Dans une lettre publiée ce matin par le truchement de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), une vingtaine de grandes, moyennes et petites entreprises installées sur l’ensemble du territoire québécois, dont l’entreprise jeannoise Béton Préfabriqué du Lac (BPDL), somme la CAQ d’agir rapidement dans l’épineux dossier de l’immigration, plus spécifiquement pour aider les régions.
Le document dénonce « l’inaction du gouvernement dans le contexte de la pénurie de main-d’œuvre dont les effets frappent durement les entreprises en région » :
- Refus de nouveaux contrats et d’opportunités d’affaires
- Ralentissement des investissements et du développement de nouveaux produits
- Embauche de candidats sous-qualifiés
Le MEQ souligne notamment que de nombreuses entreprises manufacturières, parmi les 19 400 qui ont des postes à combler au Québec, devront éventuellement fermer, puisqu’elles pourraient être dans l’incapacité d’être compétitif ou même d’assurer la production. Pour les signataires de la lettre, le statu quo sur les problématiques de main d’œuvre est inacceptable, parce qu’ils considèrent que le Québec doit accueillir plus d’immigrants pour combler les trop nombreux emplois disponibles.
Ils soulignent également que le fait de parler le français est primordial, mais que l’on doit laisser plus de temps aux nouveaux arrivants pour atteindre un niveau d’excellence en français. Qu’il faut une véritable adéquation entre les besoins des entreprises et le marché du travail et qu’il faut éliminer la règle d’un maximum 10 % de travailleurs étrangers par usine ou prolonger les visas pour les travailleurs moins qualifiés d’un an à trois ans.
Voici l’essentiel de la lettre de MEQ
« Il est temps d’agir. Nous parlons depuis trop d’années de la pénurie de main-d’œuvre et de ses conséquences sur l’économie québécoise. Pendant ce temps les impacts sont dévastateurs : refus de nouveaux contrats et d’opportunités d’affaires, ralentissement des investissements et du développement de nouveaux produits, embauche de candidats sous-qualifiés, et ce n’est que la pointe de l’iceberg.
Le meilleur moyen de créer de la richesse pour le Québec est d’exporter notre savoir, notre expertise, nos produits. Le secteur manufacturier représente 24 000 entreprises à travers le Québec, 445 000 travailleurs et 89 % de nos exportations.
Nous ne pouvons donc pas nous permettre que le secteur manufacturier, vital à notre économie, soit davantage affaibli par le statu quo sur les problématiques de main d’œuvre.
Mesures insuffisantes
Si des solutions sont souvent avancées, elles peinent à assurer la compétitivité et la viabilité de certaines entreprises manufacturières. Il n’y a tout simplement pas assez de travailleurs qualifiés disponibles pour répondre aux besoins.
L’automatisation et la robotisation sont certainement des avenues à considérer pour faire face aux défis de main-d’œuvre. Or, le manque de travailleurs qualifiés est un obstacle important à l’adoption de nouvelles technologies numériques, selon la BDC. Cette avenue ne peut donc pas à elle seule répondre à ces défis.
Favoriser l’immigration permanente
Dans un premier temps, nous pouvons accueillir plus d’immigrants pour combler les trop nombreux emplois disponibles. Ensuite, il doit y avoir davantage de flexibilité pour s’adapter à la réalité des travailleurs. L’apprentissage du français en est un exemple. Certains travailleurs étrangers consacrent déjà 40 heures par semaine pour combler les besoins criants de nos entreprises. Pourquoi ne pas leur donner plus de temps pour apprendre le français ou adapter le pointage accordé au français sur la grille de sélection? Oui, le français est essentiel pour bien intégrer les nouveaux arrivants, mais peut-on y arriver sans nuire aux besoins de main-d’œuvre ?
Finalement, il faut une véritable adéquation entre les besoins des entreprises et le marché du travail. Les consultations annoncées par le ministre Jolin-Barrette sur le Programme d’expérience québécoise doivent déboucher sur des résultats concrets. Les entreprises manufacturières doivent y être entendues.
L’immigration temporaire, une solution à court terme
En parallèle, il est nécessaire d’adapter aux besoins d’aujourd’hui le programme de travailleurs étrangers temporaires (PTET) qui permet de faire venir des travailleurs étrangers pendant au plus 3 ans. Ce programme a été conçu à une époque où l’on souhaitait protéger les emplois des travailleurs canadiens. Or, le contexte a beaucoup évolué. Par exemple, nous pouvons éliminer la règle d’un maximum de 10 % de travailleurs étrangers par usine ou prolonger les visas pour les travailleurs moins qualifiés d’un an à trois ans.