ALMA – Un entrepreneur et un artiste liés par un même projet pourraient, à priori, avoir l’air de constituer un couple mal assorti. Mais si on y regarde de plus près, la relation entre les deux mondes semble receler un potentiel important pour toutes les parties impliquées. C’est en tout cas ce qu’a récemment prouvé l’artiste en performance Étienne Boulanger, dans le cadre de la réalisation de l’œuvre Polaris, installée en août dernier au carrefour giratoire du boulevard  Talbot à Chicoutimi.

L’artiste almatois est très fier de pouvoir dire qu’il s’est appuyé largement sur plusieurs entreprises régionales pour mener à bien ce qui représentait un défi technique et logistique important. Toutefois, pour celui qui est également enseignant en Art et techniques informatisées au Cégep d’Alma, ce n’est pas le premier projet qui fait largement appel à la participation étroites des entreprises. Avec ses complices du collectif d’artiste saguenéens Cédule 40, Étienne Boulanger  a déjà à son actif une dizaine de  réalisations. 

Un client non conventionnel

Dans le cas de l’œuvre Polaris, huit entreprises (Mageco LMG, JMY, Équipement Capital, GTR Soudure, Megawatt , Excavation JMG et Coffrage Rondo) ont été impliquées de la conception jusqu’à l’éclairage de cette création, dont le budget était de 235 000 $. Il s’agit du plus gros budget d’œuvre artistique de l’histoire de la région. Selon l’artiste, la complexité de fabrication, de manipulation et d’installation de Polaris ont amené quelques-uns de ces fournisseurs à se dépasser pour satisfaire un client dont les besoins étaient, disons, non conventionnels… 

C’est une des parties de projets qui  stimulent particulièrement Étienne Boulanger. « C’est un des meilleurs bouts de ma job. Les entrepreneurs sont toujours surpris de mes demandes, mais ils finissent par se prendre au jeu. J’ai une belle collaboration de la part des entrepreneurs et la relation que j’entretiens avec eux est vraiment le fun (…) Le langage qu’ils entendent de ma part est pas mal différent que celui auquel ils sont habitués », soutient Étienne Boulanger. 

Il explique par ailleurs que les travaux qu’il leur demande ont un rapport à l’esthétisme que ceux-ci n’ont pas coutume de rencontrer avec leurs autres mandats. L’artiste en performance explique également qu’une des choses que les équipes qui travaillent sur les projets trouvent intéressantes, particulièrement les gens qui travaillent le métal, c’est qu’ils peuvent apprécier le fruit de leur travail qui, habituellement, se retrouve couvert par d’autres matériaux lorsque le projet est complété. 

Un travail professionnel, validé par d’autres professionnels.

Les projets artistiques peuvent parfois laisser l’impression qu’ils sont faits sous l’inspiration du moment, sans préparation ou études préliminaires. Ce n’est certes pas le cas des œuvres réalisées par Étienne Boulanger. L’homme confirme que lorsqu’il présente un projet à un concours, quel qu’il soit, il s’assure que son devis tienne la route. Dans le cas de Polaris, le document de présentation comptait quelque 45 pages. Les dessins ont été validées par différents spécialistes dont une firme d’ingénierie. 

Malgré l’intervention de ces professionnels, le caractère unique de l’œuvre de plusieurs tonnes a demandé aux entrepreneurs impliqués d’innover et d’être créatifs dans leur approche. « Les entrepreneurs me nourrissent, notamment au niveau des méthodes de travail et de la connaissance des matériaux. (…) et eux, ça les change de leur quotidien (…) Les gens qui travaillent sur mes projets sont professionnels, généreux et fiers de ce qu’ils font », lance l’artiste en guise de conclusion.