Auteur

Louis Potvin (Trium Médias))

CHAMBORD – Les démarches sont longues, complexes et onéreuses pour embaucher un employé provenant de l’étranger. C’est l’expérience vécue par Desco de Chambord qui intègre cette semaine un soudeur venant de la France.

« On n’a pas le choix de se tourner vers cette solution pour tenter de combler nos besoins de main-d’œuvre. Pour bien faire, j’aurais besoin de dix personnes de plus. Mais pour cette expérience, nous voulions attendre de voir les résultats avant d’en embaucher d’autres », témoigne le directeur général, Rémi Harvey.

Quand il a acheté l’entreprise, il y a 5 ans avec deux autres partenaires Pierre-Luc Martel et Jean Bouchard, il était loin de penser que ses maux de tête seraient causés par le manque de personnel.

« On a accepté l’invitation du CLD de participer à une mission en France. J’ai eu 80 CV et j’en ai passé 26 en entrevue. Les gens sont qualifiés et veulent quitter la France, car les conditions économiques et politiques sont difficiles. »

Michel Audard a donc décidé de déménager avec sa conjointe et ses deux enfants pour vivre une nouvelle vie.

« On pensait que ça irait plus vite que ça, sincèrement. Il y a beaucoup de paperasse administrative et c’est assez lent au niveau gouvernemental. On a eu une personne qui a travaillé pas mal d’heures pour régler le dossier. Ç’a pris 13 mois! On peut facilement évaluer à 25 000 $ les frais que ç’a engendrés. Il faut donc avoir confiance que ça va rapporter. »

Rémi Harvey se donne 6 mois pour voir si Michel Audard va faire l’affaire. Bien que la barrière de la langue ne s’applique pas, ce sont les expressions et surtout l’adaptation au système impérial plutôt que métrique qui demandera du temps.

« Si ça se passe bien, on va essayer d’en embaucher d’autres. Nous sommes en discussions avec d’autres candidats. »

Michel et l’entreprise ont signé un contrat de trois ans qui les lient l’un à l’autre. Ultimement, si tout se passe bien, Michel pourra demander sa citoyenneté canadienne et poursuivre son travail.

1 M$ de perte de contrats

Rémi Harvey estime à 1 M$ le montant des contrats perdu au cours de la dernière année.

« Je suis obligé de refuser des jobs à cause du manque de main-d’œuvre. Je me consacre sur mes clients principaux qui sont Norbord pour le redémarrage de l’usine de Chambord et les papetières de Résolu autour du Lac-Saint-Jean. »

L’entreprise compte 65 employés et 75 % du travail se fait dans les usines pour des travaux de maintenance. Le 25 % qui reste est pour la fabrication de pièces et d’équipements à l’atelier de Chambord.

Un parcours ponctué d’embûches

Le mauvais sort s’est acharné sur la famille de Michel Audard avant de réussir à s’établir à Chambord pour y vivre une nouvelle vie. Une arnaque pour travailler au Canada et d’autres soucis ont failli briser leur rêve.

« Ça fait cinq ans que nous songions à quitter la France, car la situation ne nous convenait plus. Nous avons fait affaire avec une entreprise de placement qui nous a arnaqués de 8 000 euros (11 600 $). On n’a jamais revu cet argent. Heureusement, ça se termine bien avec mon embauche avec Desco », affirme Michel Audard.

L’homme de 40 ans est arrivé il y a deux semaines avec ses enfants de 8 et 9 ans Kalhen et Abie. Sa conjointe est venue le rejoindre une semaine plus tard pour entre autres pouvoir amener leur chien.

Michel est un homme à tout faire, dont la spécialité est la soudure. Il a déjà eu une entreprise pendant 13 ans, mais le climat économique l’a forcé à abandonner.

« C’est très difficile d’avoir une entreprise en France vue l’augmentation des nombreuses charges sociales et le climat économique. J’ai donc décidé de retourner plutôt comme salarié », explique celui qui vivait dans une petite commune située près de Bordeaux.

Pour ce qui est de sa conjointe, Viginie Pueyo, il n’est pas prévu pour l’instant qu’elle travaille vu qu’elle fait l’école à la maison à ses enfants.

« Jusqu’à maintenant, ça fonctionne bien et je ne crois pas qu’il y ait de soucis au Québec pour répondre aux exigences du ministère de l’Éducation », déclare la femme, 24h après son arrivée en sol jeannois.

Même si les démarches ont été longues, la famille n’a pas perdu espoir. Cependant, Michel connait des gens en France que les délais ont rebiffé et qui n’ont pas osé s’inscrire dans la démarche pour obtenir un travail au Québec.

Nature

Même si le couple n’avait jamais mis les pieds au Lac-Saint-Jean et encore moins à Chambord, c’est l’accès à la nature et les grands espaces qui ont penché dans la balance.

« Nous avions d’autres offres, mais celle Desco nous convenait. C’est aussi le coin de pays qui nous a séduits tout de suite à la suite de nos recherches. Et jusqu’à maintenant nous ne sommes pas déçus. Les enfants adorent jouer dans la neige et semblent bien s’acclimater. »

Michel avait seulement hâte de pouvoir commencer le boulot et se faire des amis au travail. L’intégration sera un enjeu, mais il ne s’inquiète pas de cet aspect pour le moment.

Commentaires