Un total de 210 millions d'heures en construction a pu être observé dans la province l'an dernier, alors que 211,5 millions sont prévus pour 2025. Dans la région, ce sont huit millions d'heures qui sont attendues, ce qui est une hausse de 7 % comparativement à l'année précédente. Les chiffres disponibles jusqu'à présent ne comptabilisent pas le mois de décembre, puisque la Commission de la construction du Québec (CCQ) n'a pas encore accès à l'entièreté des chiffres.
« Nous nous attendons à ce que soit le niveau le plus élevé depuis l'année 2000, qui était à 9 millions d'heures. En ce moment, nous sommes vraiment dans des années records pour la construction en termes d'activités. Ce sont des niveaux très très élevés historiquement, même si dans certains secteurs une baisse est enregistrée », nous confie l'économiste à la CCQ, Jason Turbide.
Les emplois que crée la construction sont toujours importants dans la région. Le nombre de salariés domiciliés situés dans la région s'élève quant à lui à environ 8 500, ce qui est encore une hausse de 2 %. De ces travailleurs, 280 sont des femmes, une plus forte hausse qu'ailleurs au Québec, mais la région tire toujours de l'arrière dans le ratio total hommes femmes avec 3 % au lieu de 4 %.
Secteur particulier
Le génie civil accuse un recul de 12 % en 2024 et devrait continuer ce recul dans l'année en cours. Des projets comme le prolongement de l'autoroute 70 qui s'accélèrent vont cependant raviver ce secteur d'activité, donc il n'y a pas place à l'inquiétude, selon M. Turbide.
L'industriel est dominé par Rio Tinto. L'augmentation dans ce secteur serait de plus de 30 % et continuera de croître en 2025. L'usine AP60 est à remercier pour cette hausse notable.
Dans le secteur institutionnel et commercial, comme dans la plupart des cas provinciaux, c'est la branche en construction qui domine. L'augmentation en 2024 est de 5 % et, contrairement au reste du Québec, il s'agit d'un domaine qui continuera dans cette tendance.
Le résidentiel est quant à lui en retard au Saguenay-Lac-Saint-Jean, avec une augmentation de 6 % des mises en chantier, soit 908. Le reste du Québec a pu percevoir une augmentation qui tourne plus autour du 25 %.
« Les taux d'intérêt à la baisse et la crise du logement qui fait toujours rage devraient permettre à la région de rattraper l'augmentation provinciale », assure l'économiste.
Prévision
Le Comité de maximisation des retombées économiques régionales (CMAX) estime que plusieurs industries sont à surveiller dans les années qui s'en viennent au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les projets en construction ne manqueront pas, surtout du côté public.
Évidemment, l'éolien nécessitera une participation active et un développement de la part des entreprises de la région. Il s'agit d'un nouveau secteur d'activité dans la province, même pour Hydro-Québec, qui demandera une grande spécialisation.
Le CMAX croit aussi que la région peut se positionner favorablement dans l'industrie maritime. Le chantier de La Davie et la construction de brise-glaces polaires permettront de développer une certaine expertise et d'ainsi faire briller la région.
Une autre industrie que le coordonnateur du CMAX, Guy Bouchard, estime qu'il est pertinent de mentionner est celle de l'énergie solaire. C'est une énergie vers laquelle le Québec se tournera plus rapidement qu'autrement. Si la province emprunte véritablement cette voie, la région sera avantagée de participer à son développement.
La base militaire amènera aussi son long d'heure en construction. L'arrivée des F-35 et la réfection de certaines infrastructures nécessiteront de nombreux investissements et créeront de l'emploi. Malgré tous ces projets, M. Bouchard partage son désir de voir des emplois à plus long terme se créer, notamment dans la réparation de pièces d'éoliennes. C'est un autre impact économique que les entreprises de la région doivent considérer pour en tirer avantage.
La CCQ a des prévisions un peu plus conservatrices, en mentionnant l'incertitude que les décisions politiques au sud de la frontière apportent sur le pays en entier. La Commission estime tout de même que les investissements publics devraient être plus agressifs dans la prochaine année, favorisant l'industrie de la construction et créant ainsi de l'emploi.