« Il y a moins de clients affamés. Il n'y a pas moins de demandes, mais les clients sont plus planifiés. [...] Il faut dire que l'économie est toujours près de la récession depuis plusieurs mois, donc ça vient jouer aussi. Les hausses de taux d'intérêt ont ralenti les projets », indique Caroline Girard, présidente-directrice générale de Transcol.
Celle-ci constate que le transport de charges complètes (truckload) est en diminution actuellement. « Il y en a un peu moins. C'est un domaine plus difficile présentement et je pense que ça a certainement un lien avec les projets qui ne décollent pas. Il ne faut pas oublier non plus qu'on a plusieurs usines de bois qui sont fermées, temporairement ou définitivement », explique-t-elle.
Le transport de lots brisés (less than truckload - LTL) se porte toutefois très bien. Mme Girard attribue cet état de fait aux clients commerciaux plutôt qu'aux particuliers, puisque la livraison de colis, que Transcol effectue aussi en milieu éloigné, a tendance à diminuer. « Je pense que ça veut dire que nos PME dans les parcs industriels vont bien. Ça démontre une certaine santé de nos entrepreneurs », mentionne-t-elle.
Le volume global de colis se trouve toutefois plus élevé qu'avant la pandémie. La croissance du secteur se poursuit, mais à un rythme moins rapide qu'immédiatement après la pandémie.
Main-d'œuvre
La pénurie de main-d'œuvre semble également s'être légèrement résorbée, quoique la situation demeure précaire. « Ça va relativement bien. On a des CV qui entrent, des gens qui viennent régulièrement. Ça faisait un moment qu'on n'avait pas vu ça », souligne Mme Girard.
Même son de cloche du côté de Robin Harvey, directeur général de Tremblay Express. « Ça tend à se placer. On commence à avoir une tendance où les chauffeurs sont plus disponibles », mentionne-t-il. Il considère toutefois que l'accessibilité à la main-d'œuvre freine toujours en partie le développement de l'industrie.
Entreposage
L'entreposage est un aspect qui existe depuis longtemps dans le domaine du transport, mais cette tendance est en hausse au cours des dernières années. « Il y a de plus en plus d'entreprises de transport qui font de l'entreposage. C'est logique. [...] C'est intéressant parce que ça offre des revenus mensuels supplémentaires et, habituellement, si tu entreposes, tu vas faire le transport pour cette marchandise aussi », fait valoir Robin Harvey. « Il y a beaucoup de compagnies qui préfèrent avoir un fournisseur pour l'entreposage plutôt que le faire eux-mêmes, vu le coût actuel des bâtiments », renchérit Martin Lavoie,président du Club Trafic SLSJ et propriétaire de Broderie ML.
Le directeur général de Tremblay Express précise que l'entreprise, qui œuvre beaucoup dans le secteur alimentaire, possède trois terminaux. À celui de Trois-Rivières, elle a réalisé un petit entrepôt pour des produits frais, congelés et secs. « Il y a du potentiel de développement énorme pour ça. On se le fait demander beaucoup », dévoile M. Harvey.
En développement
Selon Caroline Girard, il n'y avait pas beaucoup d'offres d'entreposage par des entreprises de transport dans la région auparavant. Toutefois, ces services se développent de plus en plus au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Transcol a d'ailleurs construit un imposant entrepôt à Métabetchouan-Lac-à-la-Croix.
« La majorité des gens qui ont besoin d'un transport vont avoir besoin d'entreposage, que ce soit pour des marchandises en transit ou à long terme. Pour la même compagnie, de combiner les deux services, ça fait une offre complète et ça permet au client d'avoir un meilleur service en fin de compte », affirme-t-elle.
Mme Girard précise que, chez Transcol, le client aura accès à ses transports, ses stocks, ses factures, etc. Par ailleurs, les délais de livraison seront souvent plus courts, parce que c'est la même entreprise qui va transporter la marchandise. Cela permet aussi des économies pour le client d'avoir accès au transport et à l'entreposage au sein de la même entreprise.
