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Karine Boivin Forcier

ALMA – Les chaînes d’approvisionnement mondiales sont perturbées. Les entreprises régionales ne font pas exception à cette problématique. Devant ces enjeux, elles doivent réinventer leur façon de faire des affaires.

En mars 2022, 89 % des manufacturiers québécois disaient être aux prises avec des problématiques dans leur chaîne d’approvisionnement ayant un impact sur leur production ou la vente de leurs produits, selon un sondage de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ). Toutefois, Nadine Brassard, directrice générale de SERDEX International, croit que la survie des PME régionales n’est pas menacée pour l’instant puisqu’elles trouvent des façons de s’adapter.

« Les entreprises exportatrices, par exemple, sont agiles. Elles sont habituées à naviguer dans un environnement qui n’est pas toujours stable. Elles trouvent des moyens. Nous essayons aussi de les outiller, de leur fournir l’information pour mieux comprendre ce qu’il y a derrière la situation, les moyens de se protéger. Nous voulons les aider à trouver des solutions », affirme-t-elle, rappelant que SERDEX International a organisé récemment une demi-journée conférence sur le sujet à laquelle une cinquantaine de personnes ont assisté.

Selon Mme Brassard, l’impact sera aussi différent pour une organisation qui exporte un produit à haute valeur ajoutée, de niche, par rapport à une autre qui œuvre dans un marché où il y a une très forte concurrence. « Tous les prix montent aussi, ça touche le monde entier », rappelle-t-elle.

Faire les choses différemment

Avec les problématiques d’approvisionnement qui créent des enjeux au niveau des délais, les entreprises doivent faire les choses différemment. « Ça change la manière de faire des affaires. Avant, on était beaucoup dans le “juste à temps”. On avait un contrat, on commandait les matières premières nécessaires pour le réaliser. Maintenant, il faut prévoir plusieurs mois d’avance pour être sûr d’avoir les pièces en stock. […] On ne peut plus promettre des délais rapprochés. Il faut se garder des réserves si l’on veut respecter nos délais, commander plus tôt si l’on veut être prêt à temps, par exemple pour les produits saisonniers », illustre Nadine Brassard.

La directrice générale de SERDEX International estime que les entreprises doivent réfléchir et faire les choses différemment, tant du côté des commandes que des ventes. « Il faut éduquer nos clients à être plus patients aussi. On ne vend plus de la même manière qu’avant. Si l’on mise sur notre rapidité de livraison, il faut être capable de le respecter et avoir le modèle d’affaires qui suit notre stratégie. »

Se rapprocher

Parmi les solutions, Mme Brassard évoque aussi la possibilité de rapprocher les chaînes d’approvisionnement. « Il s’agit de voir comment on peut changer les manières de faire à l’interne pour faciliter toute cette gestion. Il y a des outils comparatifs pour analyser l’ensemble des coûts impliqués dans la chaîne logistique », résume-t-elle. Le répertoire de l’iCRIQ constitue par ailleurs un autre outil intéressant pour trouver des fournisseurs locaux ou Québécois.

Des entreprises régionales ont ainsi déjà entamé des démarches pour rapprocher leurs chaînes d’approvisionnement. D’autres évaluent les possibilités. « Le but, c’est de réduire la distance de l’approvisionnement. Est-ce que les pièces qu’on faisait faire à l’étranger pourraient se faire ici ? Ça peut représenter des opportunités aussi pour des entreprises locales de se diversifier et fabriquer des choses pour d’autres PME qui en ont besoin », souligne Nadine Brassard.

Pas seulement la COVID

Nadine Brassard rappelle que les problématiques d’approvisionnement ne sont pas seulement dues à la pandémie, mais commençaient déjà à se faire sentir avant. Elle évoque notamment le blocus ferroviaire de 2020 au Canada, le manque de conteneurs maritimes, la congestion dans les ports due aux mesures de confinement, les problèmes de main-d’œuvre et la guerre en Ukraine.

Cette accumulation d’événements crée des bris dans les chaînes d’approvisionnement, entraînant retards de livraison et une augmentation des coûts. Toutes les entreprises peuvent être touchées, pas seulement celles qui importent directement sur les marchés internationaux, mais aussi celles qui font affaire avec des fournisseurs locaux qui, eux, importent des produits ou des matières premières.

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