Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Nos mines, une richesse à exploiter » publié dans notre édition du mois de mars.

SAINT-HONORÉ – La minière Niobec, propriété de Magris Resources, a investi massivement au cours des trois dernières années pour assurer la pérennité de ses infrastructures. En 2022, ce sont 50 M$ d’investissements qui sont prévus à son complexe de production de ferroniobium.

Niobec exploite, à Saint-Honoré, la seule mine en activité dans la région. Ses infrastructures incluent également une usine de concentration du minerai et une de production de ferroniobium. Près de 200 M$ ont été injectés dans leur modernisation au cours des trois dernières années. Selon le surintendant environnement de l’entreprise, Jean-François Boivin, il s’agit du plus gros investissement en capital dans la vie de la mine, démarrée en 1976. « Nous avons plus de 40 ans d’exploitation et il vient un moment où il faut faire des investissements plus importants pour assurer la pérennité des installations pour encore plusieurs années », explique-t-il.

Des travaux ont été réalisés pour le maintien des actifs, dont le chevalement et le puits. Quelque 60 M$ ont été réservés à des projets à caractère environnemental. Le plus important (45 M$) consistait en la construction d’une nouvelle usine de traitement d’eau de mine. « C’est une usine de désalinisation de l’eau de dénoyage de nos infrastructures, soit l’eau qui est pompée vers la surface. Le but, c’est de respecter les réglementations en vigueur et celles à venir. […] L’usine est en phase de démarrage. C’est même très bien avancé », précise M. Boivin.

Procédé unique

Mentionnons que le procédé de désalinisation implanté par la minière est unique en Amérique du Nord. Il combine deux filières de traitement, soit une unité d’osmose inverse à ultra haute pression suivie d’un évaporateur thermique à circulation forcée. Une fois traité, le sel naturel extrait est dirigé vers l’usine de remblai en pâte pour être mélangé aux résidus miniers et finalement être retourné sous terre. Quant à l’eau, une grande partie est récupérée pour être réutilisée dans les différents procédés. « Presque 80 % de cette eau est recirculée dans notre procédé de concentration du minerai. Le reste est retourné à l’environnement. »

Gestion des eaux

L’entreprise a investi également pour améliorer ses capacités de pompage et de rejet d’eau à l’effluent. « Nous cherchions à solidifier la gestion des crues, comme celles printanières ou automnales. Avec les changements climatiques, on vit des événements qui parfois sont intenses. Il faut que les infrastructures de rétention d’eau soient conçues pour gérer ces événements tout en s’assurant de conserver l’intégrité des digues. Ça prend des bassins robustes, mais aussi avec une capacité d’évacuer une certaine quantité d’eau en un certain laps de temps », indique le surintendant environnement.

Maintien des actifs

Au cours des prochaines années, les dépenses en capital seront plus modérées. En 2022, les investissements totaliseront 50 M$ et viseront surtout le maintien des actifs de la mine, dont les réserves calculées permettent d’entrevoir une poursuite des activités pour encore au moins une trentaine d’années. « C’est un calcul que nous renouvelons périodiquement pour voir les perspectives à long terme. »

Une partie des sommes seront aussi consacrées au développement de nouvelles façons d’améliorer les procédés. « Nous voulons valoriser la richesse que nous exploitons. Nous mettons en place des investissements pour augmenter la performance de notre procédé de concentration. C’est à plus petite échelle, c’est très spécialisé à l’intérieur du procédé, mais ce sont des investissements qui ont un potentiel de valeur ajoutée très élevé. »

Moteur économique

Niobec, qui emploie 529 personnes, est un moteur économique important pour la municipalité de Saint-Honoré et ses environs. Elle exploite annuellement 2,6 millions de tonnes de minerai pour produire environ 10 000 tonnes de ferroniobium. Celui-ci est utilisé par les aciéristes pour l’incorporer à leur mélange d’acier. Il confère en effet de plus grandes légèreté, force et résistance à la corrosion à l’acier qui le contient. Le niobium fait d’ailleurs partie des minéraux critiques et stratégiques.

Le complexe de Saint-Honoré est la seule mine de niobium souterraine au monde. Il fait d’ailleurs partie des trois principaux producteurs mondiaux de niobium, totalisant de 8 % à 10 % du marché. « Nous sommes le seul producteur hors Brésil. Ça permet à nos clients de s’assurer un approvisionnement dans un autre contexte géopolitique. Le Québec et le Canada sont des juridictions minières très intéressantes mondialement parlant », conclut M. Boivin.

Les terres rares

Niobec s’était intéressée, il y a quelques années, aux terres rares qui se trouvent sur ses terrains. L’entreprise ne prévoit toutefois pas, à court et moyen terme, mettre ce projet de l’avant. Le contexte, les investissements nécessaires, la complexité du développement de ce projet influent sur la décision de la minière. Même si la mine de niobium est en activité, il s’agirait d’un secteur minier complètement différent. Il faudrait donc repartir de zéro. « Ça prend des décennies parfois avant d’en arriver à un plan d’affaires qui tient la route, à une exploitation qui est soutenable. Ça représente un très gros risque. Ce n’est pas le même minéral, le même traitement, le même marché. C’est comme si on développait une nouvelle mine », affirme le surintendant environnement, Jean-François Boivin.

Pour lire les autres textes du cahier thématique:

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