N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Les mines, portes ouvertes vers le nord publié dans notre édition du mois de janvier.
SAGUENAY — Avec une vingtaine de mines en activité dans la province et une seule à l’heure actuelle sur le territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, est-ce que l’augmentation du nombre de titres miniers, mieux connu sous le nom de claim, pourrait mener à des développements de projets sur le territoire ? Pas si vite, si l’on se fie aux explications de Benoît Lafrance, directeur de la Table régionale de concertation minière et directeur du consortium de recherche en exploration minérale (CONSOREM) de l’UQAC.
Avant toute chose, il faut démystifier ce qu’est un claim. Obtenu par désignation sur une carte et valide pour une période de trois ans, avec possibilité de renouvellement, ce titre est administré par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Il permet au détenteur d’avoir des droits exclusifs de faire des recherches de substances minérales sur une étendue prédéfinie. Il ne confère aucun droit d’expropriation ni de propriété de surface d’un terrain.
De plus, si un titre d’exploration est délivré sous un terrain de propriété privée, un processus d’information et d’approbation devra être réalisé avant le début de tout travaux, explique Benoît Lafrance. « Les règles d’exploration minière diffèrent entre terrains du domaine de l’état et privés. Sur les terres publiques, les titulaires de claims peuvent prospecter, avec l’obligation de prévenir les utilisateurs actuels s’il y a des détenteurs de baux de villégiature ou de camp de chasse. Pour les terrains privés, les compagnies doivent obtenir un accord écrit des propriétaires après les avoir informés, souvent dans un délai de 60 jours, avant d’entreprendre tout travail d’exploration », détaille-t-il.
La recherche de gisements, une mission complexe
Comparativement à des industries qui bénéficient de données plus facilement accessibles pour mener à bien leurs recherches de matières premières, l’industrie minière, elle, doit d’abord se fier sur des informations prospectives et traverser plusieurs étapes avant de découvrir une concentration géologique. « L'exploitation minière est complexe, bien plus que l'industrie forestière qui peut aisément identifier ses lots d'exploitation. Dans notre industrie, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin », image-t-il.
Plus de 11 900 claims actifs dans la région
Selon les données publiques de fin 2022, Benoît Lafrance estime à plus de 11 900 le nombre de claims actifs au Saguenay–Lac-Saint-Jean, et à plus de 264 580 pour l’ensemble du Québec. Il précise que seulement 1 à 2 % de ces droits font l’objet de travaux d’exploration. " Les travaux de forage et les levés géophysiques indiquent que des éléments géologiques intéressants ont été identifiés, car un claim est basé sur l’hypothèse de leur présence ", explique-t-il. M. Lafrance souligne qu’une découverte géologique majeure génère souvent un engouement notable autour du site. Il rappelle que, bien que les entreprises d’exploration minière réservent de vastes zones, une découverte ne garantit pas la richesse géologique sur l’ensemble de la zone couverte.
Le directeur de la Table de concertation minière tempère : " Malgré le nombre élevé de titres délivrés, la perspective 'un claim, une mine' reste improbable. Seul un indice sur 10 000 a une chance réelle de devenir une mine, si le reste des conditions à franchir sont favorables ".
Un sol riche
" La région dispose de tous les atouts nécessaires : un potentiel géologique prometteur, des infrastructures adéquates et des compagnies dotées du savoir-faire requis pour exploiter les gisements, habituées en outre à mener de grands projets. "
Les besoins des marchés européens pour des engrais de haute pureté, de même que les avancés de la filière batterie dans le développement de nouvelles technologies de batteries au lithium pouvant intégrer du niobium ou du phosphate pourrait être profitable à la région dans les prochaines années. Les projets d’Arianne Phosphate, de First Phosphate, mais aussi celui de Niobay Metals, qui sont tous à des étapes différentes dans leurs développements, démontrent sans l’ombre d’un doute que le territoire régional possède un sous-sol riche en ressources naturelles. « Une de nos niches intéressantes ici, je pense que c’est le phosphate. Nous avons des gisements de haute pureté qui se distinguent des autres marchés qui possèdent une concentration de Phosphate dite sédimentaire, donc moins pure. C’est évident que la prochaine décennie offrira des opportunités commerciales intéressantes à nos joueurs régionaux », conclut M. Lafrance.