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Jean-Luc Doumont

SAGUENAY – Même si c’est un métier méconnu, dont la moyenne d’âge des travailleurs est de 55 ans, Mathieu Tremblay représente l’avenir de ce métier qui se tourne de plus en plus vers les nouvelles technologies et les « scanners » en trois dimensions. Ce travailleur dans l’ombre des grands projets nous a ouvert les portes de son bureau.

Après avoir fini l’université en 2007, Mathieu a intégré le bureau où son père, Jean-Guy Tremblay au bureau de Chiasson, Thomas, Tremblay et associés, au cours de l’année suivante. Dans un premier temps à Chicoutimi, pour sa période de stage, pour ensuite se diriger vers La Baie. De 2008 à janvier 2016, Mathieu Tremblay a exercé son métier avec son père qui, depuis les vacances d’été, a quitté de façon « presque définitive », selon l’expression de son fils qui ajoute qu’il accepte encore quelques contrats comme expert foncier pour les mandats de rénovations cadastrales.

Même si lors de sa venue dans les bureaux de La Baie, la relève entrepreneuriale n’avait pas été discutée, c’est au cours des années que les échanges ont eu lieu en ce sens. « Avant de faire mes preuves, nous n’en avons pas discuté. Je ne voulais pas juste ramasser les parts de mon père ; je voulais que les associés avec qui nous travaillons jugent que ça fonctionnait aussi. Il fallait une bonne chimie dans le travail; chose que j’ai trouvée rapidement en travaillant avec eux », a-t-il commenté.

Mathieu Tremblay n’a pas caché son envie de prendre la relève à son père. Il a d’ailleurs assisté à plusieurs colloques où ce thème était abordé de différentes façons. « Tranquillement, mais sûrement, lorsque les associés ont vu mon intérêt, j’ai commencé à participer aux décisions plus importantes de l’entreprise. J’étais consulté lors des achats pour de gros équipements ou lors de changements technologiques. J’ai chapeauté à l’interne des projets que je qualifierais d’assez importants pour le gros virage informatique. Je pense bien humblement que c’est avec ce dossier que les associés ont vu que j’avais des aptitudes pour prendre des décisions dans des projets d’envergure et ainsi démontrer ma vision globale ».

C’est en janvier 2016 que le processus a débuté pour acquérir les parts de son père et c’est seulement deux mois plus tard que le tout a été officiellement accepté. « C’était décidé que Jean-Guy Tremblay et Ghislain Tremblay quittaient en janvier. Le temps de finaliser l’année financière et préparer l’ensemble des papiers. D’ailleurs, Félix Tremblay, le fils de Ghislain, a fait son entrée dans le bureau aussi en 2008 », a ajouté Mathieu Tremblay.

Selon ce dernier, les arpenteurs-géomètres sont des « oiseaux rares ». À peine 1 000 au Québec et la moitié travaille dans la fonction publique. « Nous avons un métier essentiel et il est méconnu. La pénurie de main-d’œuvre touche notre profession. En fait, si tu n’as pas quelqu’un dans ta famille qui exerce ce métier, tu ne connais pas notre travail au quotidien. Il y a plus de 100 ans, les arpenteurs-géomètres étaient des explorateurs et il y a 400 ans, c’était des navigateurs qui découvraient le Nouveau Monde. L’un des premiers dans notre profession c’est Samuel de Champlain, le premier cartographe qui a donné les premiers plans et même les premiers noms de rues. Nous sommes des travailleurs de l’ombre et à l’ombre des grands projets. Si nous pensons à l’amphithéâtre à Québec, la première personne qui a été sur le terrain, c’était un arpenteur-géomètre. Il a tracé le profil et dessiné le terrain. Par la suite, les décisions en ingénierie se réalisent grâce à nos tracés et nos données ».

SI la moyenne d’âge est de 55 ans, ces arpenteurs-géomètres ont appris avec la précédente méthode, soit le papier et le crayon. La pratique quotidienne a évolué rapidement dans les nouvelles technologies durant les dernières années. « J’ai étudié en informatique avant de bifurquer dans la géomatique. Je suis à l’affût des nouveautés pour atteindre de nouveaux marchés. Les logiciels permettent de réaliser des bases de données centralisées. Cela permet de mieux gérer l’information et nous la rendons plus accessible à nos associés. À présent, tous les bureaux communiquent entre eux grâce au logiciel qui partage les données. Nous avons 55 000 minutes d’arpentage dans les trois bureaux ».

L’avènement des scanners en trois dimensions, aux dires de Mathieu Tremblay, permet de recevoir en moins d’une minute l’équivalent de 300 000 points dans un espace défini, ce qui possède l’avantage de ne pas oublier un seul élément.

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