SAGUENAY – Sime Innovation vient de décrocher le plus important mandat de sa jeune histoire. Rio Tinto (RT) vient d’accorder à son équipe la réalisation de deux fours de préchauffage de lingots de magnésium d’une valeur de 2 M$. Pour Gilles Savard, président technologies et R&D de l’entreprise, ce contrat, bien que relativement modeste au niveau monétaire, constitue une étape importante par ce grand donneur d’ouvrage de la reconnaissance de l’expertise technique de cet équipementier qui prend définitivement son envol.
Les deux immenses fours de préchauffage de magnésium d’une capacité de 35 tonnes chacun sont destinés aux fonderies de Rio Tinto à La Baie et Laterrière. Le magnésium ainsi réchauffé à 6000 C dans ceux-ci sert à l’élaboration d’alliages, qui acquièrent ainsi une excellente combinaison de propriétés mécaniques, de résistance à la corrosion et de coulabilité. Toutefois, lorsque soumis à la chaleur, ce métal est particulièrement dangereux parce qu’il s’auto-allume à un certain niveau de température et, lorsque cela se produit, il est très difficile à éteindre.
Le contrôle très précis de tous les paramètres de fonctionnement des fours est donc primordial dans ce type d’équipement. « Je ressens une grande fierté d’avoir obtenu le contrat de ces deux gros fours parce qu’on était en compétition avec d’autres équipementiers là-dessus. On l’a eu à cause de nos connaissances techniques, notre concept de sécurité des fours et la qualité de notre présentation. On a parfaitement répondu aux inquiétudes de Rio Tinto au niveau de la sécurité », explique Gilles Savard.
ALT254 un partenaire essentiel
L’ingénieur tient d’ailleurs à souligner l’importance de la participation d’une autre jeune entreprise du Parc industriel de Jonquière, sans qui Sime Innovation n’aurait sans doute pas obtenu le contrat. Il s’agit d’ALT254 qui a été récemment fondée par deux ingénieurs électriques en automatisation, instrumentation et contrôle. « Ça aurait été impossible de décrocher ce contrat sans l’apport de ce partenaire. Ce sont de très bons ingénieurs d’expérience en plus d’être d’anciens confrères de travail, donc je les connaissais déjà. », confie l’homme d’affaires.
Celui-ci mentionne par ailleurs que les deux fours seront livrés à Rio Tinto au cours des prochains mois en autant que les pièces et matériaux puissent être acquis dans les temps et fournis à temps aux cinq ou six sous-traitants chargés de les compléter. « Le prix des matériaux a grimpé considérablement, tandis que les délais de livraison ont augmenté de beaucoup, un effet indésirable de la Covid. Les commandes entrent presque tous les jours. Mais toutes les PME de la région vivent les mêmes problèmes », souligne-t-il.
Mentionnons que Gilles Savard occupait jusqu’en 2019 le poste de directeur général de Mageco-LMG, une firme d’ingénierie apparentée à Échafaudage Industriel. Il a donc quitté ce poste pour se lancer dans cette nouvelle aventure de créer un nouvel équipementier. Celui qui possède un bagage de près de 40 ans en génie mécanique, acquis auprès de différentes entreprises, explique que pendant la période à la tête de Mageco LMG plusieurs de ses anciens clients l’interpellaient régulièrement pour ses compétences en mécanique industrielle et son expertise en gestion de projets.
« Avant de lancer Sime Innovation, j’avais fait un premier projet pour la relance de Nordik Kraft à Lebel-Sur-Quévillon. Ils avaient besoin d’une plateforme mobile pour l’entretien des lessiveurs. Il fallait une très bonne connaissance dans les normes de levage pour réaliser ce projet. On a eu quelques autres mandats avec eux par la suite. Donc ça a été une manière de réintégrer le marché. Il a donc fait le saut en compagnie de trois autres associés pour fonder Sime Innovation. Dans ses premiers mois d’exploitation, l’entreprise s’est fait les dents sur deux projets, qui ont contribué à assoir la réputation de sa petite équipe de quatre employés.
Une usine projetée
Il s’agit d’un robot baladeur pour l’usine d’anodes de Rio Tinto et d’un injecteur de ferrosilicium pour la fonderie d’Elkem Metal, qui a demandé presque un an de développement et d’installation. « C’est un équipement qui n’existait pas. C’est vraiment du custom. On a tellement bien réussi que le client nous a rappelés pour qu’on aille le voir fonctionner », assure-t-il. La pandémie a considérablement ralenti le déploiement de Sime Innovation, mais Gilles Savard est très confiant que les projets vont se multiplier pour le nouvel équipementier au cours des prochains mois. Actuellement, l’entreprise conçoit ses produits et les fait fabriquer et assembler par des sous-traitants. Mais l’homme est formel, la prochaine étape verra la construction d’une usine pour que Sime Innovation soit en parfait contrôle de ses projets.