Dominique Savard
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Dominique Savard

SAGUENAY – Dans les prochains mois, le Saguenay–Lac-Saint-Jean comptera 27 700 postes à pourvoir par de la nouvelle main-d’œuvre. 95 % de ceux-ci sont dus aux départs à la retraite alors que seulement 5 % sont liés à une réelle création d’emploi. Il s’agit d’une légère augmentation selon les données 2017-2021 révélées par Services Québec.

« Il s’agit d’une légère augmentation, car en 2017, il y avait 26 800 postes à pourvoir sur les 130 000 postes dans la région. Ces postes à pourvoir ne concernent pas la mobilité et le roulement. Ce sont des départs nets des gens qui sortent du marché du travail et qui nécessitent l’embauche d’un autre travailleur », expliquent Lison Rhéaume et Marc Tremblay, respectivement directrice régionale et économiste régional, auprès de Services Québec. Les deux spécialistes ajoutent que le cycle de nombreux départs à la retraite commence à s’essouffler tranquillement. « Ça devrait s’atténuer d’ici 5 à 10 ans selon les projections démographiques, car la courbe des 20-29 ans commence à remonter par rapport à celle des 55-64 ans. »

Selon la récente version du rapport annuel État d’équilibre du marché du travail à court et moyen terme du ministère québécois du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale Diagnostics de 500 professions 2019-2023, on remarque que 17 professions (comme les aides-infirmiers, préposés aux bénéficiaires, omnipraticiens en soins de santé, ouvriers agricoles, programmeurs, soudeurs, installateurs et réparateurs de matériel de télécommunications, techniciens en génie électronique et électrique, etc.) sont en déficit de main-d’œuvre disponible et 106 autres en léger déficit. 29 professions sont en surplus (5) ou en léger surplus (24), alors que 153 sont en équilibre et 195 professions sont sans diagnostic (les professions qui ont plus de 50 personnes qui l’occupent dans la région sont catégorisées).

Rareté de main-d’œuvre, l’affaire de tous !

Selon les deux intervenants, derrière les chiffres, il y a des services qui sont offerts tant pour aider les entreprises à relever des défis de main-d’œuvre qu’à aider les individus à accéder au marché du travail ou à correspondre au besoin du marché du travail. « La première chose à faire pour éviter de se retrouver en rareté de main-d’œuvre est de fidéliser son personnel. Il y a beaucoup de moyens et ce n’est pas seulement dans la rémunération. Ça va dans les pratiques de qualité de vie, la conciliation travail-famille, etc. Il y a aussi le recrutement. Il faut savoir être moderne et ne pas afficher son offre seulement sur la Page Facebook de l’entreprise. Il faut se tourner vers des sites de Placement qui sont plus recherchés par les chercheurs d’emploi. Le développement des compétences à l’interne est également important.

« Pour tout cela, Services Québec a des conseillers aux entreprises qui peuvent les accompagner et qui sont habilités à les aider à identifier les défis et trouver des solutions. Il y a aussi des solutions pour les individus qui, pour une raison ou pour une autre, ont besoin d’accompagnement, soit dans le développement de compétences de pointe, en préparation à l’emploi, à une entrevue, pour la confection d’un CV, etc. Il y a des agents d’aides à l’emploi disponibles pour les aider », précise Lison Rhéaume.

Stabilité et continuité en 2019

En 2019, la région a connu une certaine stabilité au niveau du marché du travail avec quelque 130 000 emplois, dans un contexte où le taux de chômage diminue doucement. « Ce qu’on peut dire pour la région, c’est que le marché du travail est relativement favorable, par rapport à d’autres régions en regard de la rareté de main-d’œuvre. Le bassin est plus grand chez nous, toute proportion gardée évidemment, qu’ailleurs au Québec. Plusieurs indicateurs le prouvent. Le taux de chômage est le troisième plus élevé, à égalité avec deux autres régions, à 5,5 % alors que la moyenne au Québec est à 5,1 %. Ce qui est intéressant, c’est le taux de postes vacants qui est le plus faible au Québec au troisième trimestre de 2019 (enquête de Statistiques Canada). Il s’agit du nombre de postes vacants par rapport au nombre d’emplois. Il est à 2,5 % ici (2800 postes vacants), par rapport à 3,6 % pour l’ensemble du Québec. Ça veut dire que nos entreprises ne peinent pas tant que cela à trouver de la main-d’œuvre quand elles se comparent à d’autres régions (Chaudière-Appalaches et Capitale nationale, 4,3 %) ».

De plus, le Saguenay–Lac-Saint-Jean est au troisième rang au chapitre du plus grand nombre de chercheurs d’emploi par poste vacant avec trois chercheurs par poste, alors que la Capitale nationale n’est même pas à un chercheur par poste vacant.

« Il faut toutefois que le chercheur corresponde aux besoins du marché du travail. Quand on sait que la moitié des postes vacants exigent un diplôme d’étude secondaire ou aucun diplôme, notre bassin de main-d’œuvre, normalement, est en mesure d’occuper les emplois qui sont vacants, même si nos entreprises peinent à trouver des employés. La situation n’est pas rose pour autant, si l’on tient compte qu’en 2016, il y avait 1 000 postes vacants dans la région, soit trois fois moins qu’aujourd’hui (2 800).

« On est en rareté de main-d’œuvre, il y a des défis, mais il y a des solutions. Tout le monde doit y mettre du sien et travailler ensemble », lancent en cœur Sonia Rhéaume et Marc Tremblay.

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