Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Vitrine industrielle du Lac-Saint-Jean, une vue d’ensemble » publié dans notre édition du mois de juin.

DOLBEAU-MISTASSINI – Le projet de motel serricole de la municipalité de Dolbeau-Mistassini est actuellement à l’étape de faisabilité. Une première étude a démontré la rentabilité du modèle d’affaires en 2021 et l’équipe est présentement à la recherche d’un promoteur et d’un terrain.

Des projets de motels serricoles sont actuellement à l’étude dans plusieurs MRC et villes de la province, dont celle de Dolbeau-Mistassini. Selon Innovagro Consultants (IC), la firme de Saint-Félicien à l’origine du concept, un motel serricole permettrait à de petits producteurs de fruits et de légumes locaux d’accélérer leur croissance en disposant d’un espace locatif en serre et en bénéficiant de moyens de production modernes. De plus, on précise sur le site Internet d’IC que les locataires pourraient mutualiser leurs achats d’intrants, leur main-d’œuvre et leur mise en marché. En résumé, il s’agit d’une approche qui favorise les économies d’échelle.

« Notre première étude de faisabilité de 2021 nous a permis de confirmer que le modèle d’affaires élaboré ainsi que les dessins techniques de la serre sont justes et viables économiquement. Dans sa conception actuelle, notre bâtiment est composé de trois locaux. Le premier est l’unité de production des végétaux. On parle d’un espace comprenant 10 modules (lots) de 1000 m2 chacun pour un total de
10 000 m2. Le second est le département de postproduction où les producteurs pourront effectuer des transformations sur leur récolte et planifier leur mise en marché. C’est d’ailleurs dans cette partie de la bâtisse que des initiatives de mutualisation et de coopération entre locataires seront possibles. Finalement, la dernière salle du complexe serricole est destinée au système énergétique », explique Isabelle Simard, directrice au développement économique à la municipalité de Dolbeau-Mistassini.

Un réseau de chaleur

Le motel serricole pourrait profiter des rejets thermiques de la papetière. En effet, un réseau de récupération et d’acheminement de la chaleur produite par l’usine de Produits forestiers Résolu (PFR) vers la serre est à l’étude. « Les installations seraient chauffées par l’énergie rejetée de PFR. C’est un système complexe dont la Ville serait propriétaire et pour lequel nous pourrions bénéficier d’une importante subvention du gouvernement du Québec. On estime le coût de construction d’un tel réseau à quatre millions de dollars. Le programme Valorisation des rejets thermiques mis de l’avant par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles pourrait rembourser jusqu’à 75 % de la facture. Le réseau pourrait également alimenter la mairie de Dolbeau-Mistassini. Celle-ci doit être rénovée au courant de 2023. »

Trouver preneur

Dans les prochaines semaines, Isabelle Simard et son équipe discuteront avec des producteurs agricoles de la MRC de Maria-Chapdelaine afin de dénicher des entrepreneurs prêts à investir. « On cherche un opérateur ou un groupe d’investisseurs prêt à financer et administrer l’infrastructure. Toutes les options sont sur la table, la forme juridique du motel serricole n’est pas encore déterminée. Cela peut être une coopérative de travail ou encore une société par actions. Les gens qui possèderont la serre décideront cela en temps et lieu. Du côté de la Municipalité, nous serons les propriétaires du réseau de chaleur, mais nous ne serons pas actionnaires de la serre. »

La gestionnaire précise qu’après quelques discussions avec des gens dans le domaine de l’agriculture, la recherche d’investisseurs ne sera pas compliquée. « Il y a un engouement pour un tel projet. Il faut rappeler que les lots de terre dans la serre sont tous en mode locatif. Un modèle d’affaires unique pour les producteurs maraîchers qui désirent poursuivre leurs activités à l’année et pour les jeunes entreprises qui recherchent un lieu pour être “incubées”. »

Planifier la croissance en amont

La serre aurait une superficie totale de 12 000 m2 et devrait disposer d’un terrain deux fois plus grand, soit 24 000 m2. « Dans ce genre de projet, il faut prévoir les agrandissements futurs et la croissance. C’est pourquoi un grand terrain est envisagé. En chiffres, cela peut sembler imposant, mais l’infrastructure, évaluée à 2 M$, est plus petite que celle des Serres Toundra, qui s’étendent sur 35 000 m2. C’est important de le préciser, l’une des craintes des citoyens, c’est la pollution lumineuse générée par ce type de bâtiment. Dans le cas de notre motel serricole, l’éclairage forcé ne sera pas nécessaire », indique Isabelle Simard.

La directrice au développement économique est confiante du succès qu’aura le projet. « Plusieurs éléments jouent en faveur d’une telle initiative, comme l’augmentation du coût du carburant et les ralentissements dans les différentes chaînes d’approvisionnement. Nous proposons des aliments locaux qui n’ont pas à parcourir des milliers de kilomètres pour arriver à la table du consommateur. De plus, les végétaux cultivés dans la serre se vendront à des prix compétitifs et générerons des marges bénéficiaires appréciables. Le MAPAQ pourrait également apporter un soutien financier puisqu’il s’agit d’une initiative d’autonomie alimentaire, un concept reconnu et encouragé par le gouvernement du Québec. »

Trouver un emplacement

Parmi les tâches restantes avant la première pelletée de terre, l’équipe de la Ville recherche activement un emplacement pour accueillir le complexe. « Idéalement, il faudrait trouver un terrain tout près de l’usine de PFR pour optimiser le réseau de chaleur. Nous sommes en discussion avec la multinationale forestière pour voir si c’est possible. Dans le cas contraire, l’étude de faisabilité indique que le projet serait rentable même s’il ne récupère pas la chaleur de l’usine », conclut Isabelle Simard.

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