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Frédérica Fortin-Foster

SAGUENAY – « Il arrive un moment où nous ne pouvons plus simplement prélever des ressources naturelles ; nous devons penser à les régénérer afin de combler les écarts, de les restituer aux générations futures, et même d’en créer davantage », souligne Guylaine Pelletier, fondatrice de plusieurs coopératives solidaires en région.

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, plus de 670 entreprises mettent de l’avant l’économie sociale, en privilégiant ainsi les besoins de la collectivité, selon les données d’Essor 02. Mme Pelletier, installée en région depuis le début des années 2000, est au cœur de cette pratique avec la création de coopératives solidaires telles que le café Cambio et le BIZZ Coop.

« Après la pandémie, avec l’inflation et les changements climatiques, je crois que l’alimentation restera toujours une priorité pour la population. Actuellement, la plupart des chaînes alimentaires sont contrôlées par des entreprises privées, la richesse générée revient donc aux mêmes personnes. En revanche, au sein d’une coopérative, cette richesse est réinvestie dans la communauté. Bien que nous sommes un petit joueur, nous pouvons avoir un impact significatif sur la société », affirme-t-elle.

20 ans en affaires

Inspirée par ses voyages, Mme Pelletier a eu l’idée de lancer un projet au Québec qui pourrait bénéficier aux communautés étrangères. La jeune femme de 24 ans avait donc, à l’époque, quitté la métropole pour s’installer au Saguenay et créer une offre de café équitable avec une amie. Leur initiative est devenue réalité en 2005 avec la création du Café Cambio.

« Le Café Cambio est un pionnier de l’achat local et des produits biologiques. Il fait partie des 25 membres d’une coopérative appelée Coop Coffees, spécialisée dans le café biologique et équitable. En achetant leur café, nous contribuons à financer les salaires des vingt employés, les locaux pour les contrôles qualité et les projets régénératifs.»

En 2008, l’entrepreneure a cofondé la Coop Noula, une coopérative basée à Montréal qui se consacre à la transformation, à l’importation et à la distribution de café haïtien à travers le Canada. Quelques années plus tard, Guylaine Pelletier a relancé l’entreprise BIZZ, une organisation privée qui avait dû fermer ses portes.

« C’était une entreprise phare dans la région pour promouvoir l’achat local et une alimentation saine, et nous ne voulions pas la perdre. C’est pourquoi un groupe de travailleurs et de producteurs a décidé de lancer un projet de reprise collective pour assurer la pérennité du BIZZ. Actuellement, nous comptons environ 1400 membres au sein de cette coopérative de solidarité », explique-t-elle.

Tous ensemble

Il n’est pas nécessaire d’être un leader naturel ou d’avoir un esprit entrepreneurial pour devenir membre d’une coopérative de solidarité. Selon Guylaine Pelletier, l’intelligence collective permet de générer des idées diverses et de prendre des décisions éclairées, car les membres ont des âges, des valeurs et des cultures différentes, tant qu’ils sont tous motivés à s’impliquer.

« On est petit et la seule manière d’être grand, c’est que tout le monde s’investisse. Les membres d’une coopérative de solidarité déterminent où les profits et l’argent seront investis, ce qui permet une redistribution au sein de la communauté. Je suis convaincue que si le BIZZ ou le Café Cambio avaient été des entreprises privées, nous n’existerions plus aujourd’hui.»

Guylaine Pelletier a plusieurs idées pour l’avenir, notamment celle de faire du Carrefour Racine un incubateur et un centre d’excellence pour les projets d’économie sociale, tant en région qu’au Québec.

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