SAGUENAY – Le bilan des producteurs d’aluminium primaire canadiens en termes de développement durable s’améliore progressivement, si l’on en croit le rapport de développement durable de l’Association de l’aluminium du Canada (AAC), qui regroupe Alouette, Rio Tinto et Alcoa, pour l’année 2017.
Paru fin 2018 en raison du délai de collecte et d’analyse des informations en provenance des trois membres de l’AAC, le rapport de développement durable démontre que les producteurs d’aluminium primaire ont fait des gains considérables, notamment en matière d’environnement, depuis que les données sont comptabilisées. « En environnement, on améliore nos courbes dû à la modernisation et à l’amélioration des technologies. […] La plupart de nos émissions sont en baisse », souligne Anik Dubuc, vice-présidente, Développement durable à l’AAC.
L’une des améliorations notables se situe du côté des émissions d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), qui ont diminué de 95 % entre 2008 et 2017. En 2017, elles se situaient donc à 0,0057 kg/tonne d’aluminium produite. L’une des raisons de cette diminution marquée se trouve du côté de la fermeture des cuves Söderberg en 2013. « Les sites Söderberg utilisaient une vieille technologie. Cette cassure-là, vous allez la constater dans pratiquement tous les indicateurs d’émissions. Ces sites-là utilisaient une technologie qui était vétuste, donc les performances étaient un peu moindre. […] Depuis 2015, toutes les installations du Canada sont en technologie précuite », explique Mme Dubuc.
Cibler les gaz à effet de serre
Les gaz à effet de serre (GES) sont désormais la cible des efforts des producteurs d’aluminium primaire au Canada. Ces émissions sont en baisse graduelle depuis environ deux décennies. En 2017, les membres de l’AAC ont produit deux tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par tonne d’aluminium produite, une statistique qui se maintient par rapport à 2016. Il s’agit d’une des intensités de GES les plus basses au monde pour la production d’aluminium.
L’approvisionnement en énergie hydroélectrique, le contrôle serré des procédés, la fermeture des cuves Söderberg et la modernisation d’installations y sont pour beaucoup. « Notre défi, maintenant, c’est de maintenir ces performances. On atteint des niveaux qui sont assez bas. […] Ce qu’on travaille, c’est le procédé. Avec Élysis, qui viendra, on l’espère, dans quelques années, ce sont plusieurs émissions qui vont être de beaucoup réduites. Ça représentera vraiment une cassure technologique. On va voir une amélioration marquée, parce qu’on change complètement de technologie », indique la vice-présidente de l’AAC.
Selon elle, le fait que l’industrie de l’aluminium canadienne compte sur une énergie principalement d’origine hydroélectrique lui permet de se démarquer. « Ce n’est pas le cas ailleurs. C’est vraiment différenciateur pour l’aluminium canadien. Nous utilisons plus de 95 % d’énergie renouvelable », ajoute-elle.
Zéro déchet
Un autre objectif que s’est fixé l’AAC, c’est de réduire ses matières résiduelles. « Notre objectif, à moyen ou long terme, c’est de tendre vers le zéro déchet. On travaille beaucoup sur ce créneau-là. […] 2017, c’est une très bonne année. On a réduit les matières résiduelles dangereuses, la proportion de matières dangeureuses et non dangereuses est à peu près égale et on va essayer de trouver des débouchés [pour nos résidus] », affirme Anik Dubuc.
Par exemple, du côté des brasques, revêtements usés des cuves qui constituent des déchets dangereux, on note une tendance générale à la baisse des volumes produits. On constate par ailleurs dans le rapport que, depuis 2015, la quantité de brasques recyclées et valorisées est beaucoup plus importante que celle produite et que celle des brasques enfouies après traitement. « C’est dû au fait qu’on a un passif de brasques mises en inventaire, qui sont maintenant traitées », explique Mme Dubuc. L’écume est aussi valorisée et l’enfouissement de ce déchet a été réduit de 40 % en 2017.