SAGUENAY – Lors de notre entretien avec Mario Albert, directeur principal approvisionnement stratégique d’Hydro-Québec (HQ), celui-ci a expliqué à Informe Affaires que, depuis la fin de 2016, les grands accords commerciaux signés par le Canada et le Québec ont un impact significatif sur la stratégie d’acquisition de biens et services d’HQ.
L’homme précise que ces grandes ententes ont changé la donne pour l’attribution des contrats publics entre Hydro-Québec et ses fournisseurs de biens et services. Il faut savoir que, depuis la fin de 2016, HQ ne peut plus tenir compte du contenu québécois pour les achats de plus de 500 000 $ de produits et services, alors que la limite est fixée à 5 M$ pour les travaux de génie civil. Ce qui veut dire, à titre d’exemple, que des entreprises d’Ontario ou d’Europe sont en droit de répondre aux appels d’offres publics du Québec, des règles qui ont leurs réciproques pour nos PME.
« Même si ce n’était pas notre rôle de le faire, nous avons tenté de sensibiliser les entrepreneurs sur l’impact des accords interprovinciaux et internationaux », explique-t-il. Autres contraintes incontournables pour les entrepreneurs qui veulent dorénavant travailler auprès d’HQ : se soumettre à l’incontournable analyse de conformité de l’Autorité des marchés publics (AMP) et de celle de l’Autorité des marché financiers (AMF).
Réduction des coûts
Mario Albert ne cache pas que depuis l’arrivé d’Éric Martel à la tête de la société, ses patrons ont mis en place de nombreux changements stratégiques en approvisionnement, dans le but de réduire les coûts. Il confirme que, depuis deux ans, Hydro-Québec est passé de « l’approvisionnement réactif » à « l’approvisionnement proactif ». « Il s’agit de gagner en agilité pour établir nos besoins futurs en produits et services. […] En fait, nous réalisons une analyse en profondeur et faisons des projections d’achats sur cinq ans, ce qui nous permettra à terme de réaliser des économies substantielles », confie-t-il.
Virage santé-sécurité
Un autre enjeu qui a pu causer des maux de têtes aux entrepreneurs faisant affaire avec Hydro-Québec, c’est le virage santé-sécurité opéré par la société au cours des dernières années, un peu à l’image de ce qu’a réalisé Rio Tinto Aluminium. Bien entendu, la SST a toujours été très importante pour HQ, toutefois les pratiques se sont resserrées considérablement, selon Mario Albert, qui assure que la société a accompagné plusieurs fournisseurs dans ces changements.
« Ce n’étaient surtout pas des mesures pour éliminer des fournisseurs moins performants à ce chapitre, car nous avons mis en place des mesures d’accompagnement. […] À titre d’exemple, nous leur demandions d’évaluer les risques d’une situation et d’établir un plan d’action. Au début, 90% de ceux-ci étaient rejetés. Aujourd’hui, c’est l’inverse. On veut faire grandir nos fournisseurs en santé-sécurité », explique-t-il.
Commercialisation HQ : Le défi de la facture la plus basse
SAGUENAY – Marc Bélanger, délégué commercial d’Hydro-Québec pour le Saguenay–Lac-St-Jean, est formel: « Je veux la facture la plus basse possible pour mes clients, toutes sources d’énergie confondues ». Celui qui est responsable des clients majeurs au tarif M (moyenne puissance) pour les secteurs industriel, commercial et institutionnel, adore son travail, et ça paraît.
On peut se demander ce qui motive cet homme dynamique à aider les clients d’HQ, alors que la société opère dans une situation de quasi-monopole? Marc Bélanger explique tout d’abord qu’il est en compétition avec les fournisseurs de pétrole et de gaz et que son produit doit être concurrentiel. Mais surtout, accompagner et conseiller ses clients actuels ou en développement pour qu’ils aient une meilleure utilisation de l’énergie permet à HQ d’avoir des clients plus performants au niveau financier, donc de mieux gérer la demande en énergie du Québec et de pérenniser les revenus de la société d’État.
Une majeure en bois
En poste depuis 2010, celui qui se définit comme un « gars de finance » assure qu’il connaît très bien le milieu industriel régional. « J’ai une majeure en bois », lance en boutade Marc Bélanger pour illustrer le fait qu’une importante partie de ses clients évolue dans le secteur du sciage. Toutefois, il dessert également le milieu institutionnel, comme le CIUSS. « Au quotidien, je conseille les gens sur les équipements les plus performants au niveau énergétique. Nous avons une équipe de cinq ingénieurs pour supporter le développement des solutions de consommation d’énergie. […] Il arrive régulièrement que je recommande aux clients d’utiliser en combinaison le gaz ou le mazout avec l’électricité, si ça permet de baisser la facture globale d’énergie », assure-t-il.
Contrôle intelligent de la consommation
Dans le panier d’outils privilégié par l’équipe de Marc Bélanger pour atteindre des performances idéales en usine, on trouve les applications de télégestion de la consommation et de contrôle intelligent des pointes d’utilisation d’énergie. Ils permettent d’optimiser la santé énergétique globale de l’entreprise et diminuer sensiblement les dépenses à ce chapitre. Une des approches stratégique d’HQ pour maintenir la facture des clients au plus bas niveau possible, c’est de les amener à niveler et à équilibrer leur consommation, pour éviter de payer davantage quand la demande est en pointe. « Là-dessus, notre grille tarifaire envoie des signaux très clairs », assure Marc Bélanger, qui supporte également ses clients au regard des programmes d’aide financière en efficacité énergétique.
Collaborer avec les équipementiers régionaux
Marc Bélanger soutient qu’il aime particulièrement que les entrepreneurs l’appellent pour qu’il puisse les conseiller dès le départ afin que leurs projets aboutissent. « J’accompagne les gens à partir du poteau. Les promoteurs m’appellent et je leur trouve le meilleur chemin au sein d’HQ pour réaliser leurs projets », lance-t-il. Il confie également qu’il conseille souvent la clientèle sur les équipements dits « intelligents » les plus performants, en travaillant en étroite collaboration avec une dizaine d’équipementiers et distributeurs de matériel de la région.
Voir autre texte: 75 ans de croissance