SAGUENAY – Frédéric Bergeron, propriétaire de l’entreprise régionale Magnor Exploration, et une compagnie minière junior de Vancouver, Vertical Exploration, évaluent actuellement la possibilité de relancer l’exploitation du dépôt de wollastonite de Saint-Onge, situé à 40 km au nord de Saint-Ludger-de-Milot. Si le projet voit le jour, ce sera sous la forme d’une carrière et les promoteurs se tourneront vers le marché des engrais agricoles pour écouler leur produit.
Le projet de relance de Frédéric Bergeron et Vertical Exploration s’appuie sur des avenues n’ayant jamais été exploitées par Ressources Orléans, qui avait investi plusieurs millions de dollars dans l’ouverture d’une mine et la construction d’une usine dans les années 90. À l’époque, la minière s’était concentrée sur le marché traditionnel pour ce minerai, utilisé comme matière de charge dans des plastiques, caoutchouc, peintures et céramiques, mais le projet s’est finalement avéré un échec.
Les nouveaux promoteurs, eux, veulent développer le marché des engrais agricoles, alors que la wollastonite broyée présente de nombreuses caractéristiques intéressantes pour les sols. « Notre roche contient 25 % de calcium. C’est un engrais supplémentaire qui se diffuse très lentement et nourrit la plante. La wollastonite conserve aussi l’humidité du sol. […] Ce qu’on est en train de découvrir aussi, c’est que sa forme de petites aiguilles a aussi un effet insecticide naturel, un peu comme la terre de diatomée. […] Notre produit combat aussi les sols acides. L’intérêt, c’est qu’un seul produit a plusieurs qualités », souligne Bernard Lapointe, consultant pour le projet, précisant que la wollastonite est particulièrement intéressante pour le marché de l’agriculture naturelle ou biologique, puisqu’il s’agit seulement de roche broyée.
Les promoteurs travaillent d’ailleurs avec Agrinova pour effectuer des tests et mesurer les qualités de leur produit. « Ils ont déjà fait certains tests avec notre wollastonite. Les tests sont positifs », indique M. Lapointe. Agrinova procédera cet hiver à des tests en serre, puis, si tout va bien, des tests en champ pourraient être réalisés l’été prochain. Les échantillons de roche broyée sont aussi soumis à des analyses chimiques et des vérifications pour s’assurer qu’ils sont exempts de contaminants.
À la fin du processus, si tout se conclut positivement, Agrinova accompagnera les promoteurs dans l’obtention d’une certification BNQ afin qu’ils puissent mettre le produit en marché. « Au cours de l’hiver, on va en savoir plus sur le marché visé et sur le prix auquel on peut vendre », ajoute le consultant.
Investissement minimal
Le projet de relance de l’exploitation du site de Saint-Onge mis de l’avant par Vertical Exploration présente aussi l’avantage d’être peu risqué financièrement et rapide à déployer. « On doit demander un permis au ministère pour ouvrir une carrière. Le processus de certification est plus rapide et moins lourd que pour une mine », affirme Bernard Lapointe.
L’investissement nécessaire est aussi minimal par rapport à celui que nécessite l’ouverture d’une mine et d’une usine de bonification. « Le risque d’échec est plus faible. Le marché de l’agriculture bio est un marché émergent, en croissance », précise-t-il.
Les promoteurs espèrent obtenir leur permis l’été prochain afin de pouvoir commencer à broyer quelques milliers de tonnes de wollastonite pour les tests en champ et pour commencer à se faire un inventaire pour pouvoir éventuellement lancer la commercialisation. Selon M. Lapointe, des investissements d’environ un million de dollars seront effectués par la compagnie minière pour le développement du projet dans la prochaine année. « Après, on peut penser que d’autres investissements du même niveau pour la prochaine année seront aussi nécessaires pour lancer la machine », explique-t-il. De cinq à 10 emplois saisonniers, et deux ou trois permanents seraient créés par l’exploitation de la carrière.
Marché traditionnel
Selon Bernard Lapointe, les promoteurs n’excluent pas la possibilité de développer un jour le marché traditionnel de la wollastonite, tel que l’avait fait Ressources Orléans à l’époque. Le dépôt a en effet toute la capacité d’accueillir une production minière d’envergure. Toutefois, si cela venait à se faire, ce sera parce que « nous serons associés à un grand joueur de l’industrie qui investira pour l’usine ». Un tel scénario pourrait permettre la création d’une quarantaine d’emplois permanents.
Mentionnons que c’est Frédéric Bergeron qui a racheté le claim du dépôt de Saint-Onge après qu’il ait été abandonné par le détenteur des titres en 2017. Il a signé un contrat d’option avec la compagnie minière Vertical Exploration, qui sera complètement propriétaire du claim après une série de paiements échelonnés sur cinq ans. M. Bergeron recevra toutefois des redevances sur le minerai extrait.