Informe Affaires - Édition Avril 2015 - page 16

16 • AVRIL 2015 •
INFORME AFFAIRES,
Le MENSUEL
économique d’ici
Dans les dernières semaines, le
secteur forestier du Québec a été
au cœur d’une vaste tempête mé-
diatique. D’abord, le conflit entre
Produits forestiers Résolu et Green-
peace a pris énormément d’ampleur
dans les médias. Au centre du litige,
la perte de certifications FSC par
Produits forestiers Résolu sur des
territoires au Lac-Saint-Jean. Et la
semaine passée, c’était au tour de
Richard Desjardins d’allumer les pro-
jecteurs sur le secteur forestier, dans
une série de 7 articles, soulignant en
quelque sorte la publication du rap-
port Coulombe, il y a 10 ans. Même
si certaines vérités ont été énoncées
dans ces articles, je dois vous avouer
qu’ils m’ont laissé un goût amer.
Un goût amer, puisqu’ils sont in-
justes. Ils font fi des 10 années
d’évolution du secteur forestier qué-
bécois. Comme si l’Erreur boréale et
la commission Coulombe n’avaient
eu aucun impact sur les pratiques
forestières du Québec. Comme si
nous étions restés les bras croisés
à attendre que la tempête passe.
Pourtant, la grogne populaire qui a
suivi l’Erreur boréale et les évidences
scientifiques de la commission Cou-
lombe nous ont entraînés dans une
démarche douloureuse mais néces-
saire : tout remettre en question.
On nous a dit qu’on coupait trop de
bois, qu’on avait surestimé ce qu’on
pouvait retirer de la forêt. Le gouver-
nement a répondu immédiatement,
en diminuant les droits de récolte de
20% partout au Québec, le temps que
le Forestier en chef revoie l’ensemble
du calcul. Si bien que maintenant,
nous sommes en mesure de mieux
connaître la capacité de produire de
notre forêt avec des méthodes et des
hypothèses qui se basent sur les
connaissances scientifiques les plus
modernes. Et nous sommes en me-
sure de dire que dans les dernières
années, (crise économique ou non),
nous avons coupé beaucoup moins
de bois que la capacité de produire
de notre forêt.
On nous a dit que nos pratiques fo-
restières ne respectaient pas suffi-
samment la biodiversité, que nous
devrions favoriser l’aménagement
écosystémique. C’est maintenant un
principe fondateur du régime fores-
tier, entré en vigueur au printemps
2013. Nous pratiquons maintenant
une sylviculture à saveur plus éco-
logique. Concrètement, nous faisons
plus de coupes partielles.
On nous a dit qu’on se préoccupait
seulement de la coupe de bois, qu’on
ne considérait pas les autres utilisa-
teurs de la forêt. Nous avons créé un
espace de concertation à l’échelle ré-
gionale, afin que les intérêts et attentes
de tous les utilisateurs soient pris en
compte dans l’aménagement des fo-
rêts. Tous ces gens sont assis à la
même table et dictent les orientations
à la base de l’exploitation des forêts.
Malgré des difficultés économiques
importantes, le secteur forestier a re-
doublé d’ardeur pour améliorer ses
pratiques. Tout cela, dans un seul
et unique but : diminuer l’impact des
opérations de récolte sur l’environ-
nement. Un écosystème forestier
c’est complexe et y intervenir n’est
pas une mince tâche. Il serait faux de
prétendre que les interventions liées
à la récolte de bois n’ont pas d’im-
pacts sur les écosystèmes. Je vous
entends me demander : « pourquoi
vous la coupez alors? ». Parce que
le bois est une matière formidable,
naturelle et surtout renouvelable. Qui
n’aime pas toucher le grain du bois?
Sa chaleur? Sa profondeur? Son
odeur? Mais comme on ne fait pas
d’omelettes sans casser des œufs,
on ne fait pas de produits en bois
sans couper des arbres...
Il est grand temps qu’on commence
à reconnaître les améliorations in-
déniables des pratiques forestières.
Nous avons fait des progrès, mais
surtout, nous continuons de nous
améliorer. Nous savons que nous
ne sommes pas parfaits, et nous
sommes très sensibles aux attentes
de la population. Une chose est cer-
taine, les Québécois sont profon-
dément attachés à leur forêt et cet
attachement doit être au cœur de la
prospérité du secteur forestier qué-
bécois. Partout dans le monde, les
forêts sont au cœur du développe-
ment d’une économie verte. Nous
possédons tous les éléments né-
cessaires pour y arriver. Arrêtons de
sortir les fantômes du placard et pre-
nons le virage tous ensemble.
Pour inf.: oifg.com
Foresterie : rien n’est permanent, sauf le changement!
Lettre ouverte de Denis Villeneuve, ing. f. président de l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec
104F04-15
Denis Villeneuve, ing. f. président de l’Ordre
des ingénieurs forestiers du Québec.
Photo: courtoisie)
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