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Maxime Hébert-Lévesque

SAINT­-BRUNO – L’entreprise spécialisée dans la mise en marché de vers de terre située dans le 6e rang à Saint-Bruno, Vers SagLac, a été rachetée au cours des derniers mois par l’entrepreneure Diane McNicoll. Rebaptisée Vers M&M, la PME embauchera une quinzaine d’employés cet été pour commercialiser plus de trois millions de lombrics.

Diane McNicoll n’est pas à sa première aventure entrepreneuriale. Elle possède quelques immeubles locatifs en plus d’avoir accumulé plusieurs années d’expérience en gestion dans des entreprises comme chez John Deere. « Je cherchais une entreprise que je pourrais un jour léguer à mes enfants. Je suis membre du Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ) à titre de repreneur et c’est comme ça que j’ai rencontré Céline Lalancette et son conjoint Gaétan Morissette de Vers SagLac. Le courant est passé rapidement entre nous et la transaction s’est effectuée sur une période d’une semaine », explique la femme d’affaires.

Si l’entente entre les deux parties a été aussi naturelle, c’est entre autres parce que le couple Lalancette-Morissette n’avait d’autres repreneurs que la concurrence. « Ils ne voulaient pas vendre à la compétition parce que celle-ci n’est pas de la région. Ils cherchaient des gens d’ici avec des valeurs communes qui poursuivraient l’entreprise qui cumule aujourd’hui plus de 50 années d’existence. »

Un petit animal capricieux

Diane McNicoll n’aurait pas pu espérer mieux comme expérience pour apprendre à ses enfants les rouages de l’entrepreneuriat. En effet, la commercialisation du lombric n’est pas aussi simple qu’elle y parait. « Un vers en captivité se reproduit très peu ou pas du tout. Ils doivent donc être ramassés sur des terres prévues à cet effet, un à un, de préférence de nuit, quand il pleut, sans vent et pas à la pleine lune. Vous avez donc compris que nous avons des ententes d’affaires avec des fournisseurs spécialisés », explique l’entrepreneure.

La logistique de conservation représente également un défi et il faut s’assurer de maintenir les vers en bonne santé puisque les pertes peuvent être couteuses. En effet, une commande de quelques millions de vers comme s’apprête à faire la gestionnaire pour sa saison coûte des centaines de milliers de dollars. « C’est un animal qui mange 24 heures sur 24. On ne peut donc pas l’entreposer dans un pot avec de la terre tout bêtement, il finirait par tout dévorer rapidement et mourir. Il doit être maintenu au froid. En le plongeant dans une sorte d’hivernation, son métabolisme ralentit et sa faim de même. »

Vendue par pot, la mise en marché des vers de terre demande de la patience et de la minutie. « Nous vendons, entre autres, des contenants de 15, 25 et 40 vers de terre. Nous devons remplir chaque contenant avec la bonne quantité. C’est une opération longue et constante. En plus de les classer et les séparer, il faut les nourrir avec de la moulée spéciale. Pour toutes ces raisons, de 10 à 15 employés seront nécessaires pour mener à bien les activités. »

Une bonne saison à venir

Présentement, l’entrepreneure commercialise les vers qu’elle a achetés à la fin de l’été dernier. Durant l’hiver, elle a dû les nourrir et les tenir au froid dans ses installations réfrigérées. « Notre objectif pour la première année d’exploitation est d’offrir une qualité et un service semblables à ceux que proposaient les anciens propriétaires. Nous pensons avoir une belle année, le niveau d’eau semble haut sur l’ensemble des lacs de la région et cela favorise la pêche. »

Un milieu petit

Il n’y a aucune chance pour qu’un particulier reparte des installations de Vers M&M avec un pot de lombrics, car l’entreprise ne vend qu’à des clients commerciaux. « C’est une décision d’affaires. Nous ne voulons pas cannibaliser les ventes de nos partenaires qui se situent à proximité de notre entrepôt de Saint-Bruno. Nous distribuons auprès de 160 commerçants au Saguenay-Lac-Saint et le démarchage de nouvelle clientèle n’est pas facile. » En effet, le milieu de la production et de la mise en marché de vers est très petit. Les gens du secteur se connaissent et une loyauté s’est établie. « La règle est simple, tu ne démarches pas un commerce où il y a déjà un fournisseur de vers. »

Un acteur local avant toute chose

En reprenant l’entreprise Vers SagLac, il était important pour Diane McNicoll de mettre l’accent sur la région. « Tous nos partenaires sont locaux. Certains fournisseurs de vers sont de l’extérieur, mais la terre, la moulée et les plats sont achetés à des entreprises d’ici. Nous sommes également fières de vendre à des particuliers les rejets produits pour les lombrics. C’est une matière riche en minerai qui favorise la croissance des végétaux dans les jardins et potagers », conclut la femme d’affaires.

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