Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Transport : un nouveau virage pour l’industrie » publié dans notre édition du mois de mai.

SAGUENAY – Les délais de livraison pour les nouveaux véhicules atteignent des sommets et les camions lourds n’y font pas exception. Combinée à une pénurie de pièces de rechange, cette situation cause bien des problèmes dans l’industrie du transport.

« Les commandes doivent se faire un an ou un an et demi d’avance. Nous avons un retard au niveau des livraisons de camions et de remorques. Nous en avons commandé quelques-uns que nous devions recevoir dans les dernières semaines et qui ne sont toujours pas arrivés. Nous n’avons jamais vécu ça dans le passé », révèle Alexandra Morin-Deraps, directrice revenu et expérience client au Groupe Avantage Logistic.

Même la location d’équipements, qui représentait auparavant une possibilité pour combler un manque en cas de bris, est pratiquement impossible. « Quand nous avons recherché des remorques réfrigérées, une entreprise de location nous a répondu que nous étions cinquantièmes sur leur liste d’attente », raconte la directrice tarif et conformité.

Manque de pièces

Lors d’un bris, il peut également être difficile d’obtenir les pièces, ce qui retarde les réparations. Le Groupe Avantage Logistic a, par exemple, parfois dû attendre un mois et demi avant de pouvoir remettre certains camions sur la route. « Nous sommes chanceux, car nous avons de bons partenaires. Lorsque nous avions des camions neufs pour lesquels ils n’arrivaient pas à avoir les pièces, ils nous en prêtaient d’autres pendant ce temps, mais ça demeure compliqué. Nous ne sommes pas toujours capables de remplacer tous les camions qui sont brisés. »

Logistique complexe

Cette situation entraîne une gestion logistique plus complexe pour les entreprises de transport qui doivent jongler entre les différents paramètres pour assurer les livraisons. « À certains moments, il faut décharger une remorque complètement, attendre que l’autre remorque arrive. Ça crée des déchargements-chargements inutiles », explique Alexandra Morin-Deraps.

Pour Groupe Avantage Logistic, l’autre difficulté est qu’en général, les chauffeurs longue distance ont leur camion attitré. Les gestionnaires tentent généralement d’éviter qu’ils soient utilisés par d’autres personnes dans la journée, surtout avec la COVID. En raison du manque de camions de remplacement, cela n’est toutefois plus toujours possible.

« Il fallait souvent prendre un camion attitré pour le prêter à un autre travailleur pendant la journée. Celui-ci le ramenait en après-midi. Quelquefois, le chauffeur était prêt à partir avec son véhicule, mais il n’était pas encore revenu. Ça retardait les gens pour partir chercher des voyages à l’extérieur. Nous avons eu beaucoup de casse-têtes, surtout avec les répartiteurs, pour assurer les livraisons malgré le manque d’équipements », indique la gestionnaire.

Sous pression

Même si le Groupe Avantage Logistic possède un garage et cinq mécaniciens à ses installations de Saguenay, le manque d’équipements dans la flotte se fait sentir. « Quand une remorque brise, les mécaniciens sont sous pression de réparer le plus rapidement possible parce qu’on en a besoin tout de suite. Nous arrivons à faire les réparations, mais ça crée une pression que nous n’avions pas, parce qu’auparavant, nous avions tous les équipements nécessaires dans la flotte. »

Des solutions?

Afin de pallier les difficultés, l’entreprise a commandé, pour les années à venir, plus de véhicules que ses besoins réels. « Nous avons entre autres quatre à six remorques en commande qui devraient arriver en juillet. Nous savons qu’il est possible qu’il y ait des retards, mais nous tentons de demeurer positifs », affirme Alexandra Morin-Deraps.

Le Groupe tente aussi de faire perdurer le plus possible ses équipements. « Normalement, après un certain kilométrage, nous les renouvelons. Maintenant, nous augmentons un peu ce chiffre pour nous assurer d’en avoir de plus », conclut-elle.

Commentaires