N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Nos mines, une richesse à exploiter » publié dans notre édition du mois de mars.

SAGUENAY – La création d’une filière batterie pourrait se révéler intéressante pour le développement économique du Saguenay–Lac-Saint-Jean, selon Benoît Lafrance, directeur de la Table régionale de concertation minière (TRCM).

« Quand on regarde les substances qu’on a dans la région, les capacités de transformation et celles de transport d’énergie, la filière batterie, c’est quelque chose qu’on pourrait rêver de développer ici. Nous pourrions partir de la ressource et la transformer. C’est une vision à long terme », affirme-t-il.

Cette filière représente une industrie prometteuse, notamment en raison de l’essor des technologies et l’électrification des transports. Le gouvernement du Québec a d’ailleurs manifesté son intérêt pour le développement de cette industrie en lançant la Stratégie québécoise de développement de la filière batterie, qui couvre toute la chaîne, de l’exploitation minière au recyclage de ces produits. Des milliards d’investissements publics sont prévus en lien avec cette stratégie. Le moment est donc particulièrement propice pour s’intéresser à cette filière.

Un intérêt des minières

Deux entreprises ayant des propriétés minières dans la région, Arianne Phosphate et Niobay Metals, s’intéressent d’ailleurs à ces technologies. Arianne Phosphate, qui vise toujours le développement de son projet du Lac à Paul, a annoncé l’an dernier des essais afin de valider le potentiel de son concentré de phosphate pour les batteries lithium-fer-phosphate (LFP). Cette avenue pourrait lui permettre de sécuriser de nouveaux contrats d’approvisionnement, étape nécessaire à l’obtention du financement pour la construction de la mine. « Le marché des batteries LFP est en pleine croissance. Il devrait prendre une grosse part de marché dans les véhicules électriques au cours des prochaines années », indique Raphaël Gaudreault, chef des opérations d’Arianne Phosphate.

Selon lui, les batteries LFP sont intéressantes parce qu’elles peuvent accepter plusieurs cycles de charge et décharge. Elles peuvent ainsi avoir une durée de vie jusqu’à cinq fois supérieure par rapport à la batterie conventionnelle au lithium nickel-manganèse-cobalt. « L’autre avantage, c’est que c’est plus facile de s’approvisionner pour ces minéraux dans des endroits où les pratiques de minage et de transformation respectent l’environnement et les communautés. » Niobay Metals, qui travaille sur des technologies de batteries au niobium-métal, a décliné nos demandes d’entrevues. L’entreprise offrira toutefois une conférence sur le sujet à l’UQAC en avril.

Des atouts régionaux

Raphaël Gaudreault estime qu’il serait possible de développer une filière pour les batteries LFP, même si tous les minéraux nécessaires ne sont pas présents dans la région. « À proximité, sur la Côte-Nord, il y a de très grosses exploitations de fer. Du lithium, on en retrouve dans la région de Chibougamau, entre autres. Au Québec, on est capable de retrouver les trois matières premières pour ces batteries », explique-t-il.

Le chef des opérations d’Arianne Phosphate croit également que la transformation de ce type de batterie pourrait se faire dans la région. « Je pense que le site de Port de Saguenay peut être très intéressant pour faire de la transformation. Il y a un accès au port en eau profonde, de l’électricité, le chemin de fer et des terrains disponibles. Ce n’est pas du ressort d’Arianne Phosphate de développer ce créneau, mais je pense que la région pourrait être un bel endroit pour le faire, avec les matières premières à proximité, la main-d’œuvre qualifiée et l’aspect logistique qui est facile. »

Même si les projets miniers régionaux ne sont pas encore au stade de l’exploitation, le directeur de la TRCM, Benoît Lafrance, croit qu’il serait possible de développer la transformation en parallèle. « On pourrait aussi développer des produits de transformation avec un approvisionnement de l’extérieur pour quelques années », conclut-il.

 

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