Guy Bouchard
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Guy Bouchard

ROBERVAL – Le titre de cet article peut surprendre, mais il résume l’idée présentée par Marie-Pierre Garneau, agente de développement industriel au Fonds central de soutien à la réinsertion sociale(FCSRS) du ministère de la Sécurité publique. Il s’agit d’inviter les entrepreneurs à s’installer dans des locaux à l’intérieur des murs de la prison de Roberval pour profiter de la présence des détenus, qui seraient nombreux à être intéressés à travailler.

La représentante du FCSRS a présenté ce programme original dans le cadre d’un déjeuner-conférence, ayant comme thème Solutions innovantes à la rareté de main-d’œuvre, organisé en décembre dernier par Développement Saint-Honoré. Une soixantaine de personnes ont été surprises d’entendre l’agente de développement industriel venir dire aux entrepreneurs qu’ils sont invités à installer, en tout ou en partie, leurs ateliers à l’intérieur des murs de l’Établissement de détention de Roberval (ÉDR). En fait, l’ÉDR, comme l’ensemble des autres centres carcéraux du Québec, offre la possibilité à des organismes ou entreprises à profiter de vastes locaux prévus à cette fin, pour installer des équipements de production et ainsi offrir du travail aux détenus hébergés dans ces prisons.

Espaces de Roberval disponibles

« Actuellement, les locaux sont vides à Roberval. On attend juste le beau projet. Nos détenus sont une source quasi inépuisable de main-d’œuvre. Avec la pénurie de travailleurs, nous sommes plus à l’aise de promouvoir ces programmes. (…) Ces employés potentiels ne sont jamais en retard », lance en boutade la professionnelle, qui cite le cas de l’Établissement de détention de Québec comme un de ceux dont les ateliers sont très occupés. Elle précise par ailleurs que ces travailleurs le font sur une base volontaire, mais qu’ils sont nombreux à être intéressés à ce programme de soutien à la réinsertion sociale. Évidemment, elle souligne que le détenu est aussi soigneusement évalué et choisi en fonction de son profil de « dangerosité », ses capacités et son potentiel de réinsertion dans la société.

Un programme pour la réinsertion

Marie-Pierre Garneau donne l’exemple de travaux d’emballage, d’ensachage ou d’entretien, dans lesquels les détenus peuvent facilement s’impliquer. Dans certains établissements, des contrats proviennent d’organismes publics et parapublics. À titre d’exemple, l’entretien paysager, le déneigement ainsi que certaines tâches à la cuisine et à la buanderie des établissements de détention sont généralement confiés à des personnes incarcérées. Les ateliers de travail sont le levier qui permet la mise en œuvre et le financement des divers programmes de réinsertion sociale. Ceux-ci visent à atténuer les risques de récidive*, tout en permettant à l’État de réaliser des économies. En effet, les revenus générés par le travail des détenus leur sont versés en bonne partie, mais servent également à défrayer les coûts des programmes et équipements mis à leur disposition.

À propos du FCSRS

Avec la rareté de main-d’œuvre qui pousse les entreprises à reporter des projets d’investissements ou certains contrats, il faut trouver des solutions inusitées et innovantes. On retrouve donc, dans chaque établissement de détention de juridiction provinciale, des organismes ayant pour mandat de favoriser la réinsertion sociale des personnes contrevenantes (détenus). Ces organismes, les Fonds de soutien à la réinsertion sociale, proposent aux détenus divers ateliers de travail leur permettant de développer des habiletés et des aptitudes pour réinsérer le marché du travail à leur libération. La participation à ces ateliers s’effectue sur une base volontaire.

* Selon une récente étude du CIRANO (2019), les détenus qui participent à ces programmes ont des taux de récidive nettement inférieurs. Les taux observés chez plus de 20 000 personnes incarcérées dans les trois établissements de détention ciblés varient de 6 % à 10 % pour les participants, versus 35 % à 50 % pour les non-participants.

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