Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « La main-d’œuvre, une ressource inestimable » publié dans notre édition du mois d’août.

SAGUENAY – En cette période où la pénurie de main-d’œuvre est sur toutes les lèvres, les 37 entreprises adaptées, qui emploient des personnes vivant avec des limitations, sont en demande, selon le Conseil québécois des entreprises adaptées (CQEA).

Ces organisations, dont fait partie la Chaîne de travail adaptée (CTA) dans la région, emploient actuellement 5 000 personnes au Québec, dont 4 000 avec des limitations, qui auraient difficilement accès autrement au marché du travail. « La mission de base d’une entreprise adaptée, c’est de faire travailler et de donner accès à l’emploi à des personnes vivant avec des limitations, qu’elles soient physiques, intellectuelles ou de santé mentale. L’organisation va s’ajuster aux limites de l’employé afin de lui offrir des tâches convenables pour lui », explique Stéphane Thériault, directeur général du CQEA.

Ces entreprises, qui opèrent 65 sites de travail à travers la province, touchent à plus de 200 produits et services dans huit grands secteurs d’activités, notamment l’emballage et la manutention, l’entretien ménager, l’industrie du bois et la récupération. « Elles sont déjà une solution à la pénurie de main-d’œuvre. Il y a beaucoup de firmes qui font affaire avec elles en sous-traitance. Présentement, elles sont très sollicitées. C’est une tendance en augmentation », souligne M. Thériault.

À privilégier

Pour le directeur général du CQEA, les entreprises adaptées sont une avenue à privilégier pour les personnes vivant avec des limitations qui souhaitent intégrer le marché du travail. « On a tout intérêt à ce que ces gens puissent travailler et mener une vie la plus normale possible. Nos organisations s’adaptent à eux et, si leurs limitations augmentent, nous sommes en mesure de revoir leur poste et de nous assurer que les tâches leur conviennent. »

David Perron, préposé à l’entretien ménager de la Chaîne de travail adaptée, fait écho à cette opinion. Vivant avec une paralysie cérébrale causant une hémiplégie du côté droit, il a intégré la CTA en 2001 et œuvre depuis 15 ans au Foyer Saint-François, qui fait affaire avec l’entreprise pour l’entretien de son établissement.

« La CTA, c’est vraiment une belle organisation. Ils m’ont toujours fait confiance et donné de gros contrats. Ils m’ont permis de suivre des cours et des formations dans mon domaine. […] Quand j’ai commencé avec eux, je résidais chez mon oncle. Maintenant, je suis autonome, j’ai mon propre condo », estime-t-il.

M. Perron est, cette année, l’un des cinq lauréats des Prix reconnaissance Roger Pedneault remis par le CQEA et l’Office des personnes handicapées du Québec à des individus s’étant distingués par leur parcours d’intégration au travail en entreprise adaptée. Ce sont sa persévérance, son altruisme et son dévouement qui lui ont permis de se démarquer.

Un tremplin

Le directeur général du CQEA affirme que les entreprises adaptées constituent parfois un tremplin vers le marché du travail régulier pour certaines personnes vivant avec des limitations. Il précise que leur passage au sein des entreprises adaptées leur permet de développer des compétences nécessaires pour faire le saut vers les organisations habituelles.

« Travailler pour la CTA m’a amené à progresser dans mes habiletés par rapport à mon handicap. Au début, j’étais peut-être à 50 %, mais maintenant, je peux tout faire. […] C’est vraiment bénéfique, ça ouvre des horizons », renchérit David Perron, n’ayant toutefois aucune intention de quitter la CTA, à laquelle il est très attaché.

Selon Stéphane Thériault, de plus en plus d’entreprises ordinaires se montrent ouvertes à engager des personnes vivant avec des handicaps. La pénurie de main-d’œuvre les force en effet à devenir plus inclusives. « Elles vont s’adapter plus pour pouvoir aller chercher certains travailleurs avec des limitations », précise-t-il.

Expansion

Même si les entreprises adaptées sont très demandées, M. Thériault estime qu’il y a encore de la place pour l’expansion. « Notre rôle est appelé à grandir. Nos organisations méritent d’être connues comme une option intéressante pour les gens éloignés du marché du travail. » Le directeur général du CQEA croit que de nouvelles entreprises adaptées verront le jour dans le futur. « Même dans les territoires bien desservis, je pense qu’on pourrait voir la création de nouvelles organisations adaptées ou de nouveaux points de service. Le réseau va croître », conclut-il.

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