Dossier: La rédaction d’Informe Affaires vous offre ce mois-ci un dossier spécial sur une société d’État qui a un formidable impact sur la vie des Québécois et qui constitue aussi le principal actif de notre richesse collective. Modèle d’affaires unique au monde, Hydro-Québec a un impact majeur sur l’économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Portrait de ce géant du monde de l’énergie.
SAGUENAY – La société Hydro-Québec a été fondée en 1944, au moment de la nationalisation des principaux producteurs d’électricité et de gaz du Québec par le gouvernement Godbout. Toutefois, c’est pendant les décennies 50 à 80 que HQ s’est développée, notamment en construisant des ouvrages titanesques de production d’électricité dans le nord du Québec. Entre 1996 et 2002, l’enjeu de la compétitivité pour les marchés d’exportation a amené HQ à réaliser la réorganisation de ses activités en quatre divisions : HQ Production, HQ Distribution, HQ Équipement et HQ TransÉnergie.
Aujourd’hui, après 75 ans d’évolution, la société produit et/ou gère quelque 200 TWh d’électricité (la production totale du Québec est de 212 TWh), compte quelque 18 000 employés (dont 800 dans la région – certains d’entre eux font du Fly-in Fly-out dans le Nord du Québec). Comme vous le constaterez dans les textes qui suivent, au-delà des ressources humaines, les quatre divisions de la société d’État ont un impact différent, mais très important sur l’économie de notre région.
Un changement de culture
La rédaction de ce dossier sur la société Hydro-Québec nous a donné l’opportunité des rencontrer plusieurs intervenants clés de l’entreprise. En tête de liste, David Murray, chef de l’exploitation de l’entreprise (COO) et président de la division Production chez HQ. La plupart nous ont parlé d’un changement de culture et d’un virage client chez Hydro-Québec.
Si elle s’avère, cette tendance sera certainement bénéfique pour les PME de la région, alors qu’on peut espérer que cette immense « machine » soit davantage à l’écoute de ses clients comme de ses nombreux fournisseurs au Saguenay–Lac-Saint-Jean, qui possèdent une expertise unique et recherchée. (Nos PME profitent de quelque 150 M$ d’achat annuellement de la part de HQ).
Une transition vers la domotique
David Murray, qui est également responsable de la planification stratégique, a abondamment parlé des développements futurs chez HQ, notamment de transition énergétique, d’électrification des transports, d’énergie photovoltaïque, d’accumulateurs d’énergie et de domotique. Selon le COO, les bâtiments et objets connectés, notamment pour la gestion de l’énergie, constitueront un des grands axes de développement d’Hydro-Québec au cours des prochaines années.
Tabler sur la fierté
Il a aussi indiqué que HQ, comme la plupart des entreprises de la région, fait face à d’importants enjeux de ressources humaines. Pour le numéro deux d’Hydro-Québec, une des pistes de solution pour le recrutement est de tabler sur la fierté d’appartenir à une organisation performante et innovante. « Il faut être fiers de nos couleurs », a-t-il lancé en expliquant que c’est ce que vivent quotidiennement les membres de l’équipe régionale d’HQ.
PRODUCTION D’ÉLECTRICITÉ AU QUÉBEC PAR SOURCE EN 2017
-Production électrique de toute provenance au Québec (Total 212TWh)
-Hydroélectricité 86 %
-Hydroélectricité (Provenant de production industrielle) 9 %
-Éolienne 3,8 %
-Biomasse* 0,2 %
-Diesel* 0,3 %
-Biomasse* (industriel) 0,5 %
-Solaire (industriel) 0,001 %
-TOTAL Autres 1,0 %
Source : Statistique Canada, 2018
Les grands projets du SLSJ ne manqueront pas de « jus »
SAGUENAY – François Tremblay est ingénieur Planification des réseaux régionaux à la Direction Planification de TransÉnergie. Il travaille à partir du bureau d’HQ de Chicoutimi.
Le rôle de sa division est d’assurer que la conception et la planification du réseau de transport haute tension répondent aux besoins des clients en respect des critères de fiabilité. Cette direction est composée majoritairement d’ingénieurs répartis à Montréal, Québec et Saguenay (quatre personnes à Saguenay). « En tant que planificateur du réseau de transport du Saguenay–Lac St-Jean, je suis responsable de déterminer les modifications requises au réseau de transport haute tension pour assurer une alimentation efficace pour les nouveaux clients dans la région. […] Il n’y aura pas de pas de problème de manque d’électricité dans les prochaines années, pas de problème de volume », assure François Tremblay en parlant des grands projets qui sont en développement au Saguenay–Lac-Saint-Jean, mais également à l’échelle du Québec.
Soutenir la demande
L’homme se fait donc rassurant pour l’approvisionnement des grands projets industriels en développement de la région. Sa certitude s’appuie sur l’utilisation d’outils performants de simulation informatique, conçus pour prévoir les besoins énergétiques ainsi que la stratégie de transport du précieux fluide. François Tremblay avance d’ailleurs que son équipe a développé plusieurs scénarios de raccordement électrique afin de répondre aux opportunités de développement du réseau régional des 15-20 prochaines années. Bien entendu, la priorité de ces pronostics est d’assurer que le réseau électrique d’Hydro Québec, incluant les approvisionnements, puisse répondre au besoin des
consommateurs et des entreprises
québécoises.
GNL, un cas particulier
François Tremblay explique que la stratégie d’approvisionnement et de branchement industriel est très bien maitrisée par les équipes dédiées à cet enjeu. Les projets de 5 MW ou moins constituent les cas de raccordement les plus simples. Ceux se situant en 5 MW et 25 MW doivent idéalement se situer près d’un poste de transformation pour que le coût du branchement soit raisonnable. Dans le cas particulier de la fonderie de Métaux BlackRock (80 MW, ce qui représente l’équivalent de la consommation de l’arrondissement de La Baie), une ligne de transport de 9,1 km devra être construite. Le dossier de GNL va demander une solution différente en termes d’équipements, en raison du volume de 500 MW requis pour opérer l’usine planifiée (l’équivalent de la consommation totale de Saguenay ou de celle d’une aluminerie).
« Ça bouge aussi au Lac »
Il demeure que le volume des demandes de branchements en cours et à venir est actuellement très important pour HQ, et ce, dans de nouveaux secteurs d’activité. « C’est la première fois qu’on a des demandes de la région qui proviennent d’autres grappes industrielles que celles que l’on connaît. […] Ça bouge aussi beaucoup au Lac, notamment avec le redémarrage de Norbord (8,5 MW). […] Le réseau de demain doit tenir compte de toute ces possibilités », assure François Tremblay.
En résumé :
Le réseau TransÉnergie constitue le plus vaste système de transport d’électricité en Amérique du nord
34 272 km de ligne haute tension (Sans compter les projets en cours)
533 postes électriques
17 interconnexions
Un actif de 21 G$ pour le Québec
Voir autre texte: Des contraintes liées aux grands partenariats d’affaires