Dominique Savard
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Dominique Savard

SAGUENAY – La SADC du Haut-Saguenayévalue que la crise de la COVID-19 pourrait lui faire perdre environ un tiers des prêts alloués à quelque 75 entreprises financées sur son territoire, ce qui représente un risque d’un montant d’environ 1 M$ pour l’organisme.

« Ce calcul, c’est mon vieux réflexe. Quand la crise est arrivée, je me suis dit tout de suite qu’on allait perdre de l’argent et je me suis mis à compter. En réfléchissant et avec le temps, j’ai compris que c’est beau de protéger les entreprises, mais il ne faut pas oublier de sauver les collectivités dans leur développement pour créer un dynamisme et faire en sorte que les PME soient à l’aise. Ça ne nous empêche pas de continuer de les accompagner, incluant une aide financière, quand elles viennent s’établir ou qu’elles sont dans ces collectivités », mentionne André Boily, le directeur général de la SADC du Haut-Saguenay, dont le territoire comprend quelque 700 entreprises.

Le DG, qui rappelle que le ministre de l’Économie et de l’Innovation Pierre Fitzgibbon a déclaré s’attendre à la perte de 40 % des entreprises au Québec à la suite de la pandémie de coronavirus, affirme qu’il faut trouver des façons d’aider les collectivités à demeurer dynamiques. « Mon idée de base demeure le développement durable (DD). J’aimerais qu’on mobilise nos efforts pour contrer l’impact du virus avec une série d’actions comme de la synergie industrielle, de l’accompagnement dans une démarche de DD, du financement durable, de la comptabilité verte, etc. Je pense à une douzaine d’actions toutes en lien avec le DD qui viendraient s’attaquer aux conséquences du virus. Plus les PME adopteront ces pratiques, moins l’impact sera grand. »

Adapter les moratoires

Au lendemain du confinement, la SADC du Haut-Saguenay a modifié ses services. Tous les clients (ils sont 75), ont été appelés pour discuter, sonder les besoins. « Tout le monde était bien content de cette action. La grande majorité de nos clients ont demandé un moratoire sur les prêts alloués. On a répondu avec un moratoire de trois mois, ce qui représente environ 200 000 $ pour nous, mais ce n’est qu’un report de paiement qui comprend le capital et les intérêts. D’ici la fin juin, nous allons les rappeler pour leur demander si ça va et s’ils ont la capacité de rembourser. À partir de là, on va adapter nos moratoires », explique M. Boily.

Parmi les autres besoins des clients de la SADC du Haut-Saguenay, il y a des demandes d’informations sur le télétravail, sur comment conserver les employés, et surtout, sur la compréhension des différents programmes offerts par les gouvernements. « Pour cela, j’ai embauché un consultant pour faire l’analyse de ces différents programmes, mais encore là, ils construisent l’avion en plein vol, ce qui veut dire que les programmes sont modifiés au fur et à mesure. Tout cela est difficile à suivre pour nous et les entrepreneurs. Nous avons sélectionné les programmes en fonction de l’entreprise, car les aides sont différentes selon que l’entreprise en soit une de services ou manufacturière. »

L’après COVID-19

Par ailleurs, le directeur général insiste. Il souhaite que les ressources de son organisme soient mobilisées pour supporter les PME dans une stratégie de développement durable. « Ça ne veut pas dire pour autant que l’on n’aidera pas les autres. Toutefois, celles qui le désirent auront des conditions privilégiées, notamment au niveau du taux d’intérêt. C’est normal, car selon une étude effectuée au Massachusetts auprès de 180 entreprises, il a été démontré que plus les actions des entreprises sont faites avec le développement durable, plus leurs actions sont élevées par rapport aux autres à long terme. En DD, il faut intégrer les quatre éléments que sont l’économie, le social, l’environnemental et la gouvernance. Toutefois, si les besoins de liquidités sont immédiats, le DD n’est pas une option », renchérit André Boily.

De plus, la SADC travaille actuellement sur un projet de synergie industrielle qui sera présenté dans quelques semaines. « Il s’agit d’entreprises qui se regroupent et pas nécessairement dans le même espace géographique. Elles peuvent travailler ensemble pour partager des choses comme, par exemple, des rebuts qui peuvent servir à d’autres comme matière première, des locaux qui peuvent être prêtés ou sous-loués, des échanges de ressources humaines pour conserver la main-d’œuvre saisonnière, etc. On veut mettre cela en place à la sortie de la crise. »

Aide financière du gouvernement Trudeau

Enfin, tout comme ses collègues des 66 autres SADC et CAE du Québec et 268 organisations de tout le pays, André Boily a bien apprécié l’annonce du 17 avril de la contribution financière de 287 M$ du premier ministre Justin Trudeau qui permettra à toutes ces organisations de poursuivre leur travail d’aider les entrepreneurs à assurer leur stabilité et à préparer la relance.

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