Informe Affaires - Édition Novembre 2014 - page 46

46 • NOVEMBRE 2014 •
INFORME AFFAIRES,
Le MENSUEL
économique d’ici
LA DORÉ – « Oh! Vieux moulin, avec
l’énergie de la rivière, tu es une
beauté naturelle qui a bâti notre vil-
lage », chante la ritournelle d’accueil
du Moulin des Pionniers qui a été
actif pendant un siècle et qui a reçu
7000 visiteurs lors de la dernière sai-
son touristique. « C’est vraiment un
site magnifique. Plusieurs touristes
quittent en avouant que ce fut leur
attrait coup de cœur», a commencé
Guylaine Lapointe, directrice géné-
rale de ce site qui emploie treize per-
sonnes.
Situé à 19 kilomètres de Saint-Félicien,
le village de La Doré compte 1472 ha-
bitants. Avec son économie basée sur
l’industrie du bois, le Moulin des Pion-
niers y cadre à perfection. En étudiant
le passé de ce site touristique, nous
rencontrons Eugène Bélanger, qui, en
1889, est le premier à venir s’installer
sur le territoire qui deviendra La Doré.
Plusieurs suivront, dont l’industriel
Bellarmin Audet (dit Lapointe), qui, en
1890, bâtira un moulin sur un coude
de la Rivière-aux-Saumons. À cette
époque, 22 scieries existaient dans la
région et donnaient de l’emploi à près
de 400 hommes.
Une histoire passionnante
Pendant la visite, madame Lapointe ra-
conte que le premier moulin parvenait
à peine à scier le bois nécessaire à la
construction des maisons des colons.
Un peu lassé de ce pénible travail, c’est
en 1892 que le surnommé Lapointe
vend son moulin à Alfred Angers, un
colon qui était possiblement un méca-
nicien dans le moulin. « Malchanceux,
Angers vendra son moulin à Téles-
phore Demers en 1904 après avoir subi
un incendie et un grave accident de
travail », a précisé Guylaine Lapointe,
qui a ajouté que cette transaction allait
marquer le début de la participation
du moulin à l’industrie québécoise du
sciage et du commerce du bois. « Les
limites de La Doré furent alors dépas-
sées », a renchéri la directrice.
Or, à l’instar des années actuelles, rien
n’était facile au début du XXe siècle,
car l’industrie du bois dans la région
avait été grandement affectée par le
Grand Feu de 1870 qui a détruit les
grands pins des forêts de la région qui
n’avaient plus que le tremble et l’épi-
nette à offrir. Avant-gardiste et ne vou-
lant pas baisser les bras, Télesphore
Demers, qui administrera l’entreprise
pendant 47 ans, a transformé le mou-
lin pour lui donner le meilleur potentiel
énergétique possible. Aussi, en plus
de refaire le barrage, il a modernisé la
mécanique et a multiplié les services
de l’entreprise, notamment en vendant
de l’électricité aux villageois. Ce gigan-
tesque travail a été effectué avant 1915
alors que le moulin sciait aux alentours
de 250 000 pieds de bois.
Toujours ouvert mais autrement
Aujourd’hui, ce moulin, qui a fermé dé-
finitivement ses portes en 1976, est un
moteur touristique important pour La
Doré et un joyau pour l’histoire de la co-
lonisation québécoise. Ce site, qui est
le témoin d’une époque où l’on défri-
chait, cultivait, bûchait et sciait, contient
également l’atelier Trottier, un atelier
mécanique datant de 1895, une maison
ancestrale qui a été transformée en res-
taurant, un chalet d’accueil, un théâtre
d’été ambulatoire, une tour d’observa-
tion et un camp de draveur « L’an pro-
chain, les enfants pourront visiter une
forêt enchantée où des animaux et des
contes leur seront présentés. Tout est
mis en œuvre pour garder notre site vi-
vant », a conclu madame Lapointe.
Pour inf.: moulindespionniers.com
TOURISME
Hommage à un attrait touristique
Une balade dans le passé
pour raconter le bois
402M11-14
La directrice du site, Guylaine Lapointe, raconte combien les touristes français repartent
émus, mais surtout surpris de la qualité des installations.
(Photo: Chantale Potvin)
par Chantale Potvin
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