SAGUENAY – Plusieurs entreprises du Saguenay–Lac-Saint-Jean, soit 13 fournisseurs et 11 acheteurs, font partie du réseau Grad4. Cette plateforme technologique, dont le saguenéen Nicolas Gauthier est le cofondateur et le vice-président, permet la collaboration entre les entreprises qui ont des besoins de services de fabrication ainsi que les fournisseurs qui ont des capacités excédentaires de production en usinage CNC, métal en feuille et mécanosoudé.
« En ce moment, nous sommes rendus à 325 acheteurs à travers le Québec et 188 fournisseurs. En valeur, on évalue à plus de 654 000 $ les contrats donnés par le biais de la plateforme lors des six derniers mois et à plus de 1 M$ depuis notre ouverture le 28 février 2019. Ça représente une belle croissance si l’on tient compte que nous n’étions pas connus au début et qu’il a fallu contacter les fournisseurs pour les intégrer à notre plateforme », explique M. Gauthier.
Ce dernier ajoute que la participation régionale s’avère très bonne, surtout au niveau des fournisseurs avec les entreprises Usinage SM, Multiusinage, Industrie PHD, Usinage numérique Plus et Sparta Industriel, par exemple. « En ce moment, on a des appels d’offres d’ArcelorMittal à Sorel-Tracy, une grosse multinationale, et les fournisseurs de la région, par exemple, ont accès à ces opportunités d’affaires, sans même avoir à ne payer aucuns frais. Les acheteurs déposent les appels d’offres et notre système les envoie aux bons fournisseurs selon leurs capacités de fabrication. En ce qui concerne les retombées, je pense qu’il pourrait aussi être intéressant de parler de l’importance de s’entraider. Nos entreprises ont décidé d’unir leurs forces pour aller plus loin ensemble, mais aussi pour démontrer aux autres entreprises manufacturières à quel point il devient essentiel de s’orienter vers la technologie pour devenir une référence dans le milieu et influencer positivement les entreprises à considérer un virage technologique », ajoute l’homme d’affaires.
Il faut rappeler que l’idée de cette plateforme est issue de l’expérience vécue par Nicolas Gauthier lorsqu’il gérait les commandes et les achats de l’entreprise de son père, Félix Gauthier, de chez Devinci. « J’avais de grosses difficultés à trouver des fournisseurs de transformation du métal au Québec. C’était quasiment plus simple de faire affaire en Chine. De là l’idée de créer une plateforme numérique afin de faciliter le processus de soumissions, en plus de donner rapidement accès à plus d’une centaine de fournisseurs québécois. »
Projet de IA avec Groupe Mundial
Durant la présente année, Grad4 travaille également un projet d’intelligence artificielle pour le Groupe Mundial, un sous-traitant industriel depuis près de 40 ans, spécialiste en fabrication et assemblage de pièces métalliques pour les plus grands fabricants d’équipement d’origine du Canada. Le projet concerne le développement d’un outil qui a pour objectif d’automatiser l’entrée des données essentielles à l’élaboration d’une soumission.
« Seulement en métal en feuille, Mundial a effectué 18 000 soumissions. Ce projet vise à les aider à augmenter leur efficacité dans leur processus de soumission en utilisant l’intelligence artificielle pour comparer des pièces déjà soumissionnées avec de nouvelles pièces à soumissionner. Ce projet est soutenu par le ministère de l’Économie et de l’innovation (MEI). On va ainsi réaliser un algorithme d’intelligence artificielle avec les soumissions passées qui va prédire les soumissions futures qui permettront de fournir un prix instantanément, sans attendre les soumissions et les différentes analyses des exigences des acheteurs », précise Nicolas Gauthier.
Une fois complétée pour le Groupe Mundial, cette solution deviendra accessible aux fournisseurs de la plateforme Grad4, toujours selon le vice-président. « On développe actuellement la technologie de savoir-faire et, par la suite, on pourra la proposer à nos sous-traitants, dont les entreprises de la région, comme Coupe Sag, Industrie PHD ou Industries GRC, qui pourraient en bénéficier. »
Avec ce projet, Grad4 veut aussi mettre de l’avant l’importance de créer de l’innovation au Québec et de favoriser l’entraide. « On souhaite mettre de l’avant la collaboration locale, faire affaire ensemble pour idéalement aller plus loin. On veut aussi faire avancer notre technologie au niveau manufacturier. De plus en plus s’arrimer à la vision industrie 4.0 dans le but de créer de la technologie ici, au Québec. On veut également devenir une référence avec ce projet-là pour influencer positivement d’autres entreprises à considérer un virage similaire, idéalement d’entraîner des entreprises de la région, par exemple, à se doter de technologies numériques dans le but d’augmenter leur expertise opérationnelle. »
L’Ontario et aux États-Unis
Grad4 est actuellement en processus de développement en Ontario pour permettre aux compagnies de cette province de pouvoir accéder au réseau de sous-traitants ontariens et de pouvoir exploiter aussi simplement qu’on peut le faire avec la plateforme au Québec. « L’idée est de créer un réseau de fournisseurs en Ontario avec un réseau d’acheteurs et par la suite d’offrir à l’acheteur le choix de faire affaire au Québec ou en Ontario. C’est l’acheteur qui va choisir avec qui il veut collaborer. L’important est que les fournisseurs viennent du Québec. Toutefois, ce ne sont pas tous les acheteurs qui veulent transiger avec le Québec, il devra y avoir aussi un réseau de fournisseurs en Ontario. Ils vont aussi pouvoir comparer leur coût, et nos fournisseurs seront beaucoup plus accessibles. Dès cette année, on souhaite regrouper 500 fournisseurs et 1 000 acheteurs répartis au Québec et en Ontario.