Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Développement minier : les projets miniers et leurs enjeux au Saguenay-Lac-Saint-Jean et au nord du Québec », publié dans notre édition du mois d’octobre.

SAGUENAY – Passionné de roches et minéraux depuis sa plus tendre enfance, Frédéric Bergeron est devenu prospecteur au fil de ses expériences de vie. Également joaillier, il combine ingénieusement ces deux professions.

Après un diplôme d’études professionnelles en joaillerie, il a lancé, à 18 ans, sa première entreprise d’importation et d’exportations de minéraux, pierres gemmes et pierres précieuses, ce qui l’a amené à voyager aux États-Unis et en Europe et à effectuer des stages auprès de maîtres joailliers.

« J’ai toujours aimé les gemmes. J’ai toujours eu l’objectif de montrer qu’on peut en trouver ici. […] Mon approche, comme les hivers sont froids au Québec et qu’on ne peut pas vraiment faire de prospection, était de fabriquer mes bijoux et faire mes voyages à l’étranger l’hiver. L’été, j’utilisais les gains du commerce pour faire de l’exploration et rechercher des gemmes au Canada », souligne le joaillier.

Un point tournant

Le rêve de Frédéric Bergeron de trouver des gemmes plus précieuses s’est réalisé en 2007-2008, lorsqu’un prospecteur de la Côte-Nord lui a demandé son avis après avoir trouvé une pierre bleue. Après analyse, M. Bergeron a pu confirmer qu’il s’agissait d’un béryl de variété aigue-marine. « Mon étonnement était tel que j’ai demandé au prospecteur si je pouvais aller sur le site pour voir la découverte de mes propres yeux. Après entente avec le prospecteur, j’ai procédé à l’extraction de ce qui est finalement la plus grande pierre gemme répertoriée au Canada : un cristal complet de 50 kilogrammes », révèle-t-il.

Cette découverte a été un point tournant dans la carrière du jeune prospecteur, qui a décidé de fonder, en 2012, sa propre entreprise de services en exploration minière, Magnor Exploration. « Je me suis rendu compte qu’il y avait un réel besoin dans l’industrie pour des gens comme moi », explique-t-il. Depuis 2018, Magnor compte une filiale, Periodic Resources, qui se consacre à l’exploitation, pour l’instant d’une carrière de granulats denses dans les monts Valin.

Si le prospecteur a élargi ses horizons en matière d’exploration (il a d’ailleurs fait une belle découverte de cuivre dans la région cet été), il garde toujours l’œil ouvert pour déceler les indices qui pourraient faire penser à la présence de gemmes sur le terrain. La joaillerie occupe encore une partie de ses activités, alors qu’il vend ses créations aux croisiéristes, notamment, au quai des croisières, à La Baie.

La grande majorité de ses bijoux sont fabriqués à partir de pierres qu’il a trouvées lui-même et mettent en valeur les pierres gemmes canadiennes, québécoises, et même régionales.

« On détient les droits sur un gisement régional d’amazonite, qu’on transforme et vend nous-mêmes, qui possède une qualité exceptionnelle de la pierre et de sa couleur », précise M. Bergeron.

Il a également découvert une anorthosite de couleur rose à fuschia, dont il cherche actuellement à trouver le nom, mais qui ne semble pas répertoriée dans les livres.

Frédéric Bergeron exploite aussi les spinelles, des pierres souvent associées au rubis et au saphir. « Nous n’avons pas encore trouvé de traces de ces deux pierres-là, mais j’espère pouvoir faire des découvertes éventuellement », note le prospecteur.

Pierres gemmes utilisées par le joaillier

Régionales

Labradorite

Péristérite

Amazonite

Cordiérite

Spinelles

Québécoises et canadiennes

Aigue-marine : Sept-Îles

Vésuvianite et grenats : Cantons-de-l’Est

Émeraude : Ontario

Saphir bleu : Outaouais

Opales : Vallée de l’Okanagan

Jade : Colombie-Britannique.

Commentaires