Dominique Savard
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Dominique Savard

ALMA – Une quatrième génération de propriétaires prendra les commandes du Groupe LFL(Laval Fortin limitée) d’Alma après une année de transition en 2021. Ainsi, trois releveurs succéderont à Charles Deslauriers et à sa conjointe Lynda Noël. Il s’agit de Jean Deslauriers (le fils de Charles), qui possède plus de vingt ans d’ancienneté dans l’entreprise, ainsi que de deux nouveaux venus, Vassilis Fasfalis et Stéphan Lepage, tous les deux d’ex-cadres de Groupe Gilbert.

Après 75 ans d’existence, Groupe LFL est une véritable institution au Lac-Saint-Jean. Fondée en 1957 par Laval Fortin, l’entreprise compte quatre compagnies sœurs. Ses principaux marchés se retrouvent au Nunavut, en Ontario, à Terre-Neuve et au Labrador. L’organisation peut compter jusqu’à 300 employés, quand les projets sont au rendez-vous.

« Stéphan (Lepage) et moi sommes deux vétérans dans l’industrie de la construction avec des forces complémentaires. Pour lui, c’est la gestion, les finances et l’administration alors que moi, je suis dans les aspects juridique et commercial », souligne dans un premier temps Vassilis Fasfalis. « Nous savions qu’il y avait un processus de relève d’entamé chez Groupe LFL et nous avons fait une première démarche d’intérêt en novembre dernier. Après quelques rencontres et discussions, la chimie s’est opérée. On avait un match parfait et nous avons convenu, en janvier, de joindre leur équipe », ajoute M. Fasfalis. Ce dernier ajoute que la prochaine année en sera une de transition, accompagnée par les cédants Lynda et Charles. « Reprendre une entreprise du calibre de LFL, ça ne se fait pas en criant ciseau. Il va y avoir un accompagnement et une collaboration très étroite au cours des prochains mois et, si tout va comme prévu, on fera une transition officielle au début janvier 2022. »

Posséder son entreprise

Pour sa part, Stéphan Lepage, directeur général chez Groupe Gilbert depuis bientôt trois ans et à l’emploi de cette organisation depuis 22 ans, avoue avoir toujours eu l’ambition de posséder une entreprise depuis son plus jeune âge. « J’avais l’ambition de me lancer en affaires, mais je n’ai jamais eu le cran de le faire pour différentes raisons. Toutefois, à 51 ans, je ne pouvais laisser passer une telle occasion. Je suis une personne axée sur les valeurs, le côté humain et j’adore la business. Il n’y a pas seulement l’argent, mais travailler avec les gens, qu’ils soient bien, de donner ma couleur à une telle entreprise. Il faut que ça clique et c’est ce qui s’est produit avec Charles et Lynda, et bien sûr, notre associé Jean Deslauriers. »

Directeur de l’approvisionnement et logistique de LFL depuis 2012, Jean Deslauriers travaille au sein de l’équipe depuis 2000. « J’ai fait mes classes. J’ai vécu le Nord, les chantiers, les bateaux, la logistique, les avions pour faire perdurer l’esprit de famille », précise-t-il.

Garder la propriété régionale

À eux deux, les cédants Lynda et Charles comptent 75 années de service chez Groupe LFL, la femme d’affaires soulignant même le cap des 40 ans d’implication. « On va sûrement verser une larme en décembre prochain. Ce n’est pas évident de donner notre enfant en adoption… Nous avons placé notre confiance en nos releveurs pour qu’ils assurent la pérennité de l’entreprise. Il était très important pour nous de conserver la propriété régionale. Avant la pandémie, en 2019, on travaillait partout et on payait des salaires jusqu’à 1 M$ par semaine et cet argent revenait dans la région. On a toujours été fier de cela. Nous avons résisté à la vague, il y a 15 ou 20 ans, où des entreprises régionales étaient rachetées par d’autres de Montréal ou d’ailleurs. Même si ça coûte un peu plus d’argent en raison du transport, notamment, nous avons toujours dit qu’on a du bon monde ici, que ce soit dans les bureaux ou ailleurs, ils sont travaillants. »

Les deux cédants ajoutent du même souffle: « Nous avons cherché longtemps des releveurs, car plusieurs veulent notre poste, mais pas le job. Nous avons eu la main heureuse avec Jean, Vassilis et Stéphan. LFL est un monde d’opportunités. On peut faire de la très haute logistique jusqu’au résidentiel. On fait présentement un projet pour la Défense canadienne à Nanisivik au Nunavut, la base navale canadienne la plus nordique, pour ravitailler les patrouilles de l’Arctique et d’autres navires du gouvernement. Notre équipe là-bas nécessite un camp pour 60 personnes. Il faut les loger, les nourrir, les transporter. C’est toute une logistique ! », laissent-ils tomber.

Bâtir pour durer

Pour Vassilis Fasfalis, le slogan de LFL, « Bâtir pour durer », le ramène aux valeurs profondes du Groupe. « C’est un slogan qui m’interpelle beaucoup. On prend le meilleur des gens en place, on ajoute un peu de notre sauce dans la recette en restant ancrés avec les valeurs de l’organisation, ce qui assure une continuité à travers le temps. Quand on regarde les dossiers de relève, il ne faut pas sous-estimer l’effort et le travail intérieur des cédants. Ils ont un attachement émotionnel au-delà du prix de la transaction. Ils acceptent de nous intégrer dans l’équipe et de nous céder leur entreprise. »

Rappelons que, fondé en 1957 par Laval Fortin, le Groupe LFL met l’accent sur les projets de construction de tous types, de rénovation et d’entretien de bâtiment, d’ouvrage de béton et de construction de chemin d’accès, de campement, et sur les grands projets d’infrastructures miniers et hydroélectriques. Après M. Fortin, les autres propriétaires ont été son frère Yvon Fortin (avec des gestionnaires de projets) et, jusqu’à aujourd’hui, Charles Deslauriers et Lynda Noël.

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