington a décidé d’appliquer de nouveau le principe de libre-échange, c’est-à-dire sans droits de douane, et ce de manière rétroactive au 1er septembre.

Les députés régionaux du Bloc Québécois, Mario Simard et Alexis Brunelle-Duceppe ainsi que leur collègue Marilène Gill du comté de Manicouagan, se disent soulagés et satisfaits de cette volte-face des Américains juste avant que des contre-tarifs douaniers aient été imposés par le gouvernement canadien. Les alumineries les plus importantes de l’Amérique du Nord se trouvent dans leurs circonscriptions.

Le député de Jonquière Mario Simard, souligne maintenant qu’il faut désormais se concentrer sur la diversification du secteur. « Encore une fois, on voit que l’ensemble canadien protège mal une industrie névralgique à l’économie québécoise. J’espère que cet épisode aura montré au gouvernement fédéral que l’on doit absolument investir dans la deuxième et la troisième transformation. On a proposé des solutions, partons de ce dénouement heureux pour en arriver à un meilleur avenir pour l’industrie », plaide M. Simard, porte-parole du Bloc Québécois à l’Innovation.

Pour sa part, son collègue almatois Alexis Brunelle-Duceppe ajoute que les tarifs n’avaient pas lieu d’être. « Nous avions vivement dénoncé leur imposition dès le jour 1, et même avant, quand la menace commençait à planer. Je suis heureux que l’incertitude soit finie, car pour nos producteurs d’aluminium et les travailleurs, c’est une bouffée d’air frais. On doit regarder devant nous maintenant », souligne le député de Lac-Saint-Jean.

Pour Marilène Gill, le dossier de l’aluminium n’est pas pour autant terminé. « Malgré la levée des tarifs, le gouvernement doit assurer un soutien financier sérieux à l’industrie de l’aluminium pour la rendre plus compétitive, non seulement en raison de la concurrence, mais aussi de la crise économique qui sévit. Nous le devons à nos gens, que ce soit à Baie-Comeau, à Bécancour ou à Arvida! », croit la députée de Manicouagan.

Les élus indépendantistes réitèrent qu’ils comptent être constructifs et souhaitent des actions qui bénéficieront aux travailleuses et aux travailleurs de l’industrie avant tout.

Rappelons que le gouvernement américain a annoncé l’imposition de tarifs douaniers sur l’aluminium le mois dernier. Le gouvernement Trudeau devait répliquer par des contre-tarifs qui devaient être détaillés cet après-midi.

Josée Néron et Sylvain Gaudreault demeurent vigilants

De son côté, la mairesse de Saguenay, Josée Néron, se réjouit également d’apprendre que le gouvernement des États-Unis retire les tarifs douaniers de 10 % sur l’aluminium. « Il s’agit d’une excellente nouvelle. Dans le contexte actuel, il faut saluer les efforts du gouvernement canadien dans les négociations et les discussions effectuées auprès des autorités américaines. Malgré tout, on se doit de rester vigilant, car le gouvernement américain pourrait ramener les tarifs douaniers si la limitation des exportations d’aluminium n’est pas respectée », précise Mme Néron.

Quant au député de Jonquière et candidat à la chefferie du Parti Québécois, il a mentionné sur Twitter : « Une victoire (temporaire?) pour le Québec et le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Cela nous enseigne qu’il faut toujours rester vigilant et que le Québec aurait tout avantage à être présent autour de la table des nations. »

Le bon sens enfin, selon le Syndicat des Métallos

Le Syndicatdes Métallos, qui représente des milliers de travailleurs et travailleuses de l’aluminium au Québec, se réjouit de la levée des tarifs sur l’aluminium par le gouvernement américain. « Le bon sens finit enfin par être entendu : les tarifs nuisaient à nos deux économies. Cette volte-face est une très bonne nouvelle. Je tiens d’ailleurs à saluer l’action du gouvernement du Canada dans le dossier. Nous espérons qu’Ottawa continuera de tenir la barre droite, de refuser toute forme de quotas et qu’il se préparera à déployer des contre-mesures si jamais Washington changeait à nouveau son fusil d’épaule », fait valoir le directeur québécois des Métallos, Dominic Lemieux.

Les tergiversations sur les quotas au cours des dernières années laissent néanmoins des séquelles sur l’industrie de l’aluminium au Québec. Les aluminiers ont systématiquement mis sur la glace leurs projets d’investissements au Québec, ce qui affaiblit à moyen terme l’industrie. « Par expérience, on sait que les industries qui se modernisent sont celles qui traversent les décennies. Une fois la menace des tarifs écartée, il faut réfléchir à l’avenir de l’aluminium au Québec », ajoute Dominic Lemieux.

Dans cette optique, il invite les gouvernements à investir dans des projets pour moderniser les usines, accroître la première transformation, développer de l’aluminium encore plus vert… « C’est maintenant que se prennent les décisions qui affecteront l’avenir de l’industrie et des emplois au Québec », conclut M. Lemieux.

Le Syndicatdes Métallos, affilié à la FTQ, est le plus important syndicat du secteur privé au Québec. Il regroupe plus de 60 000 travailleurs et travailleuses de tous les secteurs économiques.

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