N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Les mines, portes ouvertes vers le nord publié dans notre édition du mois de janvier.

SAINT-HONORÉ — Au cours de trois dernières années, la mine Niobec, propriété de Magris Resources, a été le théâtre d’investissements importants visant notamment à optimiser le traitement des eaux usées de ses installations. Tour d’horizon de ce projet, maintenant qu’il a passé l’étape de la mise en opération, avec le directeur Développement Durable et Santé Sécurité, Jean-François Boivin.

L’usine de traitement des eaux était devenue nécessaire afin d’être en phase avec les réglementations provinciales et fédérales en matière de rejets industriels pouvant contenir des contaminants. Une mine doit inévitablement assécher des galeries grâce à un système de pompes. Auparavant, l’eau qui contenait des contaminants était rejetée dans l’environnement, mais des normes plus strictes sont venues encadrer cette pratique. L’investissement de la minière a permis l’embauche d’une nouvelle équipe pour opérer ce procédé. Jean-François Boivin explique que les résultats à la suite de la mise en service de leur nouvelle infrastructure sanitaire sont un franc succès. « Les résultats sont largement à la hauteur des réglementations provinciales et fédérales qui nous sont soumises. Par ailleurs, nous sommes prêts à répondre à l’affluence des 20-25-30 prochaines années. Il s’agit d’un investissement à long terme qui nous permettra d’être ancrés encore plus dans le développement durable », explique le directeur.

Réutiliser le rejet de contaminant

À présent, grâce aux nouvelles installations, la mine est en mesure de rejeter une eau propre et de réutiliser le rejet de contaminant dans du remblai qui sera utilisé sous terre. Selon Jean-François Boivin, il s’agit d’une façon d’éviter de contaminer des milieux qui ne sont pas déjà exposés à ce genre de matière. « On renvoie vraiment le concentré d’où il vient. L’usine de traitement génère ce rejet, on le mélange à la recette du remblai dans notre cimenterie et ensuite on l’utilise sous terre lorsque nous avons terminé des opérations dans des secteurs », mentionne le directeur Développement Durable et Santé Sécurité, en précisant que son organisation est fière d’avoir pu imbriquer ce procédé dans ses opérations, visant en quelque sorte une économie circulaire.

Bourse du carbone

Même si elle n’est pas tenue d’entrer dans la bourse du carbone, Magris Resources aurait l’intention de mettre l’épaule à la roue en compensant tout de même ses émissions. Jean-François Boivin explique que cette initiative vise à être un bon citoyen corporatif dans une ère où la cause climatique est presque sur toutes les lèvres. « Niobec n’est pas considéré comme un grand producteur de GES. Nos émissions sont d’en moyenne 13 000 tonnes annuellement. Le seuil des grands producteurs est à partir de 25 000 tonnes. Notre adhésion est uniquement volontaire et il faut être accepté. Les démarches sont toujours en cours pour y participer et déclarer nos émissions et ensuite montrer les efforts que nous faisons. Nous sommes à l’étape de bien identifier nos sources d’émissions et de mieux comprendre notre profil de consommateur d’énergies qui émettent des GES. »

Attractivité

Étant présentement la seule mine sur le territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Niobec ne lésine pas sur les efforts en ce qui concerne son attractivité. L’extraction de ferroniobium génère autour de 500 emplois, en plus de faire appel à une centaine d’entrepreneurs qui travaillent quasi quotidiennement dans les installations de Saint-Honoré.

L’entreprise a par ailleurs augmenté sa présence dans les centres de formation de la région et d’ailleurs afin de faire la promotion des perspectives d’emplois dans l’industrie minière. Le directeur rappelle que d’autres corps de métiers sont nécessaires à l’exploitation, tels que l’analyse de laboratoire, l’administration et l’approvisionnement. « Nous avons augmenté notre présence terrain pour montrer ce que c’est de travailler chez Niobec. Nous accueillons même des cohortes de stagiaires du Centre de services scolaire de l’Or-et-des-Bois. Les élèves viennent pour suivre des cours pratiques et obtenir de la formation en environnement minier avec la machinerie. Donner un tel accès à la relève a toujours été une priorité pour nous. »

À l’écoute de la filière batterie

Industrie sur toutes les lèvres, notamment depuis l’annonce de l’implantation de l’usine Northvolt en banlieue de Montréal, la filière batterie pourrait bien s’intéresser à un concentré utilisant l’oxyde de niobium. Bien qu’elle ne produise pas cet oxyde, Niobec serait attentive aux recherches mondiales concernant les avantages de ce concentré dans la production de batteries. « Nous produisons du ferroniobium. Il y aurait des recherches en cours pour voir si ça peut être utilisé dans la filière batterie. Niobec n’a pas d’équipe en R&D. Nous sommes simplement à l’écoute et ouverts à toute opportunité. Nous sommes évidemment très intéressés par cette recherche-là. […] On ne peut pas négliger ce beau rêve que notre matériau s’inscrive dans la filière. Ce serait un changement majeur dans notre production et ça nous ouvrirait vers d’autres marchés », conclut le directeur, rappelant que les installations régionales ne produisent et ne vendent pas d’oxyde de niobium.