Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

Voici la Une de notre journal papier du mois de juillet

SAGUENAY – SoluRef, une jeune entreprise dans le secteur de la climatisation, vient d’acquérir un bâtiment sur la rue des Actionnaires à Chicoutimi. Un investissement de 400 000$ qui survient au même moment où la PME a ouvert son actionnariat à Mikel Maltais, un spécialiste de l’automatisation.

Les choses ne stagnent pas chez SoluRef alors que l’équipe vient de mettre la main sur un nouveau bâtiment de 2500 pi2 comprenant une réception, un coin service, une petite salle d’exposition, un entrepôt ainsi que trois bureaux fermés. « Nous avons débuté en 2019 dans un petit local qui comprenait un bureau et un entrepôt. Aujourd’hui, nous sommes sept employés et nos contrats ainsi que la pénurie d’approvisionnement nous obligent à tenir en boutique un certain inventaire. Nous étions donc rendus à cette étape dans notre développement », raconte Nicolas Tiberio, l’un des copropriétaires de SoluRef. Pour sa part, Marc-André Bergeron, cofondateur de l’entreprise, souligne que le terrain sur lequel se trouve l’édifice est assez grand pour accueillir des agrandissements.

Un nouvel associé

Mikel Maltais s’est joint à l’équipe à titre de responsable du département automatisation et ventilation chez SoluRef au mois de février dernier. Son embauche est étroitement liée à l’acquisition du bâtiment de la rue des Actionnaires. « Ce sont les anciens locaux de mon dernier employeur, la multinationale d’équipement de climatisation Trane. Lorsque l’entreprise américaine a pris la décision de fermer son bureau de Saguenay, je me suis tourné vers mon réseau de contacts pour joindre une nouvelle équipe. J’avais déjà travaillé avec les gars de SoluRef par le passé et je savais que c’était du monde de confiance. Nous avons discuté et nous avons trouvé un terrain d’entente », explique Mikel Maltais.

Les deux autres actionnaires trouvaient logique et naturel de prendre, M. Maltais, comme associé. « Son expertise est dans l’automatisation des systèmes de ventilation. Un créneau où nous ne détenions pas de connaissances poussées. L’inclure à l’équipe nous permet de nous diversifier et d’ouvrir un tout nouveau marché. De plus, Mikel Maltais à la suite de négociations avec Trane a pu récupérer une liste de quelque 300 clients de la région qui transigeaient avec la multinationale. »

Les frigoristes

D’ici la fin de l’année, les gestionnaires de SoluRef ne planifient pas embaucher davantage de personnel. Les sept employés actifs répondent à la demande, même si les semaines sont bien remplies aux dires des propriétaires. « Nous sommes une équipe assez jeune et aucun départ à la retraite n’est prévu pour les dix prochaines années. Bien sûr, il y a la croissance qui exigera tôt ou tard l’embauche d’un frigoriste supplémentaire et on avisera en temps et lieu. Afin d’optimiser nos opérations, nous avons sous-traité à une firme externe l’administration et la comptabilité. Il est plus rentable d’utiliser nos ressources sur les projets que sur la paperasse », commente Nicolas Tiberio.

Pour sa part, Marc-André Bergeron, frigoriste cumulant une vingtaine d’années d’expérience, précise qu’il y a un problème au niveau de la formation de la relève. « La main-d’œuvre est rare et la main-d’œuvre qualifiée l’est encore plus ! Il n’y a pas beaucoup de gens qui sortent des centres de formation avec un diplôme de frigoriste en poche. » M. Tiberio renchérit en indiquant qu’à la fin de ses études seulement deux personnes de sa cohorte ont décidé de travailler dans la région. Les autres ayant quitté pour les grands centres.

Un frigo commercial

Situé sur le terrain de SoluRef tout juste positionné devant le bâtiment, on peut y observer une sorte d’ancien conteneur maritime modifié de 96 pi2. « Il s’agit d’une solution de réfrigération mobile que nous avons développée en partenariat avec l’entreprise régionale Conteneurs Saguenay. Notre partenaire s’occupe de transporter notre unité mobile et nous gérons le reste. Nous avons construit cet outil principalement pour des clients. Imaginez un restaurateur qui doit se priver de son frigo pour quelques heures à cause d’un bris majeur. Avec notre conteneur, nous pouvons entreposer ses aliments au frais. Au fil du temps, la demande a augmenté et maintenant nous louons notre réfrigérateur aux producteurs de bleuets, d’ail et de champignons. Il y a également un intérêt auprès des chasseurs à l’automne. Fabriquer une unité de la sorte coûte en moyenne 25 000 $ et peut maintenir une température de 0 à 4 degrés Celsius. Nous planifions en construire un deuxième qui pourrait congeler », conclut Marc-André Bergeron.

