ALMA – Copropriétaire de la concession Mazda Alma, Mélanie Gagné travaille au sein de cette entreprise depuis 1997. La femme d’affaires jeannoise doit aujourd’hui composer avec les nouvelles réalités du marché comme les problématiques d’approvisionnement et la rareté de la main-d’œuvre.

« Nous avons de la chance chez Mazda Alma, nous avons des employés qui sont avec nous depuis très longtemps. Lorsque j’ai débuté en 1997, j’étais alors âgée de 18 ans et j’ai été encadrée par des travailleurs qui sont encore aujourd’hui au sein de l’entreprise. Toutefois, toute bonne chose à une fin et nous devons remplacer de plus en plus de départs à la retraite, et c’est justement le cas de ma contrôleuse financière. Il s’agit d’un poste clé qui fait office de bras droit et qui exige de l’expérience et de la compétence. Ce remplacement figure parmi mes principaux défis pour les mois à venir », explique Mélanie Gagné.

Selon la femme d’affaires, il est important de trouver des moyens pour mettre en place des conditions de travail afin de fidéliser ses employés. « C’est le nerf de la guerre de trouver des gens qualifiés, les former et instaurer un cadre de travail optimal pour les garder. Nous sommes une petite concession familiale. La proximité et l’appartenance font partie de nos valeurs. Je crois que cela se ressent puisque nous avons des gens à la retraite qui reviennent nous donner des heures quelques fois par semaine ! »

Gravir les échelons

Mélanie Gagné a débuté sa carrière chez Mazda Alma en 1997 à la suite d’une ouverture de poste dans le département de comptabilité. « Je ne me destinais pas à une carrière dans le secteur automobile. J’avais 18 ans et mon père, Robert Gagné, m’a signalé qu’il recherchait quelqu’un pour pourvoir un poste à temps partiel dans son entreprise. J’étudiais dans un domaine connexe et j’ai débuté comme cela. »

Bien que son père fût le propriétaire, Mélanie Gagné n’a pas eu de passe-droit et a dû faire ses preuves. « Il n’y a pas eu de népotisme dans mon cas et j’ai dû poursuivre mes études et suivre des formations tout au long de mon parcours. En 2005, j’ai déposé ma candidature comme les autres personnes intéressées dans le secteur des ventes et j’ai obtenu le poste. En suivant la procédure, ça m’a permis de garder une relation de travail saine et d’éviter les injustices avec l’équipe. »

Huit ans plus tard, Mme Gagné a accédé au poste de directrice des ventes et c’est alors que le processus d’achat de la concession s’est enclenché. « Avec mon oncle, Réjean Gagné, nous avons décidé de racheter l’entreprise à mon père. Une relève familiale, ce n’est pas simple au niveau fiscal. Il y avait plusieurs clauses et le processus a pris deux ans. Nous sommes devenus copropriétaires officiellement en 2015 », laisse tomber la femme d’affaires.

Investissement

La copropriétaire et son équipe procéderont dans les prochains mois à des investissements de l’ordre de 150 000 $ afin de refaire l’image extérieure de la concession. « Nous allons repeindre certaines portions, changer les logos et enseignes, et mandater un entrepreneur général pour quelques constructions. Mazda a fait une refonte de son image de marque et nous devons suivre les couleurs de la bannière. Il s’agit d’une première phase d’investissement puisque nous allons aussi dans les prochaines années effectuer des rénovations majeures à l’intérieur de notre commerce. »

Vendre une cour vide

La pandémie a laissé dans son sillage des cours vides chez des concessionnaires. Une rupture au niveau des puces électroniques essentielles dans la fabrication des véhicules en serait la cause. La problématique concerne également la sortie de nouveaux modèles. Mazda devrait vendre sous peu une voiture 100 % électrique, mais les dates de sortie ne sont toujours pas fixées à cause des incertitudes du marché.

« Il faut préciser que Mazda ne s’en sort pas trop mal puisque nous avons des délais de trois à quatre mois pour les véhicules neufs. Toutefois, c’est la première fois que nous vivons ça, vendre sur commande. Le client se présente chez le concessionnaire et nous ne pouvons même pas lui faire essayer le véhicule. C’est particulier comme situation parce que nous sommes habitués à posséder un certain inventaire en succursale. »

L’entrepreneure précise que les ventes n’ont toutefois pas baissée et que la demande pour les véhicules neufs est toujours bien vivante. Cependant, elle constate plusieurs bémols à la situation. « Au niveau du développement de la clientèle, ce n’est pas optimal. Les gens qui ont déjà eu une Mazda connaissent la marque et la conduite, mais pour ceux qui en sont à leur premier véhicule ou qui magasinent, c’est différent. Si tu ne peux pas leur faire essayer une automobile au moment de leur visite, tu risques de les perdre au profit de la concurrence. On espère que la situation ne perdure pas. »

Des prix fluctuants

Le marché du véhicule neuf aux prises avec des délais de livraison et la baisse de popularité des transports en commun dus à la COVID sont tous des facteurs qui expliquent pourquoi les consommateurs se sont rués vers le parc automobile usagé. La Presse canadienne révélait qu’en 2021, le prix des voitures d’occasion avait bondi de 34,5 % en seulement un an. « C’est un casse-tête pour nous puisqu’il devient très difficile d’évaluer un véhicule usagé. Les prix ne cessent de changer et lorsqu’un client nous approche pour un échange, il est impossible de définir dans quatre mois combien son auto vaudra au moment qu’il prendra possession de sa nouvelle voiture », souligne Mélanie Gagné.