Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Vitrine industrielle Saguenay : maillages et croissance » publié dans notre édition du mois de septembre.

SAGUENAY – Au pays, il n’y a qu’à Bagotville et Cold Lake, Alberta, que des installations aéroportuaires partagent ses opérations avec la Défense nationale. Une caractéristique qui apporte son lot d’opportunités et Promotion Saguenay entend bien en profiter.

« Le développement de la zone aéroportuaire de Saguenay sera intimement lié à la direction que prendra la Défense nationale. Il faut savoir qu’il n’y a que deux endroits au Canada où des entreprises ont accès à une base militaire de l’OTAN. L’aéroport Saguenay-Bagotville est donc unique et nous nous servons de cette unicité comme d’un levier pour promouvoir les 34 hectares qui constituent un parc industriel situé aux abords des pistes. Celui-ci pourra accueillir des fournisseurs, des organismes et tout type d’entreprises œuvrant dans le secteur aéronautique », explique Martin Gilbert, directeur du développement industriel chez Promotion Saguenay.

L’un des rôles de M. Gilbert est d’attirer les investissements étrangers dans la Ville de Saguenay. « La mission est de rendre la ville attrayante pour l’industrie à travers le monde. Pour ce faire, nous travaillons de pair, entre autres, avec des organismes provinciaux et fédéraux comme Investissement Québec section International et Affaires mondiales Canada. »

Développer un créneau

Le projet de remplacement des vieux CF-18 de la flotte de chasse de la Défense nationale suit toujours son court. Aux dernières nouvelles, c’est le F-35 du constructeur américain Lockheed Martin qui aurait été choisi. En avril, nous apprenions que le gouvernement de Justin Trudeau serait même en négociation pour les derniers paramètres du contrat, bien qu’aucune signature ne soit encore confirmée.

« Dès que le Canada avait émis ses appels d’offres pour remplacer ses avions de chasse, nous sommes rentrés en contact avec chacun des constructeurs qui avaient soumissionnés. D’ici les prochaines années, il y aura de nouveaux appareils à la base et ceux-ci devront subir de la maintenance de routine. L’objectif pour notre parc industriel est d’accueillir les entreprises qui fournissent ce type de service paramilitaire. Nous ne sommes pas dupes, la région n’est pas comme Mirabel qui bénéficie de grands constructeurs comme Boeing ou encore Airbus. Nous n’avons pas non plus Aéro Montréal, la grappe aérospatiale, dans notre cour. La niche que nous visons est celle des fournisseurs de moyenne envergure, des organismes de développement ou encore des prestataires dans le secteur militaire », précise le directeur.

« Prêt à faire feu »

M. Gilbert décrit le dossier de développement de la zone aéroportuaire comme étant sur un sol mou. C’est-à-dire que tout est conditionnel aux décisions que prendra la base militaire pour l’avenir de ses flottes. « À ce stade-ci, démarcher des entreprises, qui fabriquent, par exemple, des hélicoptères, ça serait nous tromper. Le moteur économique de notre secteur aéronautique c’est Bagotville et ses besoins. Sur une période s’étirant jusqu’en 2025, le gouvernement canadien va investir plusieurs centaines de millions de dollars sur la base. Il faut donc miser sur les richesses et les opportunités qui découleront de ses investissements. »

Promotion Saguenay et son équipe chargée de la zone aéroportuaire n’attendent toutefois pas les bras croisés. En effet, des opérations sont déjà en cours ou elles auront lieu prochainement. « Lorsqu’une entreprise voudra s’installer, il faudra être prêt à faire feu. Présentement, le site dispose de tous les services essentiels au développement économique : l’eau, les routes, l’électricité, la fibre optique pour Internet haute vitesse et le gaz naturel. Les prochaines étapes consistent à de l’étude de terrain et de la préparation fine. Il faut évacuer toutes les questions environnementales, géotechniques et archéologiques. Il faut analyser les sols afin de savoir s’ils sont construisibles et leurs propriétés techniques. Il faut s’assurer qu’aucune espèce animale rare ou en danger d’extinction n’a élu domicile où nous voulons développer. Finalement, il faut faire l’ensemble des études d’ingénierie préliminaire afin de présenter aux entreprises potentielles un site idéal et optimal. »

Vols commerciaux

L’aéroport Saguenay-Bagotville, c’est deux pistes de 6000 pieds et 10 000 pieds. Des standards qui permettent à tout type d’appareil de décoller et de se poser sans difficulté. À titre d’exemple, un Antonov 124 de l’armée ukrainienne, l’un des plus gros avions au monde, s’est posé à Bagotville en juillet 2022 et le président Donald Trump a atterri au Saguenay en 2018 à bord du célèbre Air Force One pour le Sommet du G7. « Nous disposons d’une infrastructure à la fine pointe de la technologie entretenue et opérée 24 heures sur 24 et 365 jours par année. Nous sommes revenus à deux vols vers Montréal par jour et en 2019, avant la pandémie, c’était 128 000 passagers qui ont transité par notre aéroport durant l’année. Il y a présentement des travaux d’agrandissement afin d’accueillir davantage de voyageurs à l’aérogare et nous travaillons fort afin de rendre le parc industriel entourant la zone aéroportuaire attrayante pour le développement économique. Nous devrions voir le fruit de nos efforts d’ici les prochaines années », conclut Martin Gilbert.

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