N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Nos mines, une richesse à exploiter » publié dans notre édition du mois de mars.

SAGUENAY – Dans sa lutte contre les changements climatiques, le gouvernement compte décarboniser son économie. Pour ce faire, l’emploi de minéraux critiques et stratégies (MCS) dans la fabrication de nouvelles technologies est essentiel. Une opportunité pour notre région d’exploiter les richesses de son sous-sol. 

Historiquement, le Saguenay–Lac-Saint-Jean (SLSJ) n’a jamais été une région minière. Pour preuve, seule la mine Niobec de Saint-Honoré est en activité. Toutefois, il n’y a pas de corrélation à faire entre la pauvreté d’un sol et l’exploitation minière. C’est-à-dire qu’un sous-sol peut être riche en minéraux, mais ne pas être exploité. Tout est une question de l’offre et de la demande.

« Nous savons depuis des années que le sol du SLSJ contient du phosphate, du nickel, du cuivre et du cobalt. Toutefois, ce n’étaient pas des ressources recherchées par les entreprises minières. Aujourd’hui, les choses ont évolué et la demande pour les MCS a explosé, entre autres, pour la fabrication de batterie et de composantes pour les moteurs électriques. Nous rentrons dans une nouvelle ère et le sous-sol des Bleuets est maintenant intéressant. Le meilleur exemple est l’histoire du gisement de phosphate au Lac à Paul », souligne Christian Tremblay, géologue et professionnel de recherche à la Table régionale de concertation minière (TRCM).

Une découverte accidentelle

Contrairement à l’industrie forestière où la ressource est visible et quantifiable à l’œil nu, les gisements de minerai se trouvent souvent sous les lacs ou profondément sous terre. C’est pourquoi le TRCM appuie et soutient des groupes comme l’Association des prospecteurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean. « Le travail de prospection est essentiel dans notre industrie. Ça prend des gens qui cherchent sur le terrain et qui découvrent des indices avant qu’une firme privée décide d’effectuer un forage. »

C’est précisément ce qui s’est passé aux alentours de 1996 dans le secteur du Lac à Paul. Le Fonds minier de l’époque avait découvert un indice de nickel-cuivre prometteur.« La découverte avait suscité l’intérêt de la firme Virginia Exploration à faire des travaux de géophysique. C’est-à-dire de sonder le sol pour repérer de la magnétite. Les données avaient révélé de grandes anomalies magnétiques, ce qui se traduit par la présence de minéraux. L’entreprise a donc procédé à des activités de forage pensant tomber sur du nickel, mais la roche prélevée renfermait en réalité de 5 % à 10 % de phosphate. La minière a alors décidé d’abandonner ses titres miniers. Ce n’est que 10 ans plus tard, en 2008, quand le prix du phosphate est passé de 50 $ la tonne à 200 $ qu’un autre joueur, Ressources d’Arianne, a saisi l’opportunité. »  

Une chaîne de mise en valeur

Il existe plusieurs étapes préalables à l’exploitation d’un gisement. Cela débute toujours par le travail d’un prospecteur qui trouve un indice. Par la suite, le chercheur vend sa découverte à une entreprise d’exploration qui déboursera pour effectuer les travaux de faisabilité.

« Pour Arianne Phosphate, par exemple, nous avons effectué 48 forages exploratoires avant d’être en mesure d’affirmer que la poche de phosphate renfermait des millions de tonnes de matériaux », explique Christian Tremblay.

L’entreprise d’exploration doit détenir les titres miniers (claims) du secteur à explorer. Ce permis délivré par le gouvernement doit continuellement être renouvelé. « La firme qui fait la demande de claims doit effectuer des travaux sur le territoire convoiter dans les deux premières années où la demande a été faite. L’entreprise doit fournir des résultats des travaux et ceux-ci sont rendus publics, sans quoi les titres miniers peuvent être révoqués. »

Suivre les indices

Présentement dans la région, mis à part le projet du Lac à Paul, un indice de nickel-cuivre-cobalt suscite une attention particulière dans le secteur du Lac Curé au sud du SLSJ. « L’indice révélait un certain potentiel puisque la SOQUEM, filiale d’Investissement Québec, a acheté la propriété minière aux prospecteurs qui ont fait la découverte. » Au nord, non loin du Lac à Paul, le projet Graal-Nourricier-Lac Suzanne détenu par l’entreprise Canada Silver Cobalt Works est également en cours avec un premier forage à 3000 mètres de profondeur pour déterminer la teneur de l’indice de nickel-cuivre-cobalt.

Des terres pas si rares

Ce qu’on appelle les terres rares, c’est en fait une famille de 17 éléments qu’on retrouve généralement amalgamés. L’intérêt de l’industrie découle du fait que ce sont des minéraux associés à la fabrication d’aimants puissants, d’alliages métalliques ou ferreux et de conducteurs électriques.

« Une mine, c’est toujours une anomalie dans l’écorce terrestre. C’est une matière qui se retrouve en grande concentration. Dans le cas des terres rares, la matière est présente partout, mais en faible quantité. Il faut donc déplacer beaucoup de sols pour récolter peu. Toutefois, ce n’est pas le seul enjeu. En effet, le samarium, le terbium et le néodyme ont tous des marchés différents, il faut donc les séparer. Le problème c’est que leur chimie est très similaire et il faut des équipements complexes pour réaliser le processus d’identification. Une technologie que peu de joueurs détiennent. Sur une note plus positive, le plus gros dépôt de terre rare non exploité au Québec se trouve sur les terrains de Niobec. S’il est rentable de l’exploiter ? La question demeure », conclut le chercheur.

 

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