Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Équipementiers et fournisseurs | Rouages essentiels de notre économie publié dans notre édition du mois de mars.

SAGUENAY – Le secteur des équipementiers et fournisseurs suscite un apport économique indéniable au Saguenay–Lac-Saint-Jean. La région possède une grappe de PME importante dans ce domaine qui constitue un moteur de développement, selon l’économiste et professeur à l’UQAC, Marc-Urbain Proulx.

Ce dernier rappelle que le secteur des équipementiers est transversal aux grands secteurs d’activité régionaux que sont la forêt, l’aluminium, l’agriculture et le tourisme. Il inclut dans sa définition les fabricants et les fournisseurs de machineries, d’outils, de matériaux, d’équipements, de moyens de transport, de pièces, mais aussi les entreprises du domaine de la construction et celles des services experts.

« Au niveau macroéconomique, c’est multisectoriel. Ça touche environ 90 secteurs d’activité reconnus par Statistiques Canada. C’est un champ très large », explique M. Proulx.

Grappe importante

Selon les données récoltées par l’économiste, le Saguenay–Lac-Saint-Jean compte quelque 750 à 800 équipementiers. Ceux-ci fournissent de 12 000 à 14 000 emplois. « Ça représente environ 10 % des emplois de la région », précise-t-il. Il s’agit généralement de postes qualifiés et bien rémunérés.

Ces équipementiers se répartissent en trois champs économiques. Le secteur des fournisseurs regroupe ainsi quelque 300 PME qui créent environ 4 500 emplois. Le domaine de la construction englobe environ 350 entreprises totalisant de 6 000 à 7 000 emplois. Quant au champ des services experts tels que l’ingénierie l’architecture et l’arpentage, il compte, selon les années, de 125 à 150 organisations soutenant 2 000 à 2 500 emplois.

Masse critique

Marc-Urbain Proulx indique que le Saguenay–Lac-Saint-Jean héberge environ 6 % des équipementiers du Québec, alors que sa population représente seulement 4 % de celle de la province. Cela démontre une masse critique importante, que la région a su conserver notamment grâce à sa position géographique. « Nous sommes un carrefour : il y a une route qui va vers le Nord, une vers la Côte-Nord, une vers la Mauricie et une vers Québec », rappelle-t-il.

Selon l’économiste, les PME de la région œuvrant dans le secteur sont en mesure de bien se positionner dans le marché. « Elles ont développé la capacité de créer des alliances et des partenariats entre elles. Parfois, elles se mettent à plusieurs pour obtenir des contrats plus importants. Les petits équipementiers travaillent aussi avec les plus gros en sous-traitance », souligne-t-il.

Les équipementiers du Saguenay–Lac-Saint-Jean ont en effet orchestré tout un écosystème qui soutient leur développement. Celui-ci est également supporté par les différentes instances publiques. « Nous avons aussi de bons établissements d’enseignement avec des formations actualisées. Nous avons un excellent système de soutien aux équipementiers. Il y a la CIDAL et Promotion Saguenay, mais il y a beaucoup d’autres organismes aussi qui sont présents », illustre M. Proulx.

Calibre mondial

Toutes ces conditions font en sorte que les équipementiers régionaux arrivent aussi à se démarquer sur l’échiquier mondial. Plusieurs exportent leurs produits et leur expertise, notamment dans le domaine de l’aluminium.

« Ce n’est pas simple, la concurrence mondiale est très forte, mais ils le font. Généralement, avec les normes qu’elles doivent respecter, quand nos entreprises développent un produit, il est de calibre mondial », indique Marc-Urbain Proulx. L’économiste considère que le rôle de moteur économique du champ des équipementiers pourrait être reconnu davantage. « Il pourrait même être ciblé comme créneau de développement pour la région », conclut-il.

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