Démarrer sur les chapeaux de roues

« Nous devons régulièrement refuser des contrats. Nous préférons nous imposer des limites afin de préserver la qualité de nos services. Dans le secteur industriel et commercial, tout repose sur le bouche-à-oreille. Ce sont nos bons services rendus chez nos premiers clients qui ont propulsé SoluRef. Toutefois, c’est un couteau à double tranchant, si nous commettons des erreurs parce que nous sommes trop débordés, notre image sera ternie et le téléphone ne sonnera plus », explique Nicolas Tiberio.

L’entrepreneur précise que les stratégies de communication marketing sont peu développées chez SoluRef. « Nous faisons quelques publications Facebook pour notre clientèle résidentielle, mais les gens dans le secteur industriel sont plus méfiants. Les systèmes de climatisation et de ventilation sont complexes et les gestionnaires d’entreprises sont soucieux d’embaucher du monde compétent sur ces projets. D’ailleurs, tous nos clients provenant de ce milieu ont été acquis par un réseau de contacts. »

Bâtir une réputation

En 2019, lorsque M.Tiberio et son partenaire d’affaires Marc-André Bergeron ont démarré leur entreprise, ils ont pu compter sur leur réputation. « Nos premiers locaux à Chicoutimi nous ont été prêtés par un ancien client de Marc-André. Ce dernier cumule 20 ans d’expérience en réfrigération et son réseau de contacts nous a été très utile. De mon côté, lors des stages de ma formation en réfrigération, j’ai travaillé à la Fromagerie Boivin. Ceux-ci nous ont donc fait confiance quand nous nous sommes lancés en affaires », explique Nicolas Tiberio.

L’équipe confie que c’est l’optimisation du système de filtration de la fromagerie qui leur a permis de se faire un nom dans l’industrie. « En changeant la stratégie de filtration pour un des secteurs de leur usine, nous avons fait chuter leurs frais d’exploitation de 25 000$ par année à 4000$. Ce genre de projet nous a placés dans les bonnes grâces de l’entreprise, mais nous a également permis de développer une solide expertise sur laquelle nous nous appuyons encore aujourd’hui », commentent les trois copropriétaires.

Choisir sa clientèle

La demande est très forte dans le domaine de la réfrigération, entre autres, parce que les frigoristes sont rares. Pour les gestionnaires de SoluRef, cette réalité présente des opportunités, mais également des défis. « Puisque nous sommes en démarrage, nous ne faisons que des projets de 100 000$ et moins. Dans le milieu, les ententes fonctionnent par débourser et nous n’avons pas encore le fonds de roulement pour travailler à la fois sur de gros chantiers et sur nos clients réguliers. Nous pensons qu’il est préférable de moduler sa croissance une bouchée à la fois et de ne pas précipiter les choses. »

D’ailleurs, l’équipe est souvent victime de son succès puisqu’il arrive régulièrement qu’après un simple projet d’installation, le client désire leur confier la maintenance de ses équipements sur une période prolongée. « L’objectif pour les prochains mois c’est de se stabiliser. Définir ce qu’on peut faire avec les ressources que nous avons. Il est préférable de choisir une clientèle comme des gestionnaires de parc immobilier. Ceux-ci nous garantissent de l’ouvrage et des revenus dans le temps. Toutefois, ça peut devenir problématique. En effet, dans le secteur de la climatisation, l’été est une période de pointe. La charge de travail arrive donc par vague. Plusieurs entreprises doivent respecter des normes de température réglementées par la CNESST, ils ne peuvent donc pas attendre quand un bris survient dans leur équipement. Choisir un client ne repose donc pas simplement sur la valeur du contrat, mais aussi sur la charge de travail qu’aura celui-ci cumulé avec nos autres ententes », concluent les trois copropriétaires.

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