Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « MRC de Lac-Saint-Jean-Est, une économie forte et résiliente » publié dans notre édition du mois de juin.

ALMA – Les principaux éléments et structures composant le site d’essai Qualia du Centre d’excellence sur les drones (CED) sont maintenant en place. Dans quelques mois, l’équipe du CED pourra offrir ses premiers services dédiés à la R&D dans le domaine de ces avions sans pilote. D’ici là, l’organisme termine l’installation d’un système de capteurs à la fine pointe de la technologie. Cet outil permettra de suivre en temps réel les aéronefs téléguidés.

Au mois de novembre 2020, lapremière pelletée de terre du projet Qualia a été soulevée conjointement par Alain Fortin, président du CED, et Marc Asselin, maire d’Alma. Cet événement marquait le début du chantier du premier centre de recherche et développement sur les drones au Canada. Le site d’une envergure d’environ 16 000 m2 et totalisant un investissement de 2,4 millions de dollars recrée, dans un environnement contrôlé, des situations dans lesquelles un drone pourrait intervenir. C’est donc sans surprise que le site a des allures de studio de cinéma, avec une réplique d’un quartier résidentiel, des routes, des intersections, un espace forestier, des conteneurs maritimes (dédiés aux tests d’incendie intérieur), des amoncellements de roches, de sables et de billots de bois, etc.

Professionnaliser le milieu

Les drones, qui peuvent être utiles dans une foule d’applications, sont de plus en plus populaires, alors que les gouvernements et les entreprises qui les développent se retrouvent devant deux constats : les donneurs d’ordres sont très peu renseignés sur l’étendue des possibilités qu’offre ce type d’appareil et ceux qui les utilisent ne sont généralement pas ou peu professionnalisés.

« Beaucoup d’entreprises de drones se prétendaient experts dans tous les domaines et, une fois le service rendu, le client se rendait compte que son besoin n’était pas comblé. Pour vous donner un exemple, il y a eu un cas où une cheminée devait être examinée et le drone chargé de l’inspection n’a jamais pu décoller à cause d’un champ électromagnétique présent autour du bâtiment. Des situations comme celles-ci, il y en a eu plusieurs. Nous avons donc monté une vingtaine de scénarios visant à standardiser les opérations selon les diverses situations. On utilise notre site d’essai pour mettre en scène des collisions entre voitures, des sorties de route, des incendies ou encore des cas de recherche en forêt. L’idée est de mettre l’opérateur au cœur d’une situation vraisemblable et de lui fournir un maximum d’outils et de données sur ce qu’il fait », explique Marie-Joëlle Turcotte, chef de division — Aéroport à la CIDAL.

Lorsque les gestionnaires du CED ont monté le plan d’affaires, ils ont identifié une dizaine d’industries sujettes à utiliser des drones pour leurs opérations. Le site a donc été conçu en conséquence de leur spécificité. La chef de division est restée de marbre sur l’identité des clients du CED, mais elle précise que c’est le secteur de la sécurité publique qui a démontré le plus d’intérêt.

Un système de suivi en temps réel

Le premier mandat du CED concernant le site Qualia en est un technologique : implanter un système de suivi en temps réel. Cette infrastructure présente sur l’ensemble du terrain est composée de plusieurs capteurs qui auront la tâche de traquer et de surveiller les moindres gestes des drones opérants sur le site. Les données recueillies serviront de valeurs de référence concernant les positions géographiques et les paramètres de navigation. Ces informations seront ensuite comparées à celles prélevées par les drones.

Une norme Qualia

De cette manière, s’il existe une différence entre les données, les opérateurs ou les fabricants pourront recalibrer leur système ou procéder à des améliorations. « Nous voulons être en mesure d’instaurer une norme Qualia. C’est-à-dire de garantir qu’un opérateur ou un modèle d’aéronef répond aux exigences de notre Centre d’excellence. » L’échéancier pour ce projet devrait prendre fin pour novembre de cette année. D’ici là, l’équipe du CED est sûre de pouvoir tout de même commencer à offrir ses premiers services pour cet été.

Des emplois du futur

Présentement, sur les sept employés de l’aéroport d’Alma, seulement deux sont désignés au site Qualia, un nombre qui est appelé à augmenter. « Nous aurons besoin de techniciens, de ressources aux technologies et de personnes à l’entretien du site. La création d’emploi a toujours été quelque chose au cœur du projet », précise Marie-Joëlle Turcotte. Selon la multinationale informatique Dell Technologies, 85 % des emplois qui existeront en 2030 n’ont pas encore été créés. Étant pionnier dans son secteur, il est à parier que le CED créera probablement des postes découlant de ces nouvelles technologies.

